Biden accusé d'avoir provoqué la crise migratoire au sud des Etats-Unis

Pour le chef de la minorité républicaine à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, «cette crise a été créée par les politiques présidentielles de la nouvelle administration» (Photo, AFP).
Pour le chef de la minorité républicaine à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, «cette crise a été créée par les politiques présidentielles de la nouvelle administration» (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mardi 16 mars 2021

Biden accusé d'avoir provoqué la crise migratoire au sud des Etats-Unis

  • La Maison Blanche a reconnu lundi qu'elle faisait face à un «gros problème» mais en a attribué la responsabilité à Donald Trump
  • Le ministère de la Santé s'occupe actuellement de quelque 8 800 jeunes migrants et les arrivées quotidiennes se poursuivent

BROWNSVILLE: Les républicains ont accusé lundi Joe Biden d'avoir provoqué un appel d'air à la frontière américano-mexicaine où affluent des milliers de migrants, dont de nombreux mineurs non accompagnés.

Toutes les administrations américaines connaissent des pics, souvent saisonniers, d'arrivées de migrants. 

Mais pour le chef de la minorité républicaine à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, «cette crise a été créée par les politiques présidentielles de la nouvelle administration». 

«Elle ne peut avoir d'autre nom que la crise Biden aux frontières», a-t-il lancé lors d'une visite au Texas, à la frontière avec le Mexique, en compagnie d'une dizaine d'autres élus républicains de la Chambre.

Dès son premier jour à la Maison Blanche le 20 janvier, Joe Biden avait signé un moratoire sur l'expulsion des sans-papiers arrivés aux Etats-Unis avant novembre 2020. Et il a promis une vaste réforme migratoire, qui ouvrirait la voie de la naturalisation à quelque 11 millions d'immigrés en situation irrégulière.

Même si les expulsions de nouveaux arrivants se poursuivent, tout cela a encouragé les migrants à tenter leur chance, affirment les républicains.

La Maison Blanche a reconnu lundi qu'elle faisait face à un «gros problème» mais en a attribué la responsabilité à Donald Trump, qui a quitté le pouvoir le 20 janvier après quatre ans de mandat.

«La dernière administration nous a laissé un système démantelé et impraticable», a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki. «Nous allons tout faire pour trouver une solution.»

Les démocrates accusent les républicains de chercher à faire «diversion» pour ne pas parler de leur gigantesque plan de relance économique, très populaire auprès des Américains.

Et ils soulignent que le nombre de clandestins appréhendés à la frontière avec le Mexique était déjà reparti à la hausse à la fin du mandat Trump. 

Face aux parlementaires républicains qui disaient lundi avoir le «cœur brisé» par la situation des migrants à la frontière, certains rappellent aussi la politique très controversée de «tolérance zéro» mise en place par Donald Trump en 2018, qui avait mené à la séparation de milliers de familles de migrants.

Des centaines d'enfants n'ont toujours pas retrouvé leurs parents.

«Pas d'argent»

«A la maison, on n'a pas de travail, pas d'argent», confie Rubia Tabora, Guatémaltèque âgée de 25 ans, assise avec son fils d'un an à la gare routière de Brownsville, à la pointe sud du Texas.

Elle a franchi clandestinement la frontière depuis le Mexique et veut retrouver son époux, qui vit déjà aux Etats-Unis.

L'annonce de la signature du moratoire l'a encouragée à passer la frontière. «Mon mari m'a dit de venir à ce moment-là», expliquait dimanche soir la jeune femme. 

Au cœur de cet afflux, qui se répète tout au long de la frontière, l'arrivée massive de mineurs non accompagnés a débordé les structures d'accueil existantes, déjà limitées par la pandémie de Covid-19. 

Au point que l'administration Biden a ordonné samedi à l'agence américaine de gestion des situations d'urgence (FEMA) d'intervenir. Pendant trois mois, elle aidera à héberger temporairement les mineurs avant qu'ils ne rejoignent des adultes, généralement des proches déjà installés aux Etats-Unis.

Jusqu'à 3 000 mineurs relogés

Signe de l'urgence, la FEMA a loué un espace dans un palais des congrès de Dallas pour loger temporairement jusqu'à 3 000 adolescents d'entre 15 et 17 ans, a indiqué un élu municipal de Dallas sur Facebook, J.J. Koch, en précisant que l'agence espérait l'ouvrir «dès cette semaine». 

A Brownsville en revanche, le maire Trey Mendez a affirmé lundi que ses services n'étaient pas débordés par les quelque 150 migrants qui arrivent chaque jour, la plupart quittant les lieux sous 24 heures. 

«Je n'ai pas le sentiment que nous traversions une crise à Brownsville», a déclaré aux journalistes celui qui avait soutenu Joe Biden pour l'élection présidentielle. 

Le ministère de la Santé s'occupe actuellement de quelque 8 800 jeunes migrants et les arrivées quotidiennes se poursuivent.

Sur le seul mois de février, la police aux frontières (CBP) a intercepté 100 000 clandestins à la frontière sud des Etats-Unis, dont 9.457 mineurs non accompagnés ainsi que 19 246 personnes arrivées en famille.

Sous l'effet de la pandémie, le nombre de migrants mineurs arrivés seuls à la frontière avec le Mexique était tombé en avril 2020 à un plus bas, 741, et n'a cessé de remonter depuis.

En décembre, dernier mois entièrement passé sous la présidence de Donald Trump, les services douaniers avaient intercepté quelque 74 000 migrants, dont près de 5 000 mineurs non accompagnés. 

Le 26 janvier, un tribunal fédéral américain avait bloqué la décision de l'administration de Joe Biden de geler pendant cent jours les expulsions d'immigrés en situation irrégulière.


Afghanistan: rare visite du chef suprême taliban à Kaboul

Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
Short Url
  • Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement
  • Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables

KABOUL: Le chef suprême des talibans, l'émir Hibatullah Akhundzada, qui vit reclus dans son fief de Kandahar (sud), a fait une rare visite à Kaboul pour s'adresser à tous les gouverneurs des provinces afghanes, a-t-on appris vendredi de source talibane.

Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables, dont les gouverneurs des 34 provinces.

Cette visite entourée du plus grand secret de l'émir, dont une seule photo a jamais été rendue publique, lui a permis d'insister auprès des gouverneurs sur la priorité "à accorder à la religion sur les affaires du monde" et "à promouvoir la foi et la prière parmi la population".

L'émir a déclaré que l'obéissance était "une obligation divine", toujours selon Al Emarah, et appelé à "l'unité et à l'harmonie".

"Le rôle de l'émirat est d'unir le peuple", a insisté Hibatullah Akhundzada, et celui des gouverneurs "de servir le peuple".

Les gouverneurs ont été ainsi encouragés à "accorder la priorité à la loi islamique plutôt qu'à leurs intérêts personnels", et à lutter contre "le favoritisme" ou "le népotisme".

"La motivation de cette visite" de l'émir à Kaboul "semble être de rappeler la discipline, notamment la discipline financière", décrypte une source diplomatique occidentale. "Il est ici question de renforcer la discipline et l'unité".

Cette visite pourrait également être motivée par "une préoccupation au sujet des troubles du Badakhshan et de la manière dont ils sont gérés". Dans cette province du nord-est, plusieurs paysans cultivant du pavot malgré son interdiction ont été tués par des unités antinarcotiques talibanes au début du mois.

Les autorités afghanes ont par ailleurs réprimé des manifestations de nomades sédentarisés kouchis dans la province du Nangarhar (est) et sont confrontées à des attentats meurtriers réguliers du groupe jihadiste Etat islamique, particulièrement à Kaboul.

Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement. Si les décrets du leader suprême font autorité, les analystes font toutefois état de voix discordantes s'élevant du clan des responsables afghans plus "pragmatiques".

"A chaque fois qu'il y a des craquements ou des désaccords, Kandahar intervient et rappelle à chacun la nécessité de renforcer l'unité", conclut la source diplomatique.

L'émir n'était venu qu'une fois auparavant à Kaboul depuis le retour des talibans au pouvoir et ne s'exprime très rarement depuis son accession à la fonction suprême en 2016.

Le mystérieux mollah avait prononcé son dernier discours public le 10 avril dans une mosquée de Kandahar lors de la prière de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, mais aucune photo de lui n'avait circulé.

 

 


Sánchez annoncera mercredi la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien

Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
Short Url
  • M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai
  • Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a indiqué vendredi qu'il annoncerait mercredi prochain la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien, affirmant que celle-ci n'aurait donc pas lieu le 21 mai, mais "les jours suivants".

"Nous sommes en train de nous coordonner avec d'autres pays pour pouvoir faire une déclaration et une reconnaissance communes", a déclaré M. Sánchez, lors d'une interview à la chaîne de télévision La Sexta, pour expliquer pourquoi l'Espagne ne procèderait pas à cette reconnaissance dès mardi, date évoquée notamment par Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne.

M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai.

M. Sánchez n'a pas précisé les pays avec lesquels son gouvernement était en discussions à ce sujet, mais il avait publié en mars à Bruxelles un communiqué commun avec ses homologues irlandais, slovène et maltais dans lequel ils faisaient part de la volonté de leur quatre pays de reconnaître un Etat palestinien.

Le chef de la diplomatie irlandaise, Micheal Martin, a confirmé mardi que Dublin "(reconnaîtrait) l'Etat de Palestine avant la fin du mois", sans toutefois indiquer de date ni dire si d'autres pays se joindraient à l'Irlande.

Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche.

M. Sánchez doit comparaître le lendemain devant le Congrès des députés pour faire le point sur divers sujets d'actualité, dont la politique de Madrid au Proche-Orient et la reconnaissance d'un Etat palestinien, sujet sur lequel l'Espagne est en pointe.

"Je pense que je serai en mesure le 22 (...) de clarifier devant le Parlement la date à laquelle l'Espagne reconnaîtra l'Etat palestinien", a-t-il dit.

"Sérieux doutes 

M. Sánchez est devenu au sein de l'UE la voix la plus critique vis-à-vis du gouvernement israélien et de son offensive militaire dans la bande de Gaza contre le mouvement palestinien Hamas.

Le conflit actuel a été déclenché le 7 octobre par une attaque surprise du Hamas dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes du côté israélien, dans leur grande majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

L'offensive militaire lancée en riposte par Israël a causé la mort d'au moins 35.303 Palestiniens, en majorité des civils, dans la bande de Gaza, selon le dernier bilan publié vendredi par le ministère de la Santé du Hamas.

Evoquant la situation à Gaza, M. Sánchez a de nouveau sévèrement critiqué vendredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Interrogé sur le fait de savoir s'il considérait les évènements de Gaza comme un génocide, le chef du gouvernement espagnol a évité de répondre, mais a déclaré, à trois reprises, avoir de "sérieux doutes" sur le respect des droits humains par Israël.

Il a aussi établi un parallèle entre l'invasion de l'Ukraine par la Russie et l'offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza.

"Nous défendons la légalité internationale", a-t-il dit. "En Ukraine, logiquement, on ne peut pas violer l'intégrité territoriale d'un pays, comme le fait la Russie (...). Et en Palestine, ce que l'on ne peut pas faire, c'est ne pas respecter le droit humanitaire international, comme le fait Israël".

La politique de Madrid, a-t-il conclu, "est appréciée par la communauté internationale, aussi bien du point de vue du gouvernement ukrainien que du point de vue de la communauté arabe".

 

 


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Short Url
  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.