Nicolas Sarkozy, le «mal-aimé»

L'ancien président français Nicolas Sarkozy lors d'une cérémonie pour rendre hommage aux victimes du terrorisme, au monument des Invalides à Paris le 11 mars 2021 (Photo, AFP)
L'ancien président français Nicolas Sarkozy lors d'une cérémonie pour rendre hommage aux victimes du terrorisme, au monument des Invalides à Paris le 11 mars 2021 (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 13 mars 2021

Nicolas Sarkozy, le «mal-aimé»

  • Un sondage Twitter  Arab News en français s’inscrit dans la tendance générale selon laquelle la cote de sympathie de Sarkozy reste faible
  • Il est important de «s’interroger sur le traumatisme que peut constituer la condamnation à la prison d’un ancien chef de l’État»

PARIS: Contrairement à d’autres anciens présidents français qui ont récupéré une certaine notoriété à la suite de leur retrait du pouvoir, l’ancien président français, Nicolas Sarkozy, occupe toujours la place du mal-aimé, à l’étranger comme dans son propre pays. 

En principe retiré de la vie politique, Nicolas Sarkozy, qui n’avait pas convaincu les Français, lors de l’élection présidentielle de 2012, se retrouve sous le feu des projecteurs après sa récente condamnation par le tribunal correctionnel de Paris, dans l’affaire des écoutes téléphoniques. 

La gravité de cette condamnation qui suscite un grand débat en France réside dans le fait que Sarkozy devient le premier président condamné à une peine de prison ferme sous la Ve République. 

La justice a estimé qu’il a abusé de son statut présidentiel au profit de son intérêt personnel en incitant son avocat Thierry Herzog à demander à l’ancien magistrat Gilbert Azibert de lui fournir des documents confidentiels dans une autre affaire judiciaire le concernant. 

Des critiques tonitruantes se sont élevées parmi les responsables de la droite, sa famille politique, accusant la justice de malmener l’ancien président et de s’acharner contre lui. 

Sondage Twitter Arab News en français 

Dans le sillage de ce débat, un sondage Twitter effectué par Arab News en français, montre que neuf ans après sa défaite électorale face à l’ancien président, François Hollande, la cote de sympathie de Sarkozy reste globalement faible. 

Ce sondage auquel ont répondu 4 128 votants, répartis dans 13 pays d’Europe, d’Afrique du Nord, du Proche-Orient et d’Afrique, montre qu’une large majorité des sondés estime que la justice n’a pas fait preuve d’équité dans sa condamnation de Sarkozy. 

Ainsi à la question: «La justice française a-t-elle été impartiale à l’égard de Nicolas Sarkozy dans l’affaire des écoutes?», 59 % des votants ont répondu «Non», contre 41 % ayant répondu «Oui». 

La tendance globale du sondage d’Arab News en français s’accorde avec celle d’un sondage de l’institut français Ifop indiquant que 50 % des personnes interrogées considèrent que la justice a été plus clémente avec Sarkozy qu’avec un autre citoyen français. 

Selon ce même sondage, 62 % des Français pensent que les politiques sont mieux traités que les autres par la justice. 

Double défiance 

Il est clair que ces résultats sont en lien avec la personnalité clivante de Sarkozy, qui n’a toujours pas gommé son image «bling-bling», son style bagarreur et dérangeant. 

Mais au-delà de la personnalité de l’ancien président, le débat concernant sa condamnation cristallise une fois de plus la double défiance existant depuis de nombreuses années en France. 

Il s’agit d’une part de la défiance d’une majorité de l’opinion publique vis-à-vis des membres de la classe politique de tous bords, perçus comme corrompus. 

Il s’agit d’autre part de la défiance de la classe politique, également de tous bords, à l’égard de la justice, dont tous s’acharnent à clamer son indépendance, mais n’hésitent nullement à l’accuser d’être politisée au fil des condamnations. 

Les réactions qui ont suivi la sentence à l’encontre de Sarkozy illustrent parfaitement cette double défiance. 

On a bien entendu les ténors de la droite française reprocher à la justice sa grande sévérité, voire son acharnement, envers l’ancien président, tout comme on a entendu dans l’opinion publique des voix qualifiant Sarkozy de «dangereux», et même parfois de «voyou». 

Ces deux positions restent irréconciliables tout au long des innombrables affaires judiciaires impliquant des personnalités politiques. 

Pour l’universitaire Fabien Bottini, c’est un phénomène sain qui s’inscrit dans la perspective d’un long cheminement remontant au IXe siècle. 

Il affirme que, déjà à cette époque, «la théorie d’un gouvernement spéculaire» soutenait que le chef de l’État se devait d’être «exemplaire et vertueux pour hériter son titre et être obéi de tous». 

Fabien Bottini, qui s’est exprimé dans le quotidien La Tribune, considère que le verdict contre Sarkozy s’inscrit «dans une évolution d’ensemble dont la finalité est d’assurer la neutralité de l’action publique dans le champ économique», dont dépend la prospérité de l’État. 

Les critiques qui l’ont accompagné tout comme la décision de Sarkozy de faire appel de sa condamnation «doivent être perçus comme le signe de la vitalité et non comme celui de la déliquescence de notre démocratie». 

Autre son de cloche de la part d’Arthur Chevalier, auteur de plusieurs ouvrages sur Napoléon et la République. Selon lui, il est important de «s’interroger sur le traumatisme que peut constituer la condamnation à la prison d’un ancien chef de l’État». 

Un président de la Ve république, estime-t-il, «n’est pas un citoyen lambda. La preuve, il continue d’être appelé par son titre.» 

Il est par conséquent légitime que les citoyens nourrissent à son égard «des sentiments singuliers» qui dépassent «la rationalité, l’équité, l’impartialité». 

Concernant les magistrats, Arthur Chevalier se demande dans les pages du magazine L’Express, s’ils sont «politisés», pour en déduire que «c’est l’évidence, mais qui ne l’est pas? À moins de confier la justice à des automates.» 

Loin de s’attarder sur ce genre de considérations, on peut supposer que Nicolas Sarkozy cherche à stopper la chute de sa popularité qui est de 10 points auprès des sympathisants de droite dont il n’est plus la personnalité préférée. 

 

 


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.