Une prime Covid pour les bas salaires, floue selon deux économistes

Le Premier ministre Jean Castex fait le point sur la situation de l’épidémie en France, le 18 mars (Photo, AFP).
Le Premier ministre Jean Castex fait le point sur la situation de l’épidémie en France, le 18 mars (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Dimanche 21 mars 2021

Une prime Covid pour les bas salaires, floue selon deux économistes

  • Le gouvernement a annoncé que les entreprises pourraient à nouveau verser en 2021 une prime défiscalisée et exonérée de cotisations sociales d'un montant maximum de 1 000 euros à tous les salariés
  • Sont visés en priorité ceux dits de deuxième ligne qui touchent les plus bas salaires et dont la présence sur le terrain est indispensable en plein reconfinement

PARIS: Beaucoup des travailleurs de la deuxième ligne, surexposés à la pandémie, ne verront pas la couleur de la prime prévue pour les bas salaires, estiment les économistes Julie Valentin et François-Xavier Devetter dans un entretien.

« Il y a un large consensus pour admettre que ces travailleurs devraient être payés plus mais au moment de sortir la somme individuellement, on risque de relativiser le travail qui est fait », juge François-Xavier Devetter, qui vient de cosigner avec Julie Valentin un livre sur « l'avenir des métiers du nettoyage dans une société juste » (Deux millions de travailleurs et des poussières, Les petits matins, 2021).

Le gouvernement a annoncé lundi que les entreprises pourraient, comme en 2019 et 2020, à nouveau verser en 2021 une prime défiscalisée et exonérée de cotisations sociales d'un montant maximum de 1 000 euros à tous les salariés. Sont visés en priorité ceux dits de deuxième ligne qui touchent les plus bas salaires et dont la présence sur le terrain est indispensable en plein reconfinement dans seize départements dont l'Ile-de-France.

Selon Devetter, ils représentent « de 3 à 5 millions de salariés » parmi lesquels les travailleurs du bâtiment et les chauffeurs-livreurs, « des métiers très masculins », ceux du commerce et l'ensemble des métiers liés au nettoyage et à l'aide à domicile, « qui sont féminisés ». « Tous ces métiers sont à des niveaux de rémunération faibles, le plus souvent en-dessous de 1,2 SMIC mensuel. Les métiers féminisés ont en outre des temps de travail réduits. »

« Rien ne se fait sans eux »

L'épidémie de Covid-19 a révélé que « rien ne se fait sans eux » et « jeté un éclairage très fort sur la faiblesse de leur rémunération. Non seulement, ils sont exposés mais ils sont à moins de 1 000 euros mensuels : c'était flagrant pour les aides à domicile ».

"La crise a montré aussi la dilution des employeurs, des donneurs d'ordre. Avec l'externalisation, il y a de plus en plus d'intermédiaires entre la personne qui travaille et tout le reste. Avec la Covid, cela se voit quand on cherche qui doit procurer par exemple les équipements de protection. »

Pour cette enseignante-chercheuse à Paris-1, la prime annoncée lundi et laissée à l'appréciation des employeurs pose problème. « Des gens pourraient ne pas en avoir du tout. Ceux qui sont multi-employeurs, à qui vont-ils la demander ? L'employeur renverra vers le donneur d'ordre ». 

Pour Julie Valentin, « c'est une prime pensée pour des travailleurs à plein temps avec un employeur unique, pensée pour un travail typique qui n'est pas celui des salariés auxquels elle s'adresse ». 

Parmi les pistes de revalorisation de ces professions, « il faut repenser le décompte du temps de travail », insiste-t-elle. « Il n'y a pas de prise en compte du passage d'une mission à une autre, du temps de récupération, du temps de concertation pour les aides à domicile. »

« Le temps d'intervention des aides à domicile chez les personnes est qualifié de temps productif. Comme la tarification est majoritairement horaire, ce sont ces temps productifs qui sont payés, les autres temps non, ou très peu », explique François-Xavier Devetter, de l'université de Lille. « Une demi-journée commencée doit être une demi-journée payée. Cela existe dans certaines conventions collectives un peu plus protectrices (arts et spectacles, audiovisuel). » 

Pour Devetter, « on fait venir quelqu'un pour faire un travail et c'est ce travail global qui doit être payé. C'est une manière de remettre l'employeur face à ses responsabilités » « Il faut aller vers une reconfiguration plus large de ces professions pour les déspécialiser. »


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
Short Url
  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Short Url
  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Short Url
  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".