LONDRES: Le ministère britannique de l'Intérieur est accusé de placer les vulnérables demandeurs d'asile dans des logements sordides, sans préavis et sans argent, parfois pendant des semaines.
Le ministère de l'Intérieur a «accéléré» le mois dernier le transfert de 9 500 demandeurs d'asile des hôtels du pays vers des logements désignés, mais beaucoup disent que les conditions ne sont pas propices à l'habitation humaine et qu'ils ont été forcés d'attendre des semaines pour vivre.
Des organismes caritatifs déplorent les «cafouillages» de l'opération Oak, et affirment que les gens sont déplacées à plusieurs reprises, et que les mesures sanitaires relatives à la Covid-19 ne sont pas respectées par les contracteurs privés qui effectuent des travaux.
Un homme kurde raconte à The Independent que sa famille a été informée à 20 heures d’un déménagement prévu pour le lendemain matin. De Londres, ils ont été transportés à Birmingham avant d'être transférés à Ipswich.
«La puanteur est ce qui nous a frappé le plus quand nous sommes entrés. Dans la cuisine, les murs et la cuisinière étaient couverte de graisse, et les placards tenaient à peine. Les toilettes étaient dégoûtantes. Le radiateur ne fonctionnait pas», dit-il. Il ajoute qu’on lui avait promis des réparations «d’ici 25 jours», une promesse restée lettre morte.
The Independent a divulgué l’existence de plaintes au sujet des conditions sordides à Liverpool et à Cardiff, et que les rapports qui font état de personnes déplacées à plusieurs reprises sont très fréquents.
Les organismes humanitaires ont sonné l’alerte sur les retards dans l'aide financière payable aux demandeurs d'asile. Refugee Action mentionne que 26 personnes, dont une mère et son nouveau-né, ont été déplacées récemment sans pour autant obtenir une assistance financière.
Leyla Williams, directrice adjointe du centre communautaire West London Welcome, explique que ces circonstances peuvent occasionner une intense détresse pour de nombreux demandeurs d'asile.
«Ces victimes potentielles de la traite et de l'esclavage moderne sont censées monter dans des voitures dont le conducteur refuse de préciser la destination. Les enfants sont retirés de leurs communautés et de leurs écoles sans préavis. Leurs enseignants et leurs amis se demandent ce qui leur est arrivé», a-t-elle ajouté.
«Les gens ne sont pas testés pour la Covid-19 avant d'être transférés dans un logement partagé, et les restrictions de voyage en cas de pandémie ne semblent s’appliquer au ministère de l'Intérieur. À leur arrivée, les gens sont choqués de se retrouver dans un logement délabré», se désole la directrice.
Le ministre britannique de l'Immigration, Kevin Foster, rappelle que «le gouvernement a l'obligation légale de fournir un logement aux demandeurs d'asile démunis. Nous avons fourni des logements gratuits, sûrs et sécurisés tout au long de la pandémie».
Jenni Halliday, directrice des contrats d'hébergement des demandeurs d’asile à Serco, l'un des plus grands entrepreneurs privés, assure à The Independent que ses «équipes sont dépêchées dans les délais prescrits pour régler les problèmes, et je suis fière de leur travail et du professionnalisme dont elles font preuve dans ces temps difficiles».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com