Trop cher, le Quartier latin à Paris fait fuir ses librairies

Un homme regarde des livres à la librairie Gibert Jeune du quartier Saint-Michel à Paris le 18 août 2015. (Hugo Mathy/ AFP)
Un homme regarde des livres à la librairie Gibert Jeune du quartier Saint-Michel à Paris le 18 août 2015. (Hugo Mathy/ AFP)
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Publié le Dimanche 07 mars 2021

Trop cher, le Quartier latin à Paris fait fuir ses librairies

  • Axées sur le scolaire et l'universitaire, puis confrontées à la concurrence de la vente en ligne et de son mastodonte Amazon, les librairies du quartier ont vu leur nombre chuter de 43% en 20 ans
  • La mairie propose des loyers "légèrement en-dessous" des prix du marché, pour les ré-implanter en misant sur un modèle "qui fonctionne": des petites librairies de proximité qui peuvent "faire aussi salon de thé"

PARIS : Dans le Quartier latin, cœur du savoir dans la capitale française depuis le Moyen Âge, la fermeture prochaine de quatre librairies du groupe Gibert, l'un des plus anciens vendeurs de livres du pays, illustre les difficultés d'un secteur qui, étouffé par les prix de l'immobilier, se réinvente ailleurs.

Sur la rive gauche de la Seine, ce quartier où s'est établie l'université de la Sorbonne dès le XIIIe siècle abrite des dizaines de librairies: des plus petites, ultra-spécialisées sur le droit, l'occasion ou la littérature canadienne, aux gigantesques comme la boutique Gibert-Joseph et ses six étages sur le boulevard Saint-Michel.

Mais aujourd'hui avec sa flopée d'enseignes franchisées installées le long de ce boulevard reliant les bords de Seine à la Sorbonne, ce "pôle d'attractivité" est "devenu un centre-ville de province", lâche sans méchanceté apparente un libraire de Boulinier, vendeur historique du quartier.

Malmenée par la hausse des loyers, cette librairie, née au XIXe siècle sur ce même boulevard, a dû déménager son magasin principal vers un local plus petit au printemps dernier.

Axées sur le scolaire et l'universitaire, puis confrontées à la concurrence de la vente en ligne et de son mastodonte Amazon, les librairies du quartier ont vu leur nombre chuter de 43% en 20 ans, selon les chiffres communiqués à l'AFP par l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur) sur les Ve et VIe arrondissements.

Le Quartier latin, épicentre de la révolte étudiante de mai 1968, reste un pôle universitaire majeur dans la capitale, mais moins de 10.000 étudiants y résident désormais, selon l'Insee.

Lentement, le centre de Paris, "embourgeoisé", moins peuplé, s'est tourné vers le tourisme, pendant que les facultés parisiennes se "décentraient" vers la périphérie et la banlieue, observe François Mohrt, urbaniste à l'APUR.

Croissance chez les "petits"

Les prochaines librairies à l'abandonner sont historiques: le groupe Gibert, premier libraire indépendant de France, qui y est installé depuis 135 ans, prévoit de fermer fin mars quatre de ses six boutiques Gibert-Jeune sur la très touristique place Saint-Michel, séparée par la Seine de la cathédrale Notre-Dame.

Entouré d'étagères déjà à moitié vides, un des 69 employés dont le poste sera supprimé confie: "C'est violent, mais on ne s'attendait pas à tenir 10 ans".

En 2020, la pandémie a vidé la place de ses touristes, puis Bruno Gibert, un ancien dirigeant du groupe, a vendu l'immeuble qui abritait la plus grande librairie de la place. Les loyers ne pouvaient rester les mêmes pour ces magasins en difficulté... accélérant leur chute.

Pour préserver "le commerce culturel" et "enrayer sa décrue", la mairie de Paris essaie de préempter les murs des librairies en grande difficulté, explique l'adjointe en charge du Commerce Olivia Polski.

La mairie propose des loyers "légèrement en-dessous" des prix du marché, pour les ré-implanter en misant sur un modèle "qui fonctionne": des petites librairies de proximité qui peuvent "faire aussi salon de thé", dit-elle.

Car à Paris, comme dans le reste du pays, ce sont les librairies généralistes de quartier qui redonnent espoir au secteur.

Selon le Syndicat de la librairie française (SLF), les librairies indépendantes ont renoué avec la croissance depuis 2017, malgré un léger recul en 2020 (-3,3%), pénalisées par "trois mois de fermeture" lors des confinements.

Ce sont les plus petites boutiques - celles au chiffres d'affaire inférieur à 300.000 euros par an - qui progressent le plus: leurs ventes ont bondi de 15% l'an passé.

Pour Guillaume Husson, délégué général du SLF: "Il y a un aspect social qui est incontournable aujourd'hui si l'on veut que sa librairie fonctionne".

Et la proximité, les relations humaines entre libraires et clients sont des qualités que les lecteurs recherchent plus "dans les petites structures", constate-t-il.

Le groupe Gibert tire la même leçon. Il gardera son magasin de six étages à côté de la Sorbonne mais écarte toute nouvelle ouverture dans le Quartier latin.

Et il réfléchit à ouvrir des librairies "de moins de 150m2" dans des arrondissements parisiens excentrés et "éventuellement en banlieue", mais "la question primordiale des loyers devra d'abord se poser", indique à l'AFP son directeur général Marc Bittoré.

 


«Effroi» du Festival de Cannes après la mort d'une photojournaliste palestinienne

La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film.  "Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP. (AFP)
La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film. "Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP. (AFP)
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  • La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi
  • Elle "s'était donné pour mission de témoigner, par son travail, son engagement et malgré les risques liés à la guerre dans l'enclave palestinienne, de la vie quotidienne des habitants de Gaza en 2025

PARIS: Le Festival de Cannes a exprimé mercredi "son effroi et sa profonde tristesse" après la mort d'une photojournaliste palestinienne, protagoniste d'un film qui doit être présenté cette année sur la Croisette et de plusieurs membres de sa famille, tués par un missile à Gaza.

La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film.

"Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP.

Elle "s'était donné pour mission de témoigner, par son travail, son engagement et malgré les risques liés à la guerre dans l'enclave palestinienne, de la vie quotidienne des habitants de Gaza en 2025. (Elle) est l'une des trop nombreuses victimes de la violence qui embrase la région depuis des mois".

"Le Festival de Cannes souhaite exprimer son effroi et sa profonde tristesse face à cette tragédie qui a ému et choqué le monde entier. Si un film est bien peu de chose face à un tel drame, (sa projection à l'Acid à Cannes le 15 mai) sera, en plus du message du film lui-même, une manière d'honorer la mémoire (de la jeune femme), victime comme tant d'autres de la guerre", a-t-il ajouté.

La réalisatrice Sepideh Farsi a rendu hommage jeudi dernier à la jeune femme, qui lui racontait, par appels vidéo, la vie à Gaza. "Je demande justice pour Fatem (ou Fatima, NDLR) et tous les Palestiniens innocents qui ont péri", a-t-elle écrit.

Reporters sans Frontières avait dénoncé sa mort, regrettant que son nom "s'ajoute aux près de 200 journalistes tués en 18 mois".

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, laquelle a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 51.266 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis le début de la guerre.


La danse des dauphins, vedette des îles Farasan

L'observation des dauphins renforce l'attrait croissant des îles Farasan pour l'écotourisme. (SPA)
L'observation des dauphins renforce l'attrait croissant des îles Farasan pour l'écotourisme. (SPA)
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  • L'observation de 5 espèces de dauphins met en évidence la biodiversité
  • Il est vital de coexister avec la vie marine, déclare un pêcheur local

RIYADH : L'observation de plus de cinq espèces de dauphins a renforcé la réputation des îles Farasan en tant que lieu de visite incontournable pour les amateurs de nature et d'animaux sauvages, a récemment rapporté l'agence de presse saoudienne.

Parmi les espèces observées, les grands dauphins et les dauphins à long bec volent la vedette. Les dauphins à long bec, connus pour leur nature enjouée, s'approchent souvent des croisières de loisir, ravissant les gens par leur charme.

Le pêcheur saoudien Mohammed Fursani, qui navigue dans ces eaux depuis longtemps, y voit un lien plus profond.


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
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  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).