DJEDDAH : L’Iran s’est félicité lundi pour sa nouvelle « ville de missiles », une base équipée de missiles de croisière, de missiles balistiques et de matériel de guerre électronique.
Cette base, opérée par le Corps des gardiens de la révolution islamique, a été dévoilée par le commandant du CGRI, le major général Hossein Salami, et par le commandant de la marine de l’organisation, le contre-amiral Ali Reza Tangsiri. Des images et des séquences vidéo des missiles et du matériel de de lancement ont été diffusées à la télévision nationale.
« Ce que nous voyons aujourd’hui n’est qu’une infime partie de l’immense capacité de missiles des forces navales des Gardiens de la révolution », mentionne le général Salami.
Les nouveaux missiles et leur matériel ont « des capacités opérationnelles avancées, telles que des tirs précis depuis des lanceurs souterrains et des sites de défense civile », précise-t-il.
« Les nouveaux équipements dans cette ville de missiles peuvent lancer des mines à différentes portées, permettre des opérations de tir mobiles et à 360 degrés, être utilisés dans les guerres électroniques, et améliorer la portée de tir et le pouvoir destructeur des forces navales du CGRI au combat », a expliqué le général Salami.
Selon le CGRI, les nouveaux missiles et équipements de lancement auraient été conçus et fabriqués par le ministère iranien de la Défense, des entreprises militaires et les organisations de recherche navale du CGRI.
L’année dernière, le CGRI a affirmé avoir construit de nombreuses « villes de missiles » souterraines le long de la côte du Golfe arabique et de la mer d’Oman, un « cauchemar pour les ennemis de l’Iran ». L’amiral Tangsiri affirme que les adversaires de l’Iran connaissent l’existence des bases mais que « leurs informations ne sont pas précis ».
Ces nouvelles bases de missiles « sont la preuve que l’Iran ne se contente pas de renforcer ses installations souterraines, mais qu’il effectue des essais et construit de nouveaux modèles de missiles », explique à Arab News l’analyste de la sécurité Theodore Karasik. « Malgré quelques perceptions locales et internationales en faveur de l’Iran, il s’avère que ce type de comportement résume la pensée iranienne au sujet de la sécurité maritime et des potentiels scénarios de guerre, et fait partie de la culture du CGRI en termes d’asymétrie ».
L’Iran et ses adeptes dans la région ont lancé des centaines d’attaques de missiles et de drones au cours de l’année écoulée, prenant pour cible des civils et des infrastructures énergétiques en Arabie saoudite. La création de « villes de missiles » soulève des questions sur l’engagement des États-Unis et des puissances européennes à relancer le plan d’action global conjoint (JCPOA), accord conclu en 2015 visant à freiner le programme nucléaire iranien en échange de la levée des sanctions.
Donald Trump a retiré les États-Unis de l’accord en 2018 et rétablit les sanctions, mais le président Joe Biden souhaite y retourner. Le Royaume et ses alliés estiment que tout nouvel accord devrait traiter le programme de missiles balistiques et l’agression régionale de l’Iran.
Selon l’analyste politique saoudien Hamdan Al-Shehri, « La communauté internationale est entièrement consciente des ambitions régionales de l’Iran et de son ingérence accrue dans les affaires régionales. Ces nouvelles images et vidéos sont des preuves amplement suffisantes pour incriminer l’Iran, car elles pourraient constituer un véritable aveu de ses capacités en matière de missiles, mais la communauté internationale refuse toujours d’agir ».
« Le monde a récemment entendu de hauts responsables iraniens se vanter de leur soutien à la milice houthie. Ils ont démontré à maintes reprises qu’ils militarisent la région afin de la rendre plus volatile et moins stable, alors qu’ils continuent d’étendre leurs capacités et leur rôle en tant que menace conventionnelle et non conventionnelle au Moyen-Orient », a-t-il ajouté.
« Si la communauté internationale demeure silencieuse face à cette agression, c’est elle qui en assumera la responsabilité », avertit l’analyste.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com