L'embargo sur les armes en Libye est d'une «inefficacité totale», déplore l'ONU

Pour les sanctions économiques visant des personnes ou des entités, la conclusion des experts de l'ONU est identique à celle portée sur l'embargo sur les armes (Photo, Reuters).
Pour les sanctions économiques visant des personnes ou des entités, la conclusion des experts de l'ONU est identique à celle portée sur l'embargo sur les armes (Photo, Reuters).
Short Url
Publié le Jeudi 18 mars 2021

L'embargo sur les armes en Libye est d'une «inefficacité totale», déplore l'ONU

  • Les experts estiment que jusqu'à «2 000» mercenaires du groupe Wagner ont été déployés dans le pays. «Malgré l'accord de cessez-le-feu, rien n'indique que Wagner se soit retirée de Libye»
  • Le rapport final des experts onusiens enfonce le clou de manière saisissante en étayant les accusations

NATIONS UNIES: L'embargo sur les armes imposé à la Libye depuis 2011 est «d'une inefficacité totale», affirment des experts de l'ONU dans un rapport de plus de 550 pages publié mardi, dont la sentence est sans appel.

«Les violations commises par les Etats membres (des Nations unies) qui soutiennent directement les parties au conflit sont généralisées et flagrantes, témoignant d'un mépris total à l'égard des mesures de sanctions», tance encore le groupe des six spécialistes, chargés de contrôler cet embargo.

Photos, schémas et cartes à l'appui, sur une période s'étalant d'octobre 2019 à janvier 2021, ils expliquent que le contrôle par ces Etats membres de «l'intégralité de la filière d'approvisionnement complique la détection, l'interruption et l'interdiction de ces activités. Ces deux facteurs compliquent singulièrement l'application de l'embargo sur les armes».

Les six experts dénoncent déjà depuis plusieurs années les violations de l'embargo.

Soutiens plus ou moins explicites du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'Est de la Libye, les Emirats arabes unis, la Jordanie, la Russie, la Syrie ou l'Egypte ont ainsi été épinglés dans de précédents rapports de l'ONU ou le sont dans celui publié mardi.

La Turquie ou le Qatar, qui appuient quant à eux les autorités siégeant à Tripoli, ont également été désignés par les experts, qui ont aussi identifié des mercenaires russes de l'entreprise privée Wagner, proche de Moscou, des rebelles syriens -- jusqu'à «13 000» --, des groupes tchadiens ou soudanais, agissant au profit de l'un ou l'autre des belligérants.

Le rapport final des experts onusiens enfonce le clou de manière saisissante en étayant les accusations. Et ajoute d'autres dénonciations, comme celle visant l'Américain Erik Prince, fondateur de la sulfureuse société de sécurité privée Blackwater et farouche partisan de l'ex-président américain Donald Trump.

Comme révélé en février par un extrait du rapport, Erik Prince, qui dément, est accusé d'avoir envoyé ou voulu envoyer des mercenaires étrangers, des armes et même des «hélicoptères d'assaut armés», à Khalifa Haftar alors que ce dernier tentait en 2019 de faire chuter le gouvernement libyen reconnu par l'ONU.

Mercenaires 

Les experts estiment que jusqu'à «2 000» mercenaires du groupe Wagner ont été déployés dans le pays. «Malgré l'accord de cessez-le-feu du 25 octobre 2020, rien n'indique que (la société) Wagner se soit retirée de Libye», précisent-ils.

Une autre entreprise privée russe, le Groupe Rossiskie System Bezopasnosti, est citée pour son rôle dans la remise en état d'avions de chasse, ajoutent-ils. Et la société turque SADAT, qui a démenti toute activité illégale en Libye, figure aussi sur la liste des incriminés.

Pour les sanctions économiques visant des personnes ou des entités, la conclusion des experts de l'ONU est identique à celle portée sur l'embargo sur les armes.

«L'application des mesures de gel des avoirs et d'interdiction de voyager s'agissant des personnes visées demeure inefficace», assènent les experts, qui notent «un cas de non-respect du gel des avoirs recensé» et, de façon générale en Libye, un «manque persistant de transparence» sur les opérations financières.

Leur rapport affirme aussi que «les autorités de l'est (du pays) ont poursuivi leurs efforts pour exporter illicitement du pétrole brut et importer du carburant pour des aéronefs».

Des produits pétroliers raffinés continuent d'être exportés illicitement par voie terrestre, indique aussi le rapport. Bien que l'activité soit de petite ampleur, elle a augmenté par rapport aux années précédentes, en particulier dans l'ouest de la Libye, indiquent-ils.

En conclusion, les experts de l'ONU recommandent au Conseil de sécurité d'imposer à des aéronefs recensés comme ayant violé l'embargo «des radiations de pavillon, des interdictions d'atterrissage, des interdictions de survol».

Ils lui demandent aussi «d'autoriser les Etats membres à inspecter, en haute mer au large des côtes libyennes, les navires à destination ou en provenance de la Libye, dont ils ont des motifs raisonnables de croire qu'ils exportent ou tentent d'exporter illicitement du pétrole brut ou des produits pétroliers raffinés».


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

Short Url
  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Short Url
  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

Short Url
  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".