DACCA: Le Bangladesh a vivement critiqué les remarques du secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, qui a accusé mardi 12 janvier, sur le site web du département d’État, le pays d’être un lieu «où des cellules d’Al-Qaïda ont perpétré des attentats».
Cette affirmation a suscité une riposte cuisante du ministère des Affaires étrangères du Bangladesh, qui a qualifié ces propos d’«irresponsables» et de «non fondés». «En affirmant que le Bangladesh était un pays où le groupe terroriste Al-Qaïda a perpétré des attentats, il a laissé entendre que des attentats similaires pourraient se produire à l’avenir. Des commentaires aussi irresponsables venant de la part d’un haut responsable sont très malheureux et inacceptables», a déclaré le ministre dans un communiqué.
Il a également nié la présence d’Al-Qaeda dans le pays. «Le Bangladesh rejette fermement ce genre de propos non fondés et ces falsifications», a déclaré le ministre, soulignant l’engagement de Dacca dans la lutte contre le terrorisme. «Le pays fait aujourd’hui partie de 14 conventions internationales de lutte contre le terrorisme et est activement impliqué dans des initiatives internationales préventives pour lutter contre le terrorisme», indique encore le communiqué. «Si une telle allégation pouvait être étayée par des preuves, le gouvernement du Bangladesh serait heureux de prendre les mesures nécessaires contre de telles activités. Toutefois, si une telle déclaration est faite par pure spéculation, le Bangladesh la juge très malheureuse, en particulier dans le contexte des relations bilatérales toujours croissantes entre les deux pays amis qui sont fondées sur des valeurs partagées, la paix et des objectifs communs».
Une opinion personnelle ?
Les propos de Pompeo ont déconcerté les spécialistes des affaires étrangères et de la sécurité. «Je ne vois pas pourquoi il a spécifiquement mentionné le Bangladesh en parlant d’Al-Qaïda», confie à Arab News l’ambassadeur Touhid Hossain, ancien ministre des Affaires étrangères. «L’implication d’Al-Qaïda n’a été prouvée dans aucun incident précédent au Bangladesh».
Les propos du secrétaire d’État américain ne nuiront probablement pas aux relations entre les États-Unis et le Bangladesh, a-t-il cependant ajouté. «Le Bangladesh et les États-Unis entretiennent de bonnes relations bilatérales et ce type de commentaire n’aura aucun impact sur ces relations».
Humayun Kabir, ancien ambassadeur bangladais aux États-Unis, a indiqué que Pompeo pourrait avoir exprimé une «opinion personnelle». «Par précaution, le Bangladesh doit comprendre l’origine de ces déclarations. Qu’est-ce qui a poussé Pompeo à tenir de tels propos ? Pourquoi a-t-il mentionné le Bangladesh ? Nous devons trouver les réponses à ces questions», explique M. Kabir à Arab News.
L’analyste de la sécurité Ishfaq Ilahi Choudhury a rejeté l’idée de la présence d’Al-Qaïda au Bangladesh. «Tous les pays font face à des menaces qui pèsent sur la sécurité. Mais nous n’avons aucune menace particulière concernant Al-Qaïda en ce moment», a-t-il assuré. «Pour moi, Pompeo est comme un homme qui essaie de se raccrocher aux branches concernant le Bangladesh».
Selon Amena Mohsin, professeur au département des relations internationales de l’université de Dacca, le Bangladesh est une «cible facile» pour Pompeo, lui permettant de détourner l’attention des «menaces sécuritaires intérieures» des États-Unis. «Comme une nouvelle administration va prendre les rênes à Washington, ces propos n’auront probablement aucun impact sur les relations entre les États-Unis et le Bangladesh», a-t-elle ajouté.
Mme Mohsin a en outre affirmé à Arab News que le Bangladesh possédait de bons indicateurs mondiaux de lutte contre le terrorisme et ne devrait pas être mentionné dans les pays en lien avec une organisation terroriste. «Le Bangladesh est très bien classé sur l’indice mondial du terrorisme, mieux que l’Inde et le Pakistan voisins», a-t-elle précisé.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com