DACCA: Un tribunal du Bangladesh a ordonné dimanche l'ouverture d'une enquête après les accusations d'un caricaturiste, emprisonné plusieurs mois, qui affirme avoir été torturé par la police en vertu de la loi sur la sécurité numérique, a déclaré son avocat.
Ahmed Kabir Kishore, 45 ans, avait été arrêté en mai 2020 en vertu de cette controversée, accusé de mener des activités anti-étatiques et de répandre des rumeurs.
Ce caricaturiste très connu a obtenu de la Haute Cour il y a deux semaines une libération sous caution après le tollé provoqué par la mort en prison en février de Mushtaq Ahmed, un écrivain arrêté en vertu de la même loi.
Ahmed Kabir Kishore a affirmé que Mushtaq Ahmed et lui étaient détenus dans la même prison et que l'écrivain avait aussi été torturé par des inconnus, ce que les autorités démentent catégoriquement.
M. Kishore a déposé mercredi une requête auprès d'un tribunal de Dacca, affirmant qu'il avait été battu et giflé violemment par plus d'une douzaine d'inconnus qui l'avaient enlevé le 2 mai dernier et retenu pendant près de trois jours.
Il a déclaré que ces hommes l'avaient interrogé sur des caricatures qu'il avait dessinées se moquant d'un puissant homme d'affaires proche du gouvernement, et sur une série de dessins critiquant la réponse du gouvernement à la pandémie de coronavirus. Selon lui, les inconnus l'ont ensuite remis à une unité d'élite de la police.
Le tribunal a également ordonné à un service d'investigation spécialisé de la police «d'enquêter sur les tortures présumées et de soumettre un rapport avant le 15 avril», a déclaré l'avocat du caricaturiste, Jyotirmoy Barua.
L'avocat aussi indiqué que le tribunal avait ordonné à trois médecins d'un hôpital de Dacca d'examiner M. Kishore, et a ajouté qu'il avait subi samedi une opération de l'oreille droite pour des blessures qu'il aurait subies lorsqu'il a été battu.
La mort de Mushtaq Ahmed en prison a déclenché plusieurs journées de protestations contre le gouvernement du Premier ministre Sheikh Hasina. Les manifestants ont aussi demandé l'abrogation des lois sur le numérique, qui, selon eux, sont utilisées pour réprimer la dissidence.
Les Etats-Unis, l'Union européenne et les Nations unies ont tous exprimé leur inquiétude face à la dureté de ces lois.