BEYROUTH: De nombreux manifestants se sont rassemblés au centre-ville de Beyrouth scandant des slogans appelant à des mesures économiques immédiates pour endiguer l'effondrement après la nouvelle chute de la monnaie libanaise samedi, poursuivant son effondrement dans un contexte de crise économique qui s’aggrave de jour en jour.
Dans le sud de la ville, le rond-point dit de "Cola", a été fermé au moyen de bennes à ordures renversées, tout comme les routes de Corniche Mazraa, la Cité sportive et Manara. L'autoroute menant vers le Sud a également été bloquée obligeant certains véhicules à faire emprunter des routes secondaires.
Dans le Sud, les voies menant à la place de l'Etoile, à Saïda, ont été fermées par des conducteurs de taxis et services.
Dans la Békaa et à Tripoli (Nord), plusieurs axes ont été verrouillés par des contestataires.
En début de soirée, L'Agence nationale de presse a rapporté que des manifestants sont entrés de force au supermarché « Le Charcutier » à Adonis Kesrouan (banlieue de Beyrouth) vêtus de vêtements noirs et arborant des drapeaux libanais, afin d'inspecter les entrepôts et d'enlever les denrées alimentaires subventionnées. Ils ont détruit des conserves des denrées alimentaires, et passé à tabac des ouvriers, ce qui a provoqué un état de panique et de peur parmi les clients.
Le début de la semaine dernière avait été marqué par des blocages de route en série au Liban, après que la monnaie nationale avait atteint le seuil des 10.000 livres libanaises pour un dollar sur le marché parallèle. Les routes avaient ensuite été dégagées suite à l'intervention de l'armée libanaise. Ce samedi, le taux a encore augmenté, pour atteindre les 12.000 L.L.
Au cours des dernières semaines, de multiples incidents ont éclaté dans divers supermarchés du pays, pendant que les clients dévalisent les produits subventionnés, dans un contexte de crise économique et financière aiguë.
La crise économique et financière du Liban s’est aggravée ces derniers jours, les querelles politiques entre groupes rivaux ayant retardé la formation d’un nouveau gouvernement qui devrait effectuer des réformes urgentes afin de sortir le pays de la crise.
La pire crise économique du Liban depuis des décennies a débuté en octobre 2019 et s'est aggravée avec la propagation du coronavirus et l’explosion massive du port de Beyrouth en août 2020. L'explosion de près de 3 000 tonnes de nitrate d'ammonium, une matière hautement explosive utilisée dans les engrais, a fait plus de 200 morts et 5 000 blessés.
La Banque mondiale a déclaré en décembre que le produit intérieur brut du Liban avait diminué d'au moins 19,2% rien qu'en 2020.
La dette du pays a atteint 90 milliards de dollars, soit 170% du PIB, ce qui en fait l’une des plus élevées au monde.