Les Etats-Unis ont exprimé leur inquiétude jeudi face à une opération initiée par le Bangladesh de déplacement de réfugiés rohingyas vers une île estimée dangereuse par les organisations des droits humains, et ont affirmé que tout transfert devait être volontaire.
Dacca a entrepris le transfert de 100 000 Rohingyas depuis de sordides camps sur le continent, vers l'île de Bhasan Char, située fréquemment sur la trajectoire de cyclones, et que l'on dit sujette aux inondations.
Les Etats-Unis ont à nouveau exprimé leur reconnaissance envers le Bangladesh pour avoir accepté les réfugiés sur son territoire, mais ont déclaré être «inquiets» à propos du déplacement la semaine dernière de plus de 1600 Rohingyas, et alors que des opérations similaires sont prévues.
«Les Etats-Unis sont d'accord avec l'ONU que de tels transferts doivent être totalement volontaires et fondés sur un consentement éclairé, sans pression ni contrainte», a affirmé un porte-parole du département d'Etat dans un communiqué.
Le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric avait attiré l'attention vendredi dernier sur des informations, corroborées sur le terrain par l'AFP, selon lesquelles des réfugiés avaient subi des pressions pour être relocalisés.
Le ministre des Affaires étrangères du Bangladesh AK Abdul Momen a qualifié ces affirmations de «foutu mensonge» et affirmé que les infrastructures sur l'île étaient «bien meilleures» que dans les camps.
Washington a appelé le Bangladesh à autoriser la mise en place d' «évaluations techniques et de protection, approfondies et indépendantes» sur Bhasan Char afin de déterminer si l'île est adaptée à l'accueil de réfugiés.
Le communiqué américain intervient alors que la présidence Trump a vu les Etats-Unis réduire considérablement le nombre de réfugiés admis sur son territoire. Moins de 15 000 réfugiés devraient ainsi y être admis entre le 1er octobre 2020 et le 30 septembre 2021.
Le département d'Etat a assuré que les Etats-Unis représentaient le principal soutien des programmes de réfugiés au Bangladesh, les finançant à hauteur de 962 millions de dollars depuis 2017.
Les Etats-Unis ont également à nouveau enjoint à la Birmanie de permettre le retour des réfugiés, une perspective jugée improbable à court terme.
Quelque 750 000 réfugiés musulmans rohingyas, minorité persécutée en Birmanie, ont fui en 2017 une épuration ethnique dans l'Ouest de la Birmanie menée par l'armée et des milices bouddhistes. Ils sont venus grossir les rangs des quelque 200 000 Rohingyas déjà abrités au Bangladesh, legs de vagues de violence précédentes.