Pourquoi le Liban s'est retrouvé à court d'argent et que peut-il faire maintenant?

Un manifestant antigouvernemental porte une pancarte indiquant «La banque est en sécurité, la monnaie est morte» devant la Banque centrale libanaise, dans la capitale Beyrouth, le 16 mars 2021 (AFP / Photo d’archive)
Un manifestant antigouvernemental porte une pancarte indiquant «La banque est en sécurité, la monnaie est morte» devant la Banque centrale libanaise, dans la capitale Beyrouth, le 16 mars 2021 (AFP / Photo d’archive)
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Publié le Vendredi 19 mars 2021

Pourquoi le Liban s'est retrouvé à court d'argent et que peut-il faire maintenant?

  • En quelques semaines, la livre libanaise a perdu environ 20 % de sa valeur par rapport au dollar sur le marché noir
  • Il n’existe pas de moyen indolore de sortir de la spirale économique et de la dévaluation sans fin de la monnaie

LONDRES: Ces deux dernières semaines, la livre libanaise a perdu plus de 20 % de sa valeur par rapport au dollar sur le marché noir. Depuis octobre 2019, le taux de change a chuté de 90 %, affectant tout le monde dans le pays. 

Ces chiffres sont frappants. Le 16 mars, trois bureaux de change ont déclaré à l'agence de presse AFP qu'ils achetaient le dollar pour 14 800 à 14 900 livres libanaises (1 dollar = 0,84 euro). 

La monnaie est indexée sur le dollar et le taux officiel est fixé à 1 507,5 livres libanaises pour un dollar. Les dollars ne sont toutefois généralement pas disponibles au taux officiel du fait de la crise économique, raison pour laquelle les taux du marché noir s'appliquent. 

En 2020, le Liban était le quatrième pays le plus endetté au monde derrière le Japon, la Grèce et l'Érythrée. En mars dernier, le pays a fait défaut sur sa dette internationale pour la première fois de son histoire. Depuis, il n'y a eu aucune réforme économique et aucun plan de paiement n'a été décidé. 

La situation est exacerbée par la crise bancaire et les effets de la pandémie. Les banques du pays risquent la faillite, ayant prêté jusqu'à 70 % de leurs actifs à un État et à une Banque centrale insolvables. Le pays a perdu sa solvabilité et a recours à l'impression de monnaie, de plus en plus dévaluée, alimentant ainsi davantage l'inflation. 

La dépréciation de la livre a entraîné une inflation stupéfiante de 84 % en 2020. Pour aggraver les choses, l'inflation des denrées alimentaires s'est élevée à 402 %. Dans le même temps, le produit intérieur brut (PIB) du Liban s’est contracté de 25 % l’année dernière. 

La Banque mondiale estime que 50 % de la population libanaise est passée sous le seuil de pauvreté, ce qui est ahurissant pour un pays connu il y a soixante ans comme la «Suisse du Moyen-Orient». 

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La Banque mondiale estime que 50 % de la population libanaise est passée sous le seuil de pauvreté (Photo par Marwan Tahtah) 

La situation économique est pire aujourd'hui qu'elle ne l'était pendant la guerre civile des années 1970 et 1980. 

Ce que nous observons au Liban est un cercle vicieux classique: plus l'économie se détériore, plus la monnaie se déprécie et vice versa. Les chiffres reflètent une économie défunte. 

La situation était déjà mauvaise avant l’explosion dévastatrice du 4 août dernier qui a détruit le port de Beyrouth et une grande partie de la ville. Depuis, l’économie du pays a glissé encore plus dans le précipice. 

Le pays est littéralement à court d'argent. Les réserves étrangères sont passées de quelque 30 milliards de dollars il y a un an à près de 16 milliards de dollars, dont seulement 1 à 1,5 milliard de dollars sont disponibles pour subventionner les importations de produits alimentaires et de carburant. 

Ces réserves sont importantes car la Banque centrale subventionne essentiellement les prix du blé, des médicaments et du carburant en fournissant aux importateurs des devises fortes au taux de change officiel. 

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Le gouvernement libanais a jusqu'à présent été particulièrement inactif, face à une crise économique sans précédent, alors que le ressentiment grandit (Photo par Omar El-Sayyed) 

Compte tenu de la diminution des réserves de change, le ministre des Finances par intérim, Ghazi Wazni, a annoncé mardi que les subventions seraient supprimées pour plusieurs produits non essentiels, tels que les noix de cajou et le café de marque. Les subventions à l'essence passeront de 90 % à 85 %. 

Toutes ces pressions financières frappent durement les Libanais et la situation ne s’améliorera pas de sitôt. Le gouvernement s'attend à ce que l'inflation atteigne 77 % cette année – et cette estimation a été faite avant la suppression des subventions susmentionnées. 

Plus la monnaie se déprécie, plus l'inflation devient incontrôlable. Le prêt de 246 millions de dollars de la Banque mondiale pour soutenir les 786 000 personnes les plus pauvres du pays n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan, tout comme le million de livres par mois que le gouvernement veut accorder aux familles les plus pauvres. 

Le gouvernement libanais est jusqu'à présent resté particulièrement inactif face à une crise économique sans précédent. M. Wazni a annoncé qu'il souhaite imposer une taxe de 1 % sur les dépôts bancaires supérieurs à 1 million de dollars et prélever 10 à 30 % sur les intérêts que les banques perçoivent des dépôts auprès de la Banque centrale. 

Ces propositions tomberont complètement à plat face aux banques et aux déposants qui ont déjà subi des décotes de plus de 60 % sur leurs dépôts.  

Ce que nous observons au Liban est un cercle vicieux classique: plus l'économie se détériore, plus la monnaie se déprécie et vice versa. Les chiffres reflètent une économie défunte. 

Cornelia Meyer 

Le plan du gouvernement de dévaluer la monnaie et d'œuvrer en faveur d'un taux de change flexible, bien que louable, ne peut fonctionner qu'en conjonction avec un programme complet de réformes économiques, qui devra être soutenu par le Fonds monétaire international (FMI) pour des raisons de crédibilité. 

La situation s'est tellement aggravée il y a une semaine que le président libanais, Michel Aoun, a tenté de réprimer le taux de change du marché noir en baisse constante en ordonnant aux forces de sécurité d'intervenir lorsque le taux de change dépasse 10 000 livres libanaises. 

Il a justifié son ordre en soulignant les «répercussions dangereuses sur la sécurité sociale du pays» que provoque la détérioration du taux de change. 

Son discours n'a pas pu stopper la chute de la monnaie, pas plus que ses forces de sécurité. Hassan Diab, Premier ministre par intérim du pays, a également averti ce mois-ci que le Liban pourrait sombrer plus profondément dans le chaos en raison de la chute continue du taux de change. 

Des manifestants en colère ont bloqué les autoroutes et les rues, scandalisés par l'inaction politique et la corruption face à des souffrances économiques indicibles. 

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Mettre fin à la crise ne sera pas une tâche facile, d'autant plus que le peuple libanais a déjà enduré d'énormes difficultés économiques (Photo par Omar el-Sayyed) 

Un plan global de réformes économiques et un renflouement du FMI sont essentiels pour restaurer la confiance dans l'économie libanaise. Les réformes exigées par le FMI auront un prix, et les politiciens devront être prêts à l'expliquer à la population.  

Ce ne sera pas une tâche facile, d'autant plus que le peuple libanais a déjà enduré d'énormes difficultés économiques, ce qui signifie que de nouvelles souffrances susciteront inévitablement des oppositions.  

Quelle que soit la manière dont nous considérons les problèmes économiques du Liban, ils ne peuvent être dissociés de la politique nationale. Le pays a besoin d'un gouvernement qui puisse être un partenaire avec lequel les institutions internationales et les prêteurs bilatéraux peuvent négocier. 

La scène politique au Liban est complexe, avec des nuances sectaires et géopolitiques qui trouvent leurs origines dans la guerre civile et les complexités géopolitiques de l’environnement régional, y compris l'influence de l'Iran et du Hezbollah. 

Le gouvernement intérimaire, dirigé par un Premier ministre qui veut démissionner depuis longtemps et qui n'a pas de mandat pour négocier avec le FMI, sera incapable de convaincre la population d'accepter les mesures draconiennes requises comme partie intégrante de tout accord avec le prêteur. 

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Une photo montre la valeur en livres libanaises d'un billet de 100 dollars au taux de change du marché noir (1 500 000 livres libanaises) à Beyrouth le 16 mars 2021 (AFP / Photo d’Archive) 

Les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ont clairement indiqué qu'ils sont prêts à soutenir un gouvernement libanais compétent et réformateur, mais qu’ils ne veulent pas financer des classes politiques dépassées qui ne semblent pas disposées à former un gouvernement. 

En d'autres termes, le FMI a besoin d'un partenaire avec lequel négocier un programme global de réformes en échange d'un plan de sauvetage. 

Le FMI exigera également, comme condition préalable à tout engagement, un audit complet de la Banque centrale du Liban, une perspective inconfortable pour certains membres de la classe politique. 

Il n’existe aucun moyen de sortir du cercle vicieux économique de la nation et de la dévaluation sans fin et incontrôlée de sa monnaie, sans un programme comprenant des réformes économiques et fiscales de grande envergure. 

Tant que ceux qui sont au pouvoir au Liban demeureront réticents à montrer leur volonté de mettre en œuvre de telles réformes, le FMI aura les mains liées et les alliés occidentaux tels que les États-Unis, la France et le Royaume-Uni refuseront de leur venir en aide. 

Cornelia Meyer est une économiste titulaire d’un doctorat, qui a trente ans d’expérience dans le domaine de la banque d’investissement et de l’industrie. Elle est présidente et PDG de la société de conseil aux entreprises Meyer Resources.

Twitter : @MeyerResources 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur ArabNews.com 


Le ministre saoudien des affaires étrangères dirigera la délégation du Royaume au Forum économique mondial de Davos

Le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, dirigera la délégation du Royaume qui participera à la réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos la semaine prochaine. (X/@MEPSaudi)
Le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, dirigera la délégation du Royaume qui participera à la réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos la semaine prochaine. (X/@MEPSaudi)
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  • Le forum de cette année, dont le thème porte sur "La collaboration à l'ère de l'intelligence", se déroule dans un contexte de fortes tensions géopolitiques.
  • La participation du Royaume sera axée sur la présentation de son programme de réformes Vision 2030, qui remodèle l'économie de l'Arabie saoudite en cherchant à se diversifier et à ne plus dépendre des recettes pétrolières.

LONDRES : Le ministre des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, dirigera la délégation du Royaume qui participera à la réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos la semaine prochaine, a indiqué samedi un communiqué du ministère de l'Economie et de la Planification.

Le forum de cette année, qui a pour thème "La collaboration à l'ère de l'intelligence", se déroule dans un contexte de fortes tensions géopolitiques, de faible croissance économique et d'impact transformateur des technologies de pointe.

La délégation saoudienne s'entretiendra avec des leaders mondiaux du gouvernement, du monde des affaires et de la société civile afin d'aborder ces questions et d'explorer les possibilités d'innovation, de développement durable et d'autonomisation de l'homme, ajoute le communiqué du ministère.

La participation du Royaume sera axée sur la présentation de son programme de réformes Vision 2030, qui remodèle l'économie de l'Arabie saoudite en cherchant à se diversifier et à ne plus dépendre des recettes pétrolières.

Le prince Faisal sera accompagné de Majid Al-Qassabi, ministre du commerce, d'Ahmed Al-Khateeb, ministre du tourisme, d'Adel Al-Jubeir, ministre d'État aux affaires étrangères et envoyé pour les affaires climatiques, et de Khalid Al-Falih, ministre de l'investissement.

Mohammed Al-Jadaan, ministre des finances, Abdullah Alswaha, ministre des communications et des technologies de l'information, Bandar Alkhorayef, ministre de l'industrie et des ressources minérales, et Faisal Al-Ibrahim, du ministère de l'économie et de la planification, qui dirige le partenariat du Royaume avec le WEF, seront également présents au niveau ministériel.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Comment l'Arabie saoudite intègre des pratiques durables dans l’industrie de la mode

De gauche à droite : Une création étonnante de Khoja, ornée de motifs complexes et abstraits qui rendent hommage aux récits culturels tout en exhalant une élégance moderne ; une création audacieuse et artistique de Nasibah Hafiz, qui met en valeur la mode durable grâce à une chemise recyclée fabriquée à partir de divers textiles ; et l'ensemble deux pièces jaune doux de Chaldene, qui incarne un charme sans effort, avec des détails délicats tels que des boutons naturels et des tissus aérés. (Instagram : moekhoja, nasibahafiz et chaldene)
De gauche à droite : Une création étonnante de Khoja, ornée de motifs complexes et abstraits qui rendent hommage aux récits culturels tout en exhalant une élégance moderne ; une création audacieuse et artistique de Nasibah Hafiz, qui met en valeur la mode durable grâce à une chemise recyclée fabriquée à partir de divers textiles ; et l'ensemble deux pièces jaune doux de Chaldene, qui incarne un charme sans effort, avec des détails délicats tels que des boutons naturels et des tissus aérés. (Instagram : moekhoja, nasibahafiz et chaldene)
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  • Grâce à la production de masse et à l'exportation de vêtements bon marché - un phénomène de la mondialisation connu sous le nom de "fast fashion" - les consommateurs du monde entier ont eu accès à une gamme presque illimitée de tenues abordables
  • Conformément aux objectifs de durabilité du programme de réforme Vision 2030 de l'Arabie saoudite et à son approche de l'économie circulaire, le Royaume encourage les consommateurs et les fabricants à réduire, réutiliser et recycler les vêtements

RIYAD : Grâce à la production de masse et à l'exportation de vêtements bon marché - un phénomène de la mondialisation connu sous le nom de "fast fashion" - les consommateurs du monde entier ont eu accès à une gamme presque illimitée de tenues abordables.

Si ce boom de la fabrication et de la vente au détail a stimulé la croissance, créé des emplois et répondu à la demande des consommateurs, il a également exercé une pression considérable sur la main-d'œuvre qui fabrique ces vêtements et sur l'environnement.

Conformément aux objectifs de durabilité du programme de réforme Vision 2030 de l'Arabie saoudite et à son approche de l'économie circulaire, le Royaume encourage les consommateurs et les fabricants à réduire, réutiliser et recycler les vêtements afin d'alléger le fardeau environnemental.

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Avec plus de 80 milliards de vêtements produits dans le monde chaque année, l'industrie a contribué à la pollution de l'environnement, à l'utilisation excessive des ressources et à une culture du jetable qui s'est traduite par d'énormes tas de déchets.

À l'échelle mondiale, un camion à ordures de textiles est mis en décharge ou incinéré toutes les secondes, ce qui épuise les ressources naturelles et augmente les émissions de gaz à effet de serre. Les experts préviennent que l'industrie pourrait être responsable d'un quart des émissions mondiales de carbone d'ici à 2050.

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Les déchets textiles représentent 10 % des émissions de gaz à effet de serre, selon les chiffres des Nations unies. (AFP)

La mode rapide, l'une des industries les plus polluantes au monde, est responsable de 10 % des émissions de gaz à effet de serre, selon des chiffres publiés par les Nations unies, ce qui dépasse les émissions combinées des vols internationaux et du transport maritime.

Pour aggraver le problème, un rapport de la Fondation Ellen MacArthur révèle que moins de 1 % des vêtements usagés sont recyclés en nouveaux vêtements, perpétuant ainsi un cycle destructeur d'épuisement des ressources et de gaspillage.

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Un design frappant de Khoja, qui met en valeur la mode saoudienne moderne avec un mélange de tradition et de futurisme. (Instagram : moekhoja)

"La durabilité dans la mode n'est pas seulement une tendance, c'est une nécessité", a déclaré Mohammed Khoja, fondateur de la marque de vêtements saoudienne Hindamme, à Arab News.

"Nous nous concentrons sur la création de pièces intemporelles de haute qualité, conçues pour transcender les tendances. Nous évitons ainsi la surproduction et veillons à ce que nos vêtements puissent devenir des pièces vintages chères aux générations futures.

L'accent mis par Khoja sur le "design intemporel" s'aligne sur les objectifs de Vision 2030 du Royaume, qui visent à réduire les déchets et à promouvoir la consommation durable.

Pour résoudre le problème des déchets, l'Arabie saoudite investit dans la mode circulaire, un modèle axé sur la réutilisation, le recyclage et l'upcycling des vêtements pour prolonger leur cycle de vie.

La Commission de la mode, qui fait partie du ministère saoudien de la culture, a lancé des initiatives telles que le GFX Fashion Swap à Riyad, qui encourage l'échange de vêtements de haute qualité tout en éduquant les participants sur les avantages environnementaux de la prolongation de l'utilisation de la garde-robe.

"Nous n'avons pas besoin d'acheter sans cesse de nouveaux articles", a déclaré Nasiba Hafiz, une créatrice de mode saoudienne. "Pourquoi ne pas utiliser les articles que nous possédons déjà et les réutiliser ? De cette façon, nous pouvons réduire les déchets et devenir des consommateurs plus conscients".

Nasiba Hafiz collabore avec l'association caritative Al-Oula Women's Charitable Society pour transformer les tissus excédentaires en nouveaux vêtements, réduisant ainsi les déchets tout en favorisant l'émancipation des femmes issues de milieux défavorisés dans le sud de Djeddah.

Le centre de recherche sur les matériaux durables est une autre initiative importante. Établi en partenariat avec l'université King Abdullah de science et de technologie, ce centre développe des textiles écologiques pour les vêtements traditionnels tels que les abayas et les thobes.

En associant l'innovation au patrimoine culturel, le Royaume fait progresser les solutions de conception durable.

L'impact de la fast fashion va au-delà des déchets de consommation, avec un impact important, mais souvent négligé, sur les ressources en eau. Les usines des pays en développement, où sont produits la plupart des vêtements, consomment de grandes quantités d'eau et d'énergie.
Par exemple, la production d'une seule paire de jeans nécessite environ 3 781 litres d'eau, selon le Programme des Nations unies pour l'environnement, soit suffisamment pour répondre aux besoins d'hydratation d'une personne pendant plus de cinq ans.

Les usines textiles rejettent également des déchets dangereux qui polluent les rivières et les nappes phréatiques, les processus de teinture et de traitement contribuant fortement à la contamination de l'eau.

La Banque mondiale estime que l'industrie de la mode génère 20 % des eaux usées mondiales, souvent chargées de produits chimiques toxiques.

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Les déchets des usines textiles sont rejetés dans la rivière Dravyavati au Rajasthan, en Inde. Les processus de teinture et de traitement dans les usines textiles contribuent fortement à la contamination de l'eau. (AFP)

En Arabie saoudite, où l'eau est rare, des créateurs comme Chaldene se font les champions de la durabilité. La marque utilise des matériaux respectueux de l'environnement, tels que des boutons en coquille de noix de coco, afin de réduire la dépendance à l'égard d'autres solutions gourmandes en ressources.

"Chaque détail de notre collection reflète notre engagement à minimiser les déchets et à honorer la nature", ont déclaré à Arab News les cofondatrices de Chaldene, Asma Al-Othaimeen et Ghada Al-Majed.

En effet, les créateurs saoudiens sont à la tête du mouvement de la mode durable dans le Royaume, et sont les pionniers d'approches innovantes visant à réduire l'impact de l'industrie sur l'environnement.

Ghaydaa Majdaly, l'une d'entre elles, utilise la technologie 3D pour transformer des bouteilles en plastique recyclées en tissu, garantissant ainsi une approche "zéro déchet".
"La technologie nous permet de réimaginer ce qui est possible dans la mode tout en relevant les défis environnementaux de la fast fashion", a déclaré Ghaydaa Majdaly.

Dans le même esprit, Nasiba Hafiz, en collaboration avec Al-Oula, réutilise les tissus mis au rebut pour en faire de nouveaux vêtements. Ce partenariat permet non seulement de réduire les déchets, mais aussi d'apporter un soutien économique aux femmes du sud de Djeddah.

"En réutilisant les matériaux, nous pouvons prolonger leur durée de vie et créer quelque chose de beau et de significatif", a déclaré Hafiz.


La transformation du secteur Fintech s'accélère grâce à la Vision 2030, selon les analystes

L'innovation a été encouragée par des réformes en Arabie saoudite. (Shutterstock)
L'innovation a été encouragée par des réformes en Arabie saoudite. (Shutterstock)
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  • Les réformes du paysage financier de l'Arabie saoudite ont considérablement transformé le secteur, sous l'impulsion du Programme de développement du secteur financier
  • L'une des initiatives clés de la Vision 2030 du Royaume, le programme vise à promouvoir la diversification des revenus

DJEDDAH : Les réformes du paysage financier de l'Arabie saoudite ont considérablement transformé le secteur, sous l'impulsion du Programme de développement du secteur financier, ont déclaré des experts à Arab News.

L'une des initiatives clés de la Vision 2030 du Royaume, le programme vise à promouvoir la diversification des revenus, à renforcer l'épargne et à fournir une gamme d'opportunités de financement et d'investissement.

Ces réformes ont été mises en œuvre sous l'étroite surveillance de la Banque centrale saoudienne, connue sous le nom de SAMA, qui a également joué un rôle crucial en favorisant la croissance de la fintech et de la banque numérique grâce à un cadre réglementaire favorable et à diverses initiatives.

S'adressant à Arab News, Yaseen Ghulam, professeur associé d'économie et directeur du centre de recherche et de conseil à l'université Al-Yamamah basée à Riyad, a nommé cinq réformes majeures dans le secteur financier saoudien qui ont eu un impact significatif sur l'efficacité et la compétitivité globales des institutions financières.

Il a noté que le FSDP, qui a été lancé en 2017, a amélioré la bourse saoudienne, ou Tadawul, pour en faire une plateforme d'investissement compétitive à l'échelle mondiale avec une infrastructure de marché robuste.

"Le plan consiste à améliorer l'infrastructure de négociation et les processus de règlement pour répondre aux meilleures pratiques internationales, en augmentant la capitalisation du marché, la liquidité et la valeur à plus de 3 000 milliards de dollars, et en facilitant l'acquisition d'argent par les investisseurs étrangers", a-t-il déclaré.

Il a ajouté que cela a conduit à un plus grand nombre de plateformes en ligne, à des capacités fintech avancées, à des régimes de garde et de compensation intégrés, et à des droits plus importants pour les investisseurs, ainsi qu'à un alignement accru sur les normes de la finance durable, et à des procédures de transparence améliorées.

Il a également expliqué que l'inclusion du Tadawul dans l'indice MSCI Emerging Markets en 2019 a renforcé sa position en tant qu'acteur mondial.

M. Ghulam a mentionné que l'innovation fintech a fait l'objet d'une attention significative depuis le lancement de l'initiative Fintech Saudi en 2018, qui a propulsé l'Arabie saoudite vers le statut de principale plaque tournante du secteur dans la région.

Il a ajouté que d'ici 2022, le programme avait aidé l'écosystème fintech à se développer rapidement, comme en témoignent la création de nombreuses entreprises innovantes et l'utilisation généralisée des paiements numériques.

"En promulguant des lois progressistes, SAMA a permis cette révolution fintech. Afin de promouvoir le développement, elle a construit un bac à sable réglementaire pour les essais supervisés des technologies de pointe, créé des licences spécialisées pour les entreprises fintech, et mis à disposition l'infrastructure bancaire et les interfaces de programmation d'applications", a-t-il ajouté.

Ce point de vue a été repris par l'analyste financier Khalid Gaber Al-Zaidiy, qui a déclaré à Arab News que le cadre réglementaire de la SAMA est essentiel à la croissance de la fintech et de la banque numérique dans le Royaume.

Il a ajouté que certains des impacts clés de ce cadre comprennent l'encouragement de l'innovation tout en maintenant la stabilité financière.

"SAMA soutient l'innovation fintech à travers des initiatives telles que le Fintech Sandbox, permettant aux startups de développer et de tester des produits dans un environnement réglementé", a-t-il déclaré.

En appliquant des normes de cybersécurité strictes et des réglementations liées à la protection des données financières personnelles, a-t-il ajouté, SAMA renforce la confiance des consommateurs dans l'utilisation des solutions fintech. "Cela aide le secteur à se développer de manière durable et sécurisée", a déclaré M. Al-Zaidiy.

Il a ajouté qu'en accordant des licences à de nouvelles banques numériques, la SAMA encourage la concurrence et soutient la croissance de l'économie numérique, faisant ainsi progresser le secteur.

"Les politiques de la Banque centrale favorisent l'inclusion financière et élargissent l'accès aux services bancaires par le biais de solutions numériques, créant ainsi des opportunités pour les entreprises fintech", a ajouté l'analyste.

Croissance verte et confiance internationale

M. Ghulam a également souligné l'engagement du Royaume en faveur de la finance verte, affirmant qu'il a fait des progrès dans la promotion d'investissements et de projets respectueux de l'environnement, conformément aux tendances mondiales en matière de durabilité.

Cela inclut l'émission d'obligations vertes dans le cadre des objectifs de la Vision 2030. "Grâce à ces initiatives proactives, l'Arabie saoudite s'est positionnée comme un acteur clé de la transition mondiale vers un modèle économique plus respectueux de l'environnement", a-t-il déclaré.

M. Ghulam a souligné que l'Arabie saoudite a mis en œuvre des politiques stratégiques visant à accroître la participation des investisseurs internationaux, ce qui a conduit à une augmentation record des entrées de capitaux étrangers et à un renforcement de la confiance dans le système financier saoudien.

"L'augmentation des entrées de capitaux reflète une augmentation globale de la confiance dans la stabilité du système financier de l'Arabie saoudite", a-t-il déclaré.

Il a salué la création du Centre national de gestion de la dette, ajoutant qu'en créant des organismes spécialisés pour superviser la gestion de la dette du pays, l'Arabie saoudite a pris des mesures décisives pour améliorer le contrôle des finances publiques et préserver une situation budgétaire saine.

Expliquant comment l'essor de la fintech et de la banque numérique remodèle les attentes et les expériences des clients dans l'industrie des services financiers, M. Ghulam a déclaré que l'une des initiatives les plus significatives du FSDP est la mise en œuvre de la banque ouverte et numérique par le biais de la fintech.

"En conséquence, l'Arabie saoudite est à la tête de la révolution fintech, avec plus de 226 entreprises fintech déjà existantes, en raison de son secteur des télécommunications qui fonctionne bien et des investissements importants du gouvernement et des entreprises de télécommunications dans l'infrastructure mise en place pour apporter une vitesse et une fiabilité accrues des connexions", a-t-il déclaré.

Plus important encore, l'économiste a ajouté que la STC Bank, la Saudi Digital Bank et le système de paiement de Sarie ouvrent la voie en matière de services bancaires numériques et de systèmes de paiement pour les consommateurs.

M. Ghulam a ajouté que les services bancaires numériques permettent aux clients de gagner du temps, de réduire les coûts de transaction et de favoriser la concurrence et la croissance économique.

"Elle renforce le secteur financier en introduisant de nouveaux produits et services pour les consommateurs et les entreprises saoudiens. Avec le consentement des consommateurs, ces services bancaires permettent à des fournisseurs tiers d'accéder aux données financières, ce qui stimule l'innovation dans le secteur", a-t-il déclaré, ajoutant que les portefeuilles numériques, les applications pour smartphones et les services bancaires en ligne sont devenus essentiels pour la gestion des comptes et des transactions.

"L'ouverture d'un compte bancaire peut désormais se faire en ligne, ce qui profite aux zones rurales au lieu de se rendre sur place. Cette évolution a également amélioré l'inclusion financière en fournissant des crédits, des assurances et des services à des personnes et des régions auparavant marginalisées", a déclaré M. Ghulam.

Les PME prospèrent

Soulignant la manière dont les réformes financières répondent aux problèmes de financement spécifiques rencontrés par les petites entreprises en Arabie saoudite, M. Ghulam a fait remarquer que le Royaume compte plus de 1,3 million de PME.

Il a noté que, comme dans d'autres pays développés, ces entreprises sont confrontées à des difficultés pour obtenir les financements nécessaires en raison des limitations des garanties et d'un risque de crédit plus élevé.

"L'impulsion pour les réformes relatives au financement des PME est venue de la Vision 2030 et est liée au FSDP. L'un des principaux objectifs du FSDP et des réformes connexes est d'amplifier le financement des microentreprises et des PME au sein du système bancaire et de mettre en place des institutions telles que la Banque des PME, Monsha'at et les sociétés de capital-risque pour aider à améliorer le financement et l'écosystème", a-t-il déclaré.

Il a noté que le FSDP vise à étendre le ratio actuel de 10 % de financement des PME dans le système bancaire à 11 % d'ici à 2025.

Plus important encore, pour montrer son soutien continu et solide à ces entreprises, le gouvernement recommande que les institutions financières consacrent 20 % de leurs portefeuilles de prêts à ce secteur.

"Monsha'at a introduit plusieurs programmes à cet égard. Il s'agit notamment de Funding Gate, un guichet unique en ligne pour le financement, qui regroupe les prêteurs et les services, du programme KAFALAH, un service de garantie des prêts visant à réduire les risques et à accroître l'appétit des prêteurs, de Saudi Venture Capital Co. ainsi que de l'initiative Esterdad et des prêts facilités par l'initiative de prêts indirects", a-t-il déclaré.

L'universitaire a ajouté que la révolution fintech résultant des réformes contribue également à augmenter le financement des PME à cet égard, en disant : "Les solutions FinTech B2B sont très recherchées car elles résolvent les problèmes liés à la disponibilité du crédit, au traitement des paiements et à la gestion de l'argent."

M. Ghulam a ajouté que le Fonds d'investissement public contribue également à améliorer le financement des PME, de même que le programme Taleed du géant pétrolier Saudi Aramco, qui offre plus de 3 milliards de RS de financement aux entreprises éligibles.

"Tous ces canaux de financement variés n'auraient pas été possibles sans les réformes et les efforts du gouvernement pour aider les petites entreprises qui sont l'épine dorsale de la future économie saoudienne, moins dépendante des revenus des combustibles fossiles", a déclaré l'économiste.
La création de l'entité chargée de la littératie financière au sein du FSDP est une stratégie clé dans les efforts déployés par l'Arabie saoudite pour stimuler la littératie financière et promouvoir les services bancaires numériques, conformément aux objectifs de Vision 2030.

"Plusieurs entreprises fintech, telles que Darahim et Fatafeat, tentent d'accroître la littératie financière dans le Royaume. Le ministère saoudien de l'éducation a franchi une étape importante en imposant l'inclusion d'un cours de "connaissances financières" dans les programmes scolaires", a déclaré M. Ghulam.

Il a ajouté que Thameen et Smart Investor, deux initiatives de sensibilisation menées par l'Autorité des marchés financiers, visent à améliorer les connaissances financières des adultes et des jeunes, respectivement.

"Un rapport 2023 de la SAMA indique que les connaissances financières des citoyens ont augmenté grâce à ces activités. Ces politiques portent en effet leurs fruits : en 2023, on estimait que 38 % des adultes avaient une compréhension de base des concepts financiers, contre 30 % en 2021", a déclaré l'universitaire.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com