RIYAD: Au cours des dernières décennies, des investisseurs de Grèce et d'Arabie saoudite ont collaboré à un certain nombre de coentreprises, ce qui reflète le parcours positif de leur engagement aux niveaux politique et diplomatique.
Les exportations dans les deux sens de la Grèce vers l'Arabie saoudite ont joué un rôle remarquable dans l'épanouissement de leurs relations commerciales.
Considérés à travers le prisme de l'histoire, les liens multidimensionnels qui unissent aujourd'hui la Grèce et l'Arabie saoudite sont une continuation des relations gréco-arabes, qui remontent à des siècles. Pour preuve, il suffit de regarder les artefacts conservés au Musée d'histoire et d'archéologie de Riyad, y compris les pièces de monnaie grecques, ou drachmes, qui datent de plus de 2 000 ans.
D’une manière plus large, les influences savantes et architecturales de l’ancienne Grèce peuvent être observées à ce jour dans toute la région, de l'Europe, de la Méditerranée orientale et du Levant, jusqu’à la Mésopotamie, l'Iran et même l'Inde.
Grâce aux liens commerciaux et aux conquêtes de l'Antiquité, les idées hellénistiques se sont mélangées à celles des penseurs arabes puis musulmans dans tous les domaines, qu’il s’agisse de mathématiques, de la médecine, de l'astronomie et de la philosophie.
À l'époque, le monde arabe faisait le commerce de perles et de parfums rares. Aujourd'hui, le principal produit d'exportation de l'Arabie saoudite vers la Grèce est le pétrole brut, tandis que la Grèce est depuis longtemps un fournisseur de graines de coton, de métaux, de produits alimentaires tels que la margarine, les produits transformés, les noix ainsi que les fruits et les produits pharmaceutiques.
En 2020, les exportations grecques vers l'Arabie saoudite étaient évaluées à 339,04 millions de dollars (287,23 millions d’euros) tandis que ses importations en provenance du Royaume s'élevaient à 620,57 millions de dollars (525,74 millions d’euros), selon la base de données Comtrade de l'ONU sur le commerce international.
Les produits alimentaires ont toujours été une exportation grecque particulièrement populaire vers l'Arabie saoudite, mais peu de gens savent que la Grèce – qui abrite tant de merveilleuses pierres taillées antiques – est également un exportateur majeur de matériaux de construction comme l'acier, la pierre et le plâtre, entre autres.
Avec le secteur touristique en expansion de l’Arabie saoudite et sa population en plein essor, des pays comme la Grèce bénéficient de nombreuses opportunités commerciales pour partager leur expertise.
Les entreprises grecques participent activement au développement et à l'expansion des infrastructures du Royaume, alors que ce dernier tente d'atteindre ses objectifs de la Vision 2030, ce programme de réformes qui a pour objectif d’ouvrir l'Arabie saoudite au monde et de diversifier son économie en dehors du pétrole.
Lors du 4e forum du Future Investment Initiative (forum annuel sur l’investissement) qui s’est tenu à Riyad au mois de février dernier, le prince héritier Mohammed ben Salmane a annoncé une stratégie ambitieuse: doubler le nombre d’habitants de Riyad par rapport à sa population actuelle (environ 7,5 millions d'habitants) et en faire l'une des dix premières économies urbaines du monde d’ici à 2030.
Les urbanistes entendent concevoir une ville vivable et centrée sur l'homme, remplie d'espaces verts, d'installations de loisirs et d'un style de vie urbain qui soit de nature à attirer des professionnels talentueux du monde entier vers la plus grande ville du Moyen-Orient.
La même chose était vraie dans les années 1970, lorsque la ville, en plein essor, avait besoin des compétences d'un maître-urbaniste. Les autorités ont alors fait appel à Konstantinos Apostolos Doxiadis, un architecte et urbaniste qui avait travaillé sur plusieurs projets dans sa Grèce natale.
Alors que Riyad était connaissait une croissance économique et démographique alimentée par le pétrole, Doxiadis a expérimenté l'idée d'un système de réseau à l'américaine, toujours à l’œuvre aujourd'hui dans le quartier Al-Olaya.
Les responsables du gouvernement saoudien ont décrit la dernière «Renaissance de Riyad» comme faisant partie intégrante du succès plus large de la Vision 2030. Cela se traduit par davantage d'opportunités de développement d'infrastructures dans l'immobilier, le logement et le transport en commun pour les entreprises grecques spécialisées dans ces domaines.
L’un des plans les plus ambitieux de l’Arabie saoudite, au-delà de sa capitale, est la création de toutes les nouvelles stations balnéaires et de «villes intelligentes» – qui comprend le projet de la mer Rouge ainsi que Neom.
Le projet de la mer Rouge est une destination touristique régénératrice le long de la côte ouest de l'Arabie saoudite et constitue l'un des trois mégaprojets annoncés par le prince héritier au mois de juillet 2017.
La première phase du projet comprend seize hôtels qui offrent trois mille chambres sur cinq îles et deux stations balnéaires sur le continent. Les commerces de détail, les divertissements et d’autres installations commerciales seront également inclus dans la première phase.
Le projet de la mer Rouge, qui devrait s'achever en 2030, comprendra à terme cinquante hôtels avec huit mille chambres d'hôtel et environ mille trois cents logements, répartis sur vingt-deux îles. Un port de plaisance, des centres de divertissement et un aéroport international, ainsi que des installations publiques et logistiques, compteront parmi les attractions.
Neom, situé au nord-ouest de l'Arabie saoudite, est en cours de construction, avec un investissement total de 500 milliards de dollars (423 milliards d’euros). L'objectif est d'en faire un centre mondial de technologie et d'innovation avec des communautés hyperconnectées. Ces dernières vivront et travailleront dans un écosystème écologiquement durable qui ne polluera pas davantage la planète.
L'expertise grecque en matière de construction et de structures intelligentes sera probablement utilisée dans la mise en œuvre de ces mégaprojets saoudiens. Parmi les leaders de l'industrie de la construction qui ont déjà collaboré étroitement avec le Royaume figure Salfo and Associates SA, située à Athènes.
Fondée en 1994, Salfo s'occupe de services de conseil internationaux et de projets d'infrastructure. Cette société possède des bureaux à Chypre, aux Émirats arabes unis, au Qatar, à Oman et en Europe de l'Est, ainsi qu'une succursale en Arabie saoudite.
Le Royaume a engagé Salfo pour concevoir des parkings intelligents dans ses villes en utilisant les dernières technologies de stationnement et de paiement.
Sete Energy Saudia for Industrial Projects Ltd. – Sete Saudia, en abrégé – s’impose comme un autre acteur majeur. Il a commencé à fonctionner dans le Royaume il y a environ quarante ans sous le nom de Petrola International.
L'entreprise, créée en Grèce, a vu le jour dans les années 1940 en tant que société de transport et de commerce. Après avoir développé une forte présence dans la région occidentale de l’Arabie saoudite, elle s’est étendue au pétrole et au gaz, ainsi qu’aux projets de génie civil, à l’immobilier et au traitement de l’eau.
Au fil des décennies, Sete Saudia a réalisé des projets pour le réseau de transport en commun du Royaume, qui dessert les millions de pèlerins qui se rendent chaque année à La Mecque et à Médine.
En 1985, Sete Saudia a conçu et construit l'emblématique fontaine de Djeddah – la plus haute de ce genre au monde –, qui projette un jet d'eau de 312 mètres dans les airs à la vitesse de 375 kilomètres par heure.
«De toutes nos réalisations dans le Royaume au cours des trente dernières années, la fontaine de Djeddah est certainement celle que l’on voit le plus», confie Richard Bacos en 2005, alors qu’il était président des services techniques de la société, dans une interview à Arab News. «Cela nous rend très fiers chaque jour de chaque mois de chaque année.»
La fontaine demeure un monument impressionnant qui célèbre à Djeddah l'amitié gréco-saoudienne.
Le PDG de Sete Saudia, Marlon Saab, a déclaré que sa société était en train de réaliser de nombreux projets collectifs dans le Royaume, notamment le développement de logements communautaires, la construction de marinas et la rénovation d'installations de traitement des eaux.
«À un moment où le Royaume diversifie son économie avec la Vision 2030, il existe des opportunités de croissance dans plusieurs secteurs», indique-t-il à Arab News, avant de déclarer: «Nous espérons faire partie de la population et de l’économie de ce grand pays pour les décennies à venir.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur ArabNews.com