BEYROUTH: Des femmes sont descendues dans la rue samedi après-midi à la veille de la fête des mères, malgré les avertissements des médecins sur le risque imminent de propagation du coronavirus.
La colère des mères face à la situation actuelle, qui a poussé toute une génération de jeunes à émigrer et qui a poussé des dizaines de personnes à manifester.
Un groupe de ces mères s'est réuni dans le quartier de Bechara Al Khoury à Beyrouth et s'est rendu au centre-ville de Beyrouth ainsi qu’au port, site de l'explosion il y a sept mois.
Elles portaient des masques faciaux et brandissaient des drapeaux libanais et des pancartes.
Les mères ont pleuré et crié des slogans, exigeant le départ des politiciens.
Les manifestations ont eu lieu pendant que des dizaines de pots de fleurs, enveloppés dans du papier brillant coloré, étaient étalés samedi devant les magasins de fleurs de Beyrouth et de sa banlieue. Parmi leurs feuilles figuraient des affiches indiquant leur prix de 40 000 livres libanaises (26 dollars).
La devanture des boulangeries et des pâtisseries était remplie de gâteaux dont les prix allaient de 50 000 à 150 000 livres libanaises.
La fête des mères, dimanche au Liban, coïncide avec le début du printemps. Les Libanais dépensent traditionnellement avec générosité pour acheter des cadeaux pour leurs mères ou leurs épouses.
Mais les célébrations de cette année sont complètement différentes. Par rapport à la situation des années précédentes, il n'y a pratiquement pas de clients dans les magasins de vêtements et de parfums des principaux centres commerciaux.
Les prix, comme l'a confirmé Mme Samar, « sont extrêmement élevés et surtout pour celles qui reçoivent leur salaire en livres libanaises. Elles peuvent à peine acheter de la nourriture et du lait pour bébé, si elles peuvent les trouver, alors comment puis-je acheter une veste pour ma mère dont le prix est le double de mon salaire? Ou comment lui acheter un flacon de parfum dont le prix est supérieur à 1,5 million de livres libanaises? »
Le dollar a poursuivi sa baisse samedi, s'échangeant entre 10 100 et 11 000 livres libanaises.
Le pays attend le résultat de la rencontre entre le président Michel Aoun et le Premier ministre désigné Saad Hariri lundi, mais les attentes sont peu encourageantes.
Après avoir rencontré samedi le président Michel Aoun, le chef du Parti socialiste progressiste libanais, Walid Joumblatt, a révélé: « Nous sommes dans une impasse absolue au milieu d’un effondrement économique grave. La famine va probablement se produire bientôt, et la réconciliation est devenue vraiment nécessaire. Dieu témoigne que j'ai expliqué aux gens (la réalité de la situation) ».
Les bureaux de change légaux sont également prudents.
Bilal Ghandour, propriétaire d'une bijouterie à Beyrouth, a affirmé: « Samedi, les bureaux de change se sont abstenus de vendre des dollars. Ils n'ont acheté que des dollars, craignant que le taux de change du dollar n'augmente lundi après la réunion au palais républicain ».
Ghandour a décrit les ventes dans son magasin comme « très légères ».
Il a souligné que: « Le prix d'un gramme d'or 18 carats est de 42 dollars, ce qui signifie 462 000 livres libanaises, selon le taux de change de samedi, une petite pièce d'or doit dans tous les cas dépasser cinq grammes, c’est à vous de faire le calcul. La situation est absolument très difficile ».
« Ceux qui ont de l'argent peuvent acheter, mais ils n'achètent que des pièces dont les prix ne dépassent pas 200 à 300 dollars ».
Dans un communiqué, le Syndicat des bureaux de change au Liban a salué la décision de la Banque du Liban de lancer sa plate-forme électronique et de permettre aux banques de négocier des devises similaires aux bureaux de change légaux.
La baisse du taux de change du dollar n’a pas du tout entraîné de baisse du prix des produits de base sur le marché.
«Tout le monde veut compenser ses pertes futures», a avoué Antoine, commerçant à Furn El Chebbak.
Mohammed, qui vend des fleurs et des plantes au rond-point de Tayouneh, a déclaré: « Le prix de la tulipe cette année est de 30 000 livres libanaises, contre 7 000 livres libanaises l'an dernier.
« Le prix de cyclamen l'an dernier n'a pas dépassé 10 000 livres libanaises, et maintenant il est de 50 000 livres libanaises », a-t-il affirmé.
« Nous ne sommes pas responsables de l’augmentation des prix. Les gens sont à bout de leur force. Leurs priorités ont changé et les fleurs sont devenues un vrai luxe ».
Toutefois, la demande pour les gâteaux n'avait pas été affectée, selon Ali, le gérant de l'un des magasins de pâtisserie de la région de Chiyah, Ain El-Remmaneh. Peut-être parce qu'ils sont moins chers que les vêtements, les parfums et l'or, sans doute ».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com