Migrants: renouveler l'accord de 2016 entre Ankara et l'UE est "impératif"

La police grecque utilise des canons à eau pour bloquer des migrants en essayant de briser les clôtures dans la province frontalière turco-grecque d'Edirne, le 7 mars 2020 alors que des camps de fortune ont vu le jour autour de la frontière où des milliers de réfugiés ont été encouragés par la Turquie de partir pour l'Union européenne, dans le but d'obtenir le soutien occidental en Syrie. BULENT KILIC / AFP
La police grecque utilise des canons à eau pour bloquer des migrants en essayant de briser les clôtures dans la province frontalière turco-grecque d'Edirne, le 7 mars 2020 alors que des camps de fortune ont vu le jour autour de la frontière où des milliers de réfugiés ont été encouragés par la Turquie de partir pour l'Union européenne, dans le but d'obtenir le soutien occidental en Syrie. BULENT KILIC / AFP
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Publié le Mercredi 17 mars 2021

Migrants: renouveler l'accord de 2016 entre Ankara et l'UE est "impératif"

  • Cinq ans après avoir signé avec l'Union européenne un accord controversé ayant permis de réduire considérablement le passage de migrants vers l'Europe, la Turquie appelle désormais à renouveler ce pacte devenu caduc à ses yeux
  • "Nous sommes le pays qui accueille le plus de réfugiés au monde, avec notamment 3,7 millions de Syriens."

ANKARA : Cinq ans après avoir signé avec l'Union européenne un accord controversé ayant permis de réduire considérablement le passage de migrants vers l'Europe, la Turquie appelle désormais à renouveler ce pacte devenu caduc à ses yeux.

Le vice-ministre turc des Affaires étrangères Faruk Kaymakçi, en charge des affaires européennes, déclare à l'AFP qu'actualiser cet accord, un "bon exemple" de coopération, permettra de donner "une nouvelle impulsion" aux relations entre Ankara et l'UE, qui se sont dégradées depuis 2016.

Cinq après la signature de cet accord le 18 mars 2016, quel bilan tirez-vous?

"Grâce aux efforts de la Turquie, le flux migratoire illégal à destination de l'Europe a été réduit de manière significative depuis 2015. Sans nos efforts, plus de deux millions de personnes auraient rejoint l'Europe à ce jour. En 2019, nous avons stoppé 455.000 migrants en situation irrégulière. En 2020, en dépit des restrictions des déplacements dues à la pandémie, ce nombre était de plus de 122.000.

Tous ces chiffres montrent très clairement le fardeau qui pèse sur la Turquie. Nous sommes le pays qui accueille le plus de réfugiés au monde, avec notamment 3,7 millions de Syriens. 

Cela nous a coûté plus de 40 milliards d'euros, une somme à comparer avec les 6 milliards d'euros (d'aide européenne promise dans l'accord de 2016), dont pratiquement la moitié n'a pas encore été dépensée. Il faut un partage équitable du fardeau entre la Turquie et le reste de l'Europe."

Vous demandez aujourd'hui le renouvellement de cet accord. Pourquoi?

"En 2016, il y avait deux millions de Syriens en Turquie. Aujourd'hui, nous en accueillons 3,7 millions.

Nous sommes convaincus que le renouvellement de l'accord du 18 mars (2016) est impératif et dans l'intérêt de tous. Cet accord était un bon exemple de la façon dont la Turquie et l'UE peuvent agir ensemble pour contribuer à la sécurité, la stabilité et la prospérité de la région. Nous voyons le renouvellement de cet accord comme la meilleure façon d'instaurer un agenda positif dans les relations entre l'UE et la Turquie, ce dont nous avons grand besoin. Cela donnera une nouvelle impulsion à notre coopération.

J'espère que ce processus de renouvellement et les efforts visant à faire progresser les relations entre la Turquie et l'UE ne seront pas prises en otage par les positions étriquées et irrationnelles d'un ou deux pays européens dont les intérêts personnels sont en contradiction avec ceux de l'UE."

Le président turc Recep Tayyip Erdogan accuse régulièrement l'Union européenne de ne pas avoir tenu toutes ses promesses de 2016. Quelles sont vos demandes?

R: "L'accord du 18 mars n'est pas limité aux migrations et doit être revisité dans sa totalité.

Tout d'abord, il faut que la perspective (d'adhésion) européenne de la Turquie soit renforcée. La Turquie doit être traitée comme n'importe quel autre pays candidat. En outre, les négociations sur la modernisation de l'union douanière (entre la Turquie et l'UE) doivent débuter immédiatement.

L'UE doit aussi se montrer flexible et compréhensive tout en encourageant la Turquie à remplir les derniers critères pour obtenir l'exemption de visa pour que les Turcs puissent se rendre librement en Europe (comme le prévoit l'accord de 2016).

En ce qui concerne la coopération migratoire, nous attendons de l'UE qu'elle tienne parole et apporte une aide financière rapide et adaptée. Il faut aussi coopérer avec la Turquie dans le nord de la Syrie pour créer les conditions d'un retour sûr, volontaire et digne des Syriens."


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.