NEW YORK: L'ONU a appelé mardi à une enquête indépendante sur la mort de dizaines de migrants africains lors d'un incendie dans un centre de détention dirigé par les Houthis.
«Il n'y a pas que les Yéménites qui souffrent au Yémen. Le monde s'est souvenu du sort de la communauté migrante la semaine dernière lorsqu'un incendie atroce a éclaté dans un centre de détention à Sanaa où se trouvaient principalement des migrants éthiopiens», a déclaré l'envoyé des Nations unies au Yémen, Martin Griffiths. «Des dizaines de personnes ont été tuées et plus de 170 grièvement blessées dans l'incendie. Il doit y avoir une enquête indépendante sur la cause de l'incendie.»
Griffiths a également affirmé que le conflit dans le pays se dégradait, en particulier avec la poursuite de l'offensive de la milice houthie contre Marib et les attaques transfrontalières visant l'Arabie saoudite.
«L’offensive d’Ansar Allah contre le gouvernorat de Marib se poursuit, mettant en danger les civils, dont près d’un million de personnes déplacées à l’intérieur du pays. Les combattants des deux côtés ont subi de lourdes pertes. Je lis des rapports révoltants selon lesquels des enfants sont de plus en plus entraînés dans la guerre et privés de leur avenir», s’est-il insurgé.
«Les attaques transfrontalières ont également augmenté de façon considérable ces dernières semaines. Je suis préoccupé par l'intensification des frappes de missiles et de drones, notamment celles qui ont visé les infrastructures civiles et commerciales saoudiennes. Par la suite, des frappes aériennes ont eu lieu à Sanaa, mettant là aussi des civils en danger», a-t-il dénoncé.
«À Hodeida, on a constaté une poursuite inquiétante des violences, qui a entraîné des morts et des blessés parmi les civils, y compris des femmes et des enfants. Je me joins au général Guha, chef de la Mission des Nations nies pour soutenir l'accord sur Hodeida, et condamner les attaques qui mettent les civils en danger», a-t-il ajouté.
Le chef de la mission humanitaire des Nations unies, Mark Lowcock, a également déclaré que ceux qui agissaient en violation du droit humanitaire dans le pays devaient être tenus pour responsables.
«Environ 15 000 personnes ont fui les combats jusqu'à présent. Plus de la moitié sont entassés dans des camps de fortune ou d'autres sites dangereux. Si les combats s'intensifient, des dizaines de milliers d'autres fuiront, probablement dans des camps complètement démunis et déjà surpeuplés», a-t-il précisé. «Les responsables de toutes les violations graves du droit international humanitaire et du droit international des droits humains au Yémen doivent rendre des comptes, y compris concernant les violations contre les réfugiés et les migrants.»
Il a ajouté que les Houthis qui menacent Marib, un endroit qu'il a qualifié de «rare refuge» au Yémen, mettent en danger la vie d'un million de personnes déplacées.
Lowcock a également accusé les Houthis d’intransigeance concernant le pétrolier Safer, qui contient 48 millions de gallons de pétrole, et dont l’état se dégrade de jour en jour à défaut d’un entretien approprié.
«Concernant le pétrolier Safer, les Nations unies discutent toujours avec Ansar Allah de divers problèmes logistiques qui retardent la mission. L'ONU est aussi flexible que possible parce que nous voulons que l’opération se fasse», a-t-il assuré. «Jusqu'à présent, Ansar Allah n'a pas été aussi flexible que nous. Plusieurs questions demeurent en suspens, ce qui explique que l'ONU ne dispose pas de marge de manœuvre suffisante: d’une part son budget ne lui permet pas, d’autre part les risques sécuritaires sont actuellement trop importants pour les membres de la mission.»
«Lorsque Ansar Allah a accepté le plan de mission de l’ONU en novembre 2020, le groupe s’est engagé à faciliter les préparatifs de la mission et la logistique. L'ONU reste désireuse d'apporter son aide», a conclu le chef de la mission humanitaire des Nations unies.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com