AMMAN: Le président palestinien Mahmoud Abbas a eu recours à la sagesse populaire arabe afin de mettre un terme aux tentatives d’ingérence des Israéliens dans les élections palestiniennes.
Jibril Rajoub, le secrétaire du mouvement Fatah, affirme que le chef du Service de sécurité intérieure israélien ou Shabak, Nadav Argaman, a tenté d’empêcher la création d’une liste commune avec le Hamas.
«Il s’est présenté au palais présidentiel palestinien et nous menacés un par un», confie Rajoub à la télévision palestinienne. Argaman, accompagné d'un individu américain, disait porter un message de la part du premier ministre israélien. Des sources palestiniennes croient le compagnon du responsable fait partie du service de renseignement américain.
En guise de réponse, Abbas aurait lancé à Argaman, qui parle couramment l'arabe, le proverbe arabe: «Buvez votre café et que Dieu soit avec vous», une manière polie de l’éconduire.
Lina Haddad, spécialiste des proverbes arabes, explique que les gens ont recours aux proverbes pour exprimer indirectement un message ferme.
Son message signifie que «je suis gentil avec vous et je vous sers du café puisque vous êtes mon invité, mais qu’il ne faudrait abuser pas de son hospitalité", explique Haddad à Arab News.
Rajoub a vivement critiqué le patron d'Argaman, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le disant «pire que Mussolini».
L'idée d'une liste conjointe Fatah-Hamas a été évoquée pour la première fois en 2020, lors des pourparlers entre Rajoub et le chef adjoint du Hamas, Saleh Aruri, à Istamboul.
Le Hamas, qui avait accepté de ne pas se présenter aux élections présidentielles, autorise alors la tenue de scrutins législatifs deux mois avant les élections présidentielles.
L'ancien membre du comité central du Fatah, Naser Al-Qudwa, a émis un communiqué dans lequel il s’oppose fermement à une liste commune. «Antidémocratique», il insiste qu'elle porte les empreintes «des intérêts personnels au détriment du peuple».
Al-Qudwa a fondé depuis l'Assemblée démocratique palestinienne, et il envisage de se présenter sur une liste de Palestiniens indépendants, non affiliée au Fatah. Abbas a ordonné l’expulsion d’Al-Qudwa des rangs du Fatah et de la direction de la Fondation Yasser Arafat.
Mohammad Daraghmeh, un journaliste palestinien chevronné, confie à Arab News que la liste commune se heurte à de nombreux obstacles, car le Hamas réclame le même nombre de sièges que le Fatah. Selon lui, le chef de la sécurité israélienne aurait menacé d'arrêter les élections, et aurait émis un avertissement au sujet des Palestiniens qui tentent de poursuivre des Israéliens pour crimes de guerre.
Fadi Elasalameen, haut responsable du projet de sécurité américain, dit à Arab News qu'il n’est pas surpris qu'Israël ne veuille pas du Hamas en Cisjordanie. «Mais j'ai du mal à croire qu'Abbas, entièrement tributaire de la sécurité israélienne pour rester au pouvoir en Cisjordanie, prenne ce ton avec le chef israélien du Shabak. Nous sommes en pleine saison électorale, Abbas peut donc se permettre de bomber un peu le torse».
Trois listes, dont celle du Front démocratique pour la Palestine, se sont officiellement inscrites aux élections, prévues pour le 31 mars.
Salam Fayyad, Al-Qudwa et d'autres n'ont pas encore déroulé leurs listes. Des efforts sont en cours pour réunir les factions palestiniennes de gauche en une seule liste.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com