LE CAIRE: Le Parlement et le Sénat égyptiens ont rejeté en bloc samedi les accusations de violations des droits humains portées la veille par 31 pays contre Le Caire au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU.
« Aucun avocat, journaliste (...) ou militant des droits de l'Homme n'est détenu à moins d'avoir commis un crime justifiant les actions prises contre lui, via un procès ou une enquête juste conduite par (un pouvoir) judiciaire totalement indépendant de l'exécutif », a affirmé le Sénat égyptien dans un communiqué.
Menés par la Finlande, 31 pays --dont la France et les Etats-Unis-- ont appelé vendredi l'Egypte à cesser d'abuser de sa législation antiterroriste pour museler les opposants au régime, les défenseurs des droits et les journalistes et pour maintenir indéfiniment les voix critiques en détention préventive, dans une déclaration auprès des Nations unies à Genève.
« L'Etat égyptien a uniquement utilisé des lois antiterroristes contre ceux qui ont commis des crimes terroristes, tels que reconnus universellement », a surenchéri le Sénat, critiquant une déclaration qui « traite les dossiers évoqués de manière superficielle ».
De leur côté, les députés du Parlement ont appelé les pays signataires à ne pas se poser en « gardiens » de l'Egypte ou à « politiser des questions de droits humains à des fins électorales ».
Utilisant des arguments souvent employés par le président Abdel Fattah al-Sissi, le Parlement a regretté que le Conseil onusien ne se soit pas penché sur « les efforts déployés par l'Egypte pour maintenir la sécurité et la stabilité non seulement à l'intérieur (du pays) mais aussi dans la région (...) et pour améliorer le niveau de vie des citoyens égyptiens ».
Depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi par l'armée en 2013 et l'arrivée au pouvoir l'année suivante de M. Sissi, une répression croissante s'est abattue sur toute forme d'opposition, islamiste ou libérale.
Selon des ONG, l'Egypte compte plus de 60 000 détenus d'opinion.
Dès vendredi, l'Egypte avait rejeté toutes les accusations, affirmant dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères que la déclaration commune contenait « des informations erronées ».
Première condamnation internationale de cette envergure depuis 2014, elle « est un message clair à destination des autorités égyptiennes signifiant que le monde ne fermera plus les yeux », avait alors estimé Kevin Whelan, représentant d'Amnesty international à Genève.