Le Conseil français du culte musulman dans une forte tourmente

Mohammed Moussaoui (4eG), président du Conseil français du culte musulman (CFCM) remet au recteur de la grande mosquée de Paris la «charte de principes» après l'avoir signée aux côtés d’ Emmanuel Macron (C), le 18 janvier 2021 à l'Elysée (Photo, AFP).
Mohammed Moussaoui (4eG), président du Conseil français du culte musulman (CFCM) remet au recteur de la grande mosquée de Paris la «charte de principes» après l'avoir signée aux côtés d’ Emmanuel Macron (C), le 18 janvier 2021 à l'Elysée (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 23 mars 2021

Le Conseil français du culte musulman dans une forte tourmente

  • M. Moussaoui plaide pour la mise en place «d'assises départementales» qui permettraient aux musulmans de décider de leur «mode de gouvernance», via des «conseils départementaux»
  • Avec les derniers rebondissements du CFCM, «c'est la paralysie totale des chantiers de l'islam de France»

PARIS : Le Conseil français du culte musulman (CFCM) est secoué par de sérieux différends internes, qui risquent de faire «imploser» cet interlocuteur privilégié des pouvoirs publics chargé notamment d'installer un Conseil national des imams, chantier voulu par Emmanuel Macron.

Gérald Darmanin doit recevoir «dans les prochains jours» son président Mohammed Moussaoui et plusieurs responsables de fédérations, a affirmé l'entourage du ministre de l'Intérieur, mais ni les modalités (ensemble ou séparément) ni la date n'étaient encore fixées lundi après-midi.

Dimanche, quatre des neuf fédérations du CFCM ont annoncé qu'elles allaient mettre en place une nouvelle instance -  «une coordination» -, avec pour objectif de réfléchir à «la refondation de la représentation du culte musulman en France».

Ces fédérations - la Grande Mosquée de Paris, du Rassemblement des Musulmans de France, de Musulmans de France et de la Fédération Française des Associations Islamiques d’Afrique, des Comores et des Antilles (FFAIACA) - avaient déjà quitté le bureau exécutif du CFCM mercredi soir, après un différend sur la tenue d'une réunion dans la journée. 

Une nouvelle étape franchie, donc, immédiatement dénoncée par Mohammed Moussaoui, président du CFCM depuis janvier 2020, qui accuse les quatre fédérations dissidentes de vouloir «paralyser le CFCM».

Au cœur du conflit: le refus, en janvier, de trois autres fédérations dont les deux turques - le Millî Görüs et le CCMTF-,  de signer la «Charte des principes pour l'islam de France», texte poussé par Emmanuel Macron dans sa lutte contre le séparatisme et qui réaffirme la «compatibilité» de la foi musulmane avec la République.

Selon les quatre fédérations dissidentes, emmenées par le recteur de la Mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz, les réunions du CFCM ne peuvent plus se tenir avec les fédérations non signataires de la Charte. M. Moussaoui argue de son obligation de faire avancer les dossiers de cette instance, le tout dans la légalité statutaire.

 «Risque d'éclatement» 

Depuis sa création en 2003, la gouvernance du CFCM est régulièrement minée par des différends internes entre les fédérations qui le composent et qui restent très proches des pays d'origine des communautés (Maroc, Algérie, Turquie...). En outre, l'inimitié entre M. Moussaoui (fédération proche du Maroc) et M. Hafiz (proche de l'Algérie) est de notoriété publique.

«Est-ce qu'au-delà des sempiternelles rivalités, le temps des fédérations est terminé ?», s'interroge Franck Frégosi, directeur de recherche au CNRS. «Ce qui se profile», c'est une «implosion» du CFCM, dit-il tandis qu'une source proche du dossier évoque un «risque d'éclatement».

«On est arrivés au bout de quelque chose», «il faut que cette instance représentative évolue», concède l'entourage du ministre de l'Intérieur, pour lequel la seule «ligne de fracture» désormais réside dans la signature (ou non) de la Charte.

«Nous continuons à parler aux uns et aux autres», a-t-on ajouté. «On attend leurs propositions» et «nous créerons les conditions d'un dialogue».

Le ministère préconise aussi une réflexion pour inclure «le niveau local», notamment avec les responsables de mosquées indépendantes du CFCM. Sont ainsi visés Kamel Kabtane, recteur de la mosquée de Lyon, ou encore Tareq Oubrou, imam de la mosquée de Bordeaux, qui «ont une vision théologique structurée et audacieuse».

M. Moussaoui plaide pour la mise en place «d'assises départementales» qui permettraient aux musulmans de décider de leur «mode de gouvernance», via des «conseils départementaux».

Selon une source proche du dossier, une réflexion est en cours pour que se tiennent des assises organisées par les préfets.

En attendant, c'est la mise sur pied du futur Conseil national des imams (CNI), présentée à grand coup de communication en novembre par l'Elysée dans le cadre de la lutte contre l'islam radical et les «séparatismes», qui est reportée. Cette structure est censée délivrer un agrément aux futurs imams, en fonction de leurs connaissances religieuses et leurs compétences pédagogiques.

Mais avec les derniers rebondissements du CFCM, «c'est la paralysie totale des chantiers de l'islam de France», souligne une source proche du dossier.

«C'est normal que ça prenne du temps», affirme l'entourage du ministre.


La manifestation de soutien à Le Pen "n'est pas un coup de force", dit Bardella

La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
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  • « Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française.
  • « Cela nous semblait nécessaire que nous puissions nous exprimer directement aux Français.

STRASBOURG : La manifestation de soutien à Marine Le Pen prévue dimanche à Paris « n'est pas un coup de force », mais une mobilisation « pour la démocratie », a assuré mercredi Jordan Bardella, président du Rassemblement national, à des journalistes au Parlement européen à Strasbourg.

« Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française. C'est une mobilisation en réalité, non pas contre, mais pour la démocratie française », a déclaré l'eurodéputé au sujet de ce rassemblement annoncé par le RN après la condamnation de la triple candidate à la présidentielle à une peine d'inéligibilité immédiate.

« Cela nous semblait nécessaire (...) que nous puissions nous exprimer directement aux Français par l'intermédiaire de ces discours qui seront prononcés dimanche avec l'ensemble de nos cadres, de nos parlementaires et de nos militants », a-t-il ajouté.

Cette condamnation, que le RN qualifie de « scandale démocratique », compromet grandement ses chances de concourir une quatrième fois à la fonction suprême en 2027.

Pour Jordan Bardella, cela ne change « absolument rien » à sa relation avec Marine Le Pen, « si ce n'est qu'elle est peut-être encore plus forte qu'elle ne l'a été par le passé ».

« Je suis à ses côtés, je vais continuer à l'être (...) Nous allons évidemment mener le combat », a assuré l'eurodéputé qui faisait son retour au Parlement européen après avoir manqué les deux premiers jours de la session.

Il a qualifié de « bonne nouvelle » l'annonce de la justice qu'une décision en appel devrait être rendue « à l'été 2026 », donc bien avant la présidentielle.


Condamnation de Marine Le Pen: Macron rappelle au gouvernement l'indépendance de la justice

Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés
  • Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours ».

PARIS : Mercredi en Conseil des ministres, le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés, après la condamnation de la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen qui a suscité des attaques contre les juges, ont rapporté des participants.

Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours », selon ces sources. La justice a déjà fait savoir qu'un nouveau procès en appel pourrait se tenir dans des délais qui laissent une porte ouverte à une éventuelle candidature présidentielle en 2027 de la leader du Rassemblement national (RN), principale formation d'extrême droite française. 

Devant la presse, à l'issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas a rapporté mercredi les propos du chef de l'État.

« La première chose qu'il a rappelée, a poursuivi Mme Primas, est que la justice est évidemment indépendante et prend ses décisions en toute indépendance, et qu'il faut donc la respecter comme l'un des piliers de notre démocratie. La première, a-t-elle dit, est que la justice est indépendante et qu'elle prend ses décisions en toute indépendance et qu'il faut donc la respecter comme un pilier de notre démocratie.

« La troisième chose, pour rappeler que les menaces qui sont faites à l'encontre des magistrats sont absolument insupportables et intolérables, puisque nous sommes encore une fois dans une démocratie. Et la justice est tout à fait indépendante et doit être respectée », a-t-elle ajouté.

« Et la troisième chose, pour rappeler que chacun a le droit à une justice équivalente et que le droit est le même pour tous. »


Bac: l'épreuve de maths en première se précise pour l'an prochain

La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
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  • Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté
  • L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première,

PARIS : Le projet d'épreuve de mathématiques en classe de première pour l'an prochain, qui vise à mettre en œuvre le « choc des savoirs » annoncé par l'ex-ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal, a été présenté mardi devant une instance consultative de l'Éducation nationale, étape-clé avant sa publication.

Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté instaurant cette « épreuve terminale de culture mathématique aux baccalauréats général et technologique ».

Ils ont recueilli 0 voix pour, 27 contre, 31 abstentions et 4 refus de prendre part au vote (l'administration ne votant pas dans cette instance), un vote indicatif qui n'empêche pas la mise en œuvre de la réforme, selon des sources syndicales.

Cette épreuve écrite d'une durée de deux heures, qui entrera en vigueur au printemps 2026, sera « affectée d'un coefficient 2 » (points pris sur l’épreuve du Grand oral en terminale), selon ces textes, consultés par l'AFP.

L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première, un projet confirmé en novembre 2024 par sa successeure, Anne Genetet.

Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges et lycées), qualifie auprès de l'AFP la mesure de « rafistolage supplémentaire du bac Blanquer », décidé en 2019 par l'ex-ministre Jean-Michel Blanquer.

Pour Jérôme Fournier, secrétaire national du SE Unsa, la nouvelle épreuve « alourdit la fin de l'année pour les élèves et les correcteurs ».

La première partie, qui est commune à tous les élèves, sera sous forme de QCM et pourrait être corrigée automatiquement, ce à quoi « de nombreuses organisations syndicales sont opposées », a-t-il ajouté, tandis que la deuxième partie devrait consister en des résolutions de problèmes.

Des projets de textes ont par ailleurs été votés au CSE relatif à « la mise en place du +parcours renforcé+ en classe de seconde générale et technologique » ou professionnelle à partir de la rentrée 2026, avec trois votes pour, 45 contre et 13 abstentions.

Mis en place par la ministre Élisabeth Borne, ce parcours est destiné aux élèves n’ayant pas obtenu le diplôme du brevet. Son organisation relèvera « de l’autonomie de l’établissement sur la base indicative de deux heures hebdomadaires sur tout ou partie de l’année », selon le projet d'arrêté.

Sophie Vénétitay déplore « une coquille vide » tandis que Tristan Brams (CFDT Éducation) regrette l'absence de « moyens supplémentaires ».