PARIS : Les députés LREM ont déposé lundi, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, une proposition de loi visant à «accélérer l'égalité économique et professionnelle», jusqu'à des quotas de femmes aux plus hauts postes dans les entreprises.
«L'argent des femmes a souvent été considéré comme un revenu d'appoint, parfois un argent de poche. Il faut que toutes les femmes, quel que soit leur parcours, qu'elles aient ou non des enfants, puissent bénéficier d'une autonomie financière et prétendre à une égalité économique avec les hommes», pour leur bénéfice mais aussi celui «de la société», soutient auprès de l'AFP la députée Marie-Pierre Rixain, présidente de la délégation aux droits des femmes à l'Assemblée nationale, qui porte ce texte.
Mme Rixain espère un examen du texte en mai pour une adoption avant la fin de l'année. «L'objectif est qu'il puisse produire ses premiers effets d'ici à la fin du quinquennat», a indiqué le patron du groupe LREM Christophe Castaner, qui défend sa «grande ambition», même s'il n'est pas «une révolution».
Dans ses premiers articles, la proposition de loi prévoit «l'obligation» de verser le salaire ou les prestations sociales sur un compte bancaire «dont le salarié est le détenteur ou le codétenteur».
Ce n'est que le 13 juillet 1965 que le Parlement a voté une loi autorisant les femmes à ouvrir un compte en banque à leur nom et à travailler sans le consentement de leur mari, rappelle la députée.
Le texte s'adresse aussi aux 85% de femmes à la tête de familles monoparentales, pour qui la charge parentale est «décuplée», en permettant l'accès à des dispositifs de formation et en réservant des places en crèche pour ces familles bénéficiaires de l'allocation de soutien familial.
Le texte vise également à «lutter contre les biais de genre» dans les choix professionnels, alors que les femmes ne sont que 26% en écoles d'ingénieur, en proposant de concevoir un «index de l'égalité» dans les établissements d'enseignement du supérieur et de favoriser la mixité des jurys.
Il prévoit que les entreprises de plus de 1.000 salariés publient chaque année une «photographie genrée» des 10% de postes «à plus forte responsabilité». D'ici cinq ans, les employeurs devront décrire «les actions mises en oeuvre pour permettre une représentation minimale de 30% de chaque sexe». D'ici à huit ans, ce taux sera porté à 40%.
A ce moment-là, les entreprises auront l'obligation d'atteindre un niveau de représentation des femmes fixé par décret, sous peine de pénalité financière dans un délai de deux ans. Il s'agit là de quotas.
La ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Elisabeth Moreno, est «favorable à toutes les mesures qui vont démultiplier le nombre de femmes dans toutes les sphères décisionnelles de l'entreprise».
«Il faut des quotas pour renverser la table» car «on ne peut pas se contenter d'avoir 20% de femmes dans les postes de cadres dirigeants», avait-elle martelé dimanche lors du Grand jury RTL-Le Figaro-LCI, tout en indiquant ne pas vouloir s'«immiscer» dans le travail parlementaire en cours.
En outre, la proposition de loi entend introduire des «objectifs de mixité» dans le soutien aux entreprises de la banque publique BpiFrance, alors que les femmes ont «30% de chances en moins» que les hommes d'obtenir des financements pour leur entreprise.
Alors que le président Emmanuel Macron et la majorité entendent mettre l'accent sur le volet social qui doit rééquilibrer un quinquennat marqué par de grandes lois sécuritaires, Mme Rixain explique que ce texte s'inscrit «dans une logique d'égalité des chances et de justice économique».