LONDRES: Les efforts des Pays-Bas pour traduire en justice le président syrien, Bachar al-Assad, pour «crimes horribles et violations flagrantes des droits de l'homme» prennent de l'ampleur.
Six mois après l'annonce de la requête de la Cour internationale de justice (CIJ), le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Stephanus Abraham Blok, dit «Stef Blok», a déclaré lundi à Sky News qu'il est désormais «plus optimiste» quant à la possibilité de traduire Bachar al-Assad en justice, mais il admet que le processus peut prendre des années.
«Le régime de Bachar al-Assad a commis des crimes atroces à maintes reprises. Les preuves sont accablantes. Il doit y avoir des conséquences», a déclaré Stef Blok l'année dernière lorsque son gouvernement a annoncé son intention de le poursuivre.
«Un grand nombre de Syriens ont été torturés, assassinés, ont disparu, ont subi des attaques au gaz toxique, ou ont tout perdu en fuyant pour sauver leur vie.»
Ignorer la possibilité d’une action en justice comme recours contre Bachar al-Assad risquerait de lui donner «l'impunité», déclare Stef Blok.
«L'action multilatérale contre le régime est régulièrement bloquée par la Russie et la Chine au Conseil de sécurité des nations unies (CSNU). C’est pourquoi les Pays-Bas ont décidé d’attaquer le président syrien devant la plus haute cour de l'Organisation des nations unies (ONU), la CIJ », souligne Stef Blok
Le recours judiciaire néerlandais repose sur la violation présumée par la Syrie de la Convention des nations unies contre la torture, qu'elle a ratifiée en 2004.
L'impasse dans laquelle se trouve le CSNU signifie que cela pourrait être le meilleur moyen d’obliger le régime de Bachar al-Assad à répondre de ses crimes.
«Je suis plus optimiste car dès le début, les Pays-Bas étaient convaincus que nous devrions prendre cette mesure pour tenir le gouvernement syrien responsable», affirme Stef Blok. «Nous avons été désormais rejoints par le Canada, et la Syrie a confirmé qu'elle était disposée à entamer des pourparlers. Nous estimons que notre dossier est très équitable», ajoute-t-il.
«Les Pays-Bas, le Canada et la Syrie font tous partie de la Convention contre la torture, ce qui signifie que les pays peuvent se tenir mutuellement responsables des violations.»
Les Néerlandais sont prêts à entamer des négociations diplomatiques avec le régime et ont fait de l’arrêt de la torture en Syrie, de la libération des prisonniers politiques et du versement d’indemnités aux victimes des revendications centrales pour aller de l’avant.
Blok admet que les demandes sont ambitieuses, mais il explique qu'il souhaite poursuivre les négociations diplomatiques avant de s'engager dans la voie légale.
«Nous devons dorénavant faire preuve de prudence. Nous tenons le gouvernement syrien – et bien sûr le président Assad qui est son chef – pour responsable», déclare Stef Blok.
«Cela signifie que nous devons d'abord entamer des négociations diplomatiques avec eux, et c'est ce que nous allons faire maintenant. Je ne peux pas prédire le résultat, mais ce que je peux dire, c'est que si malheureusement ces pourparlers n’aboutissent pas au résultat souhaité – la fin des violations du traité et la fin de la violence – une option est ouverte pour aller en justice», ajoute-t-il.
«Ce ne sera pas facile et, bien sûr, le cynisme est une solution de facilité, mais c’est une impasse, car alors nous abandonnerions la Syrie en toute impunité.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com