BEYROUTH: Déracinés et victimes de discrimination, déplacés à l'intérieur de la Syrie en guerre ou réfugiés à l'étranger, les enfants ne voient aucun avenir possible dans leur pays après dix années d'un conflit meurtrier, a souligné mardi l'ONG Save the Children.
«Cette guerre de dix ans a privé les jeunes du pays de leur enfance», a déploré Jeremy Stoner, directeur de Save the Children pour le Moyen-Orient.
Déclenchée en mars 2011 avec la répression par le régime de manifestations pacifiques, la guerre a fait plus de 387 000 morts et poussé à la fuite des millions de personnes, déplacés à l'intérieur du pays ou exilés à l'étranger.
«Le conflit prolongé a engendré la peur et le pessimisme quant à la capacité des enfants à construire leur vie dans un pays meurtri par la guerre», relève Jeremy Stoner.
Save the Children a interrogé entre novembre et décembre plus de 1 900 enfants et les personnes qui s'occupent d'eux en Syrie mais aussi à l'étranger.
En moyenne, 86% des enfants réfugiés interrogés en Jordanie, au Liban, en Turquie et aux Pays-Bas ont dit «ne pas souhaiter retourner dans leur pays d'origine», selon un rapport publié par l'ONG britannique pour le 10e anniversaire du début de la guerre.
«Je ne veux pas retourner vivre en Syrie. Je ne veux pas non plus rester au Liban», affirme Nada, réfugiée Syrienne qui vit dans le nord du Liban. «Peu importe où je vais, si nous allons à l'école, ils nous malmènent et nous disent qu'ils ne veulent pas de nous».
En Syrie même, un enfant déplacé sur trois préfère vivre dans un autre pays, selon l'ONG. Comme Lara, une fillette de 7 ans qui vit dans un camp de déplacés du nord-ouest syrien.
«Après dix ans, notre avenir est entièrement marqué par la guerre», dit-elle. «J'aimerai vivre dans n'importe quel pays sauf en Syrie. Quelque part où on est en sécurité, où il y a des écoles et des jouets».
Plus de 8,5 millions d'enfants Syriens, dans leur pays et à l'étranger, dépendent de l'aide internationale, selon l'ONU. Quelque 60% des enfants en Syrie n'ont pas un accès adéquat à la nourriture, et plus de la moitié ne sont pas scolarisés, d'après les Nations unies. Et sur les 5,6 millions d'enfants de réfugiés, plus d'un million sont nés en exil, selon la même source.