L'ambassadrice américaine prêche le compromis au Liban

L’ambassadrice américaine au Liban, Dorothy C. Shea, a exhorté jeudi les leaders libanais à former un nouveau gouvernement. (Photo, AFP/Archives)
L’ambassadrice américaine au Liban, Dorothy C. Shea, a exhorté jeudi les leaders libanais à former un nouveau gouvernement. (Photo, AFP/Archives)
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Publié le Vendredi 26 mars 2021

L'ambassadrice américaine prêche le compromis au Liban

  • Dorothy C. Shea a appelé à «sauver le pays des multiples crises et des coups durs volontaires» auxquels il est confronté
  • Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a souligné la nécessité de former un gouvernement et de maintenir le Liban à l’écart de tous les conflits

BEYROUTH: L'ambassadrice américaine au Liban, Dorothy C. Shea, a exhorté jeudi les leaders libanais à former un nouveau gouvernement et à «sauver le pays des multiples crises et des coups durs volontaires» auxquels il est confronté.

Les politiciens libanais n’ont jusque-là pas été en mesure de s’entendre sur l’identité des futurs ministres, ni sur la distribution des portefeuilles. Le président Michel Aoun et le premier ministre désigné Saad Hariri se rejettent mutuellement la responsabilité au sujet de cette impasse.

La dispute dure depuis des mois, même si le Liban est aux prises avec la pandémie de la Covid-19, les effets néfastes de l'explosion meurtrière du port de Beyrouth, les troubles sociaux et les défis économiques.

Shea a rencontré Aoun jeudi, affirmant par la suite que l'importance et l'urgence de former un gouvernement engagé et capable de mettre en œuvre des réformes avaient été discutées avec le président libanais.

«Les États-Unis n'ont jamais cessé de réaffirmer leur engagement à aider et soutenir le peuple libanais. À l'heure actuelle, le Liban a vraiment besoin de leaders courageux, prêts à mettre de côté leurs divergences partisanes et à travailler ensemble en vue de sauver le pays des multiples crises et des coups durs volontaires» auxquels il est confronté. Je suis convaincu que vous pouvez le faire», déclare la diplomate.

S’adressant aux formations politiques, Shea estime que leurs revendications relatives à leur vision du gouvernement, la lutte contre la corruption et la tenue d'élections parlementaires, devraient être pour le moment «mises de côté».

«Concentrons-nous uniquement sur l’instant présent», insiste l'ambassadrice, «je sais que votre gouvernement, vos leaders essaient de former un gouvernement. Je m’adresse simplement et respectueusement à ceux qui imposent leurs revendications pour accepter de former le gouvernement dont votre peuple a désespérément besoin. Si ces exigences ont entravé jusque-là la formation d’un gouvernement, à ceux-là je demande: maintenant que nous sommes à près de huit mois sans un gouvernement aux pleins pouvoirs, n'est-ce pas le moment de laisser tomber ces revendications et commencer à faire des compromis? Plus que jamais, il faut se concentrer sur la formation d’un gouvernement et non sur le blocage de ce gouvernement. Merci à vous».

Les consultations entre Aoun et Hariri se sont heurtées à un mur en début de semaine. En plus de son insistance pour nommer les ministres chrétiens, Aoun réclame le tiers de blocage dans le futur exécutif. Hariri pour sa part refuse de céder le tiers de blocage et maintient le cap vers un gouvernement de technocrates indépendants.

Shea s’est exprimée avant sa rencontre avec Hariri. Une source proche du premier ministre désigné affirme cependant que sa déclaration pourrait être lue d’une autre manière.

«L'ambassadrice a précisé sa position au palais présidentiel de Baabda, et non après avoir rencontré Hariri», confie la même source à Arab News. «Par conséquent, son discours pourrait être dirigé contre Aoun, afin de souligner la nécessité de renoncer à sa demande du tiers de blocage. Dans tous les cas, si les choses se dirigent vers un compromis, soit, parce que la situation est absolument intolérable».

Dans son sermon de jeudi, le patriarche maronite Béchara Raï a pressé Hariri de préparer une «excellente» composition gouvernementale et de la soumettre au président.

Raï somme les deux hommes de s’entretenir avec «bonne foi et patriotisme» pour s'entendre sur de nouveaux noms et la répartition des portefeuilles dans le respect de l'égalité et sur la base de la constitution et du Pacte national. Ce dernier est un accord non écrit entre le président de l'époque Béchara El-Khoury et le premier ministre Riad Al-Solh, fondateur du Liban indépendant comme État multiconfessionnel.

Le sermon de Raï faisait suite à sa conversation téléphonique avec le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui a souligné la nécessité de former un gouvernement et de maintenir le Liban à l’écart de tous les conflits.

L'ancien député Farès Seaid a toutefois confié qu'il n'y aurait pas de percée politique avant le début des négociations américano-iraniennes.

«Ils tentent à présent de former un gouvernement selon les conditions du Hezbollah et avec l'aide des États-Unis», confie-t-il à Arab News. «En d'autres termes, ils essaient de trouver une solution provisoire pour passer le temps. Bien entendu, un tel arrangement saperait l'initiative française et ne servirait pas à ouvrir les portes saoudiennes à l'autorité libanaise. L'ambassadeur saoudien a clairement souligné la nécessité de mettre en œuvre les décisions alignées avec la légitimité internationale. Les Américains estiment qu’un gouvernement de compromis vaut mieux que le vide exécutif, à la lumière de l’effondrement dans lequel le Liban est en train de glisser».

Ces escarmouches surviennent au moment où les libanais sont préoccupés par les 75 tonnes d’oxygène que le président syrien Bachar Assad a cédé aux hôpitaux libanais par l’intermédiaire du ministre libanais de la Santé, Hamad Hassan, qui s’était rendu à Damas.

Ceux qui se sont opposés au don ont affirmé que les 75 tonnes seraient épuisées en trois semaines seulement dans un seul hôpital.

Souleiman Haroun, président du Syndicat des hôpitaux privés, précise qu'il n'était pas au courant d'une pénurie d'oxygène dans les hôpitaux, et que deux laboratoires au Liban le produisent.

Le directeur général du ministère israélien de la Santé, Hezi Levi, a évoqué jeudi la possibilité de doter les hôpitaux libanais de ventilateurs afin de traiter les patients atteints de la Covid-19.

Cette offre a cependant été accueillie par un concert de railleries sur les réseaux sociaux.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".