LONDRES: La plus haute instance de défense des droits de l’homme de l’ONU a condamné «le recours systématique et intentionnel à la force meurtrière» de l’Iran contre les minorités du pays, à la suite d’une violente répression le mois dernier par les forces de sécurité dans la province du Sistan-Baloutchistan.
«Nous condamnons les violations des règles d’engagement de la force commises ces dernières semaines par le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) et les forces de sécurité de l’État contre des transporteurs de carburant non armés et des manifestants appartenant à la minorité baloutche», a déclaré Rupert Colville, porte-parole du Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU.
Le meurtre, le 22 février, d’«au moins 12 personnes, dont au moins deux mineurs» à la frontière entre l’Iran et le Pakistan, a provoqué une «série d’événements violents et de troubles», a-t-il ajouté.
Dans les jours qui ont suivi les meurtres à la frontière, des manifestants dans toutes les villes du Sistan-Baloutchistan ont saccagé des bâtiments gouvernementaux et du CGRI et se sont heurtés aux forces de sécurité.
M. Colville a indiqué qu’en raison des «coupures généralisées d’Internet dans plusieurs villes» de la province, il était difficile de confirmer le nombre exact de manifestants tués.
L’ONU estime que jusqu’à 23 personnes auraient pu être tuées, alors que des sources en contact avec des personnes à l’intérieur de l’Iran ont précisé à Arab News que les violences auraient pu faire jusqu’à 40 morts.
«Nous déplorons le recours systématique et intentionnel à la force meurtrière par les autorités frontalières iraniennes, en particulier contres les passeurs transfrontaliers issus des minorités kurdes et baloutches», a déclaré M. Colville.
Les Kurdes iraniens ont eux aussi été victimes de violence de la part du régime. «En 2020, 59 passeurs kurdes auraient été tués par les autorités frontalières dans les provinces du nord-ouest de l’Iran», a-t-il souligné. «Nous demandons que des enquêtes rapides, impartiales et complètes sur tous ces assassinats, et que les personnes responsables d’un recours illégal à la force répondent de leurs actes. Les victimes et leurs familles ont droit à la vérité et à une indemnisation.»
L’Iran a toujours été critiqué pour son traitement des différentes minorités ethniques. Selon l’ONG Amnesty International, «les minorités ethniques, notamment les Arabes d’Ahwaz, les Turcs azéris, les Baloutches, les Kurdes et les Turkmènes sont confrontées à une discrimination bien ancrée, qui limite leur accès à l’éducation, à l’emploi et à un logement convenable».
Outre le handicap économique et social systémique dont elles souffrent, ces minorités se retrouvent également au cœur du système judiciaire et pénal iranien tant critiqué, a estimé Diana Eltahawy, directrice adjointe d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Elle aussi affirmé que «les autorités utilisent la peine de mort pour semer la peur parmi les minorités ethniques défavorisées et parmi la population en général».
«L’usage disproportionné de la peine de mort contre les minorités ethniques d’Iran incarne la discrimination et la répression enracinées auxquelles elles sont confrontées depuis des décennies», a-t-elle conclu.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com