WASHINGTON: Moins de deux semaines après avoir signé le gigantesque plan de sauvetage de 1 900 milliards de dollars, Joe Biden pourrait examiner dès cette semaine une proposition d'investissements de quelque 3 000 milliards dont une partie dans les infrastructures pour stimuler l'économie et réduire les émissions de CO2.
Le président démocrate a toujours indiqué qu'après des mesures d'urgence, de vastes investissements seraient nécessaires pour favoriser une croissance durable et s'attaquer aux problèmes environnementaux.
Les conseillers économiques du président américain s'apprêteraient ainsi à recommander de dépenser «jusqu'à 3 000 milliards de dollars», selon le New York Times qui cite des sources informées du dossier.
«Après des mois de débat interne, les conseillers de M. Biden devraient présenter cette semaine au président une proposition recommandant de découper son programme économique en plusieurs pièces législatives distinctes, plutôt que d'essayer de faire passer un paquet gigantesque au Congrès, selon des personnes ayant connaissance du projet», écrit le quotidien.
La porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki a indiqué dans un tweet lundi soir qu'en élaborant un nouveau plan, l'administration Biden «se concentrera sur les emplois et la manière d'améliorer la vie des Américains».
Selon elle, Joe Biden «étudie une panoplie d'options», il passe en revue des plans ayant des objectifs et des tailles différentes. Il «discutera avec son équipe dans les jours à venir, mais les spéculations sont prématurées, étant donné que @POTUS (le président des Etats-Unis) n'a pas l’intention de donner plus de détails cette semaine», a-t-elle ajouté.
De leurs côtés, CNN et le Washington Post avancent que les investissements seraient divisés en deux parties.
L'une serait axée sur l'infrastructure et l'autre sur d'autres priorités nationales, telles que la maternelle pour tous (de nombreuses écoles publiques n'accueillent les enfants qu'à partir de 5 ans) ou des frais de scolarité gratuits «dans les universités communautaires».
Réformer le code des impôts
Plus tôt, Jen Psaki avait indiqué dans une déclaration écrite que le président Biden et son équipe envisageaient aussi de réformer le code des impôts «afin qu'il récompense le travail et non la richesse».
«Ces discussions sont en cours, donc toute spéculation sur les futures propositions économiques est prématurée et ne reflète pas la pensée de la Maison Blanche», avait-elle ajouté.
Pendant sa campagne, Joe Biden avait lui-même évoqué un plan pluriannuel d'investissement de 2 300 milliards de dollars.
Au Congrès, démocrates et républicains ont d'ores et déjà commencé leurs tractations en coulisses.
Pour l'heure, les républicains sont farouchement opposés à un plan coûteux qui alourdirait encore la dette des Etats-Unis.
La semaine dernière, les deux partis ont commencé à échanger des joutes verbales.
«Je pense que le cheval de Troie s'appellera "infrastructures". Mais dans ce cheval de Troie se cacheront toutes les hausses d'impôts», a ainsi déclaré le chef de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell.
Les démocrates, eux, ont laissé entendre qu'ils pourraient opter pour une procédure leur permettant de ne compter que sur leur majorité simple au Sénat, en contournant un possible blocage républicain, comme pour le plan de sauvetage qui a été adopté sans aucune voix républicaine.
Effet à long terme
«3 000 milliards de dollars, c'est beaucoup d'argent d'autant que cela intervient après des plans de relance qui ont totalisé près de 6 000 milliards de dollars» en un an, souligne Gregory Daco, économiste chez Oxford Economics.
«Mais la différence fondamentale, c'est que les mesures d'urgence, dont les chèques aux familles, ont un effet ponctuel alors que des investissements dans les infrastructures ont pour objectif de promouvoir une croissance sur le long terme», explique-t-il.
En outre, financer ce nouveau plan par une hausse des impôts pour les plus riches et sur les entreprises pourrait permettre d'obtenir une adhésion de la frange des démocrates hostiles à un creusement de la dette et du déficit des Etats-Unis.
«On ouvre les hostilités à 3 000 milliards de dollars et on descendra à 2 000 milliards», opine également Gregory Daco.
De leur côté, les entreprises ont commencé leur travail de lobbying. Ainsi une coalition de plus de 140 groupes dirigés par la Chambre de commerce américaine et le Bipartisan Policy Center a récemment exhorté les législateurs à voter un projet de loi avec comme échéance symbolique le 4 juillet, date de la fête nationale.
Mais ils ne veulent pas entendre parler d'une hausse des impôts sur les sociétés.
Fin 2018, l'administration Trump avait abaissé au contraire les impôts sur les sociétés arguant qu'elles dégageraient des marges pour embaucher.