ALGER :La Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH) a demandé jeudi l'ouverture d'une enquête concernant de nouvelles accusations de torture émises par des détenus ou ex-détenus du Hirak, le mouvement de protestation populaire, et leurs avocats.
« Nous demandons au parquet de se saisir dès qu'il y a ce type de révélations, conformément à la loi" », a déclaré Saïd Salhi, le vice-président de la LADDH.
Trois activistes du Hirak, Karim Tabbou et Walid Nekkiche, tous deux anciens prisonniers, et Sami Dernouni, en détention, affirment avoir été torturés par des membres des services de sécurité.
« La justice doit s'autosaisir et prendre ses responsabilités en ouvrant une information judiciaire et un procès », a affirmé M. Salhi.
Lors de son procès le 1er février, Walid Nekkiche, étudiant de 25 ans, a dit avoir été « agressé sexuellement, physiquement et verbalement » par des éléments des services de sécurité pendant une garde à vue. Son témoignage éprouvant a suscité une vive indignation en Algérie.
Le parquet général a ensuite annoncé l'ouverture d'une enquête – confiée à la justice militaire – « dans le but d'établir la vérité sur ce qui ce serait passé ».
Karim Tabbou, opposant politique et figure emblématique du Hirak, avait témoigné le 4 mars 2020 devant la justice avoir subi des violences lors de son arrestation et d'un interrogatoire dans la caserne Antar, à Alger.
« On m'a frappé, insulté, humilié », avait-il dit.
Par ailleurs, Sami Dernouni, un jeune hirakiste arrêté en décembre 2020 et jugé mardi dernier, a affirmé avoir « été déshabillé, battu, torturé au pistolet électrique Taser » dans les mêmes locaux des services de sécurité à Alger, selon un de ses avocats, Me Ali Fellah, cité jeudi par le quotidien francophone El Watan.
M. Dernouni est poursuivi pour « incitation à attroupement », « atteinte à l'unité nationale » et « atteinte à la sécurité nationale ». Lors du procès, le procureur a requis 10 ans de prison ferme contre lui. Le verdict est attendu le 9 mars.
Dans un communiqué sur sa page Facebook, la LADDH évoque le cas de deux autres hirakistes ayant souffert de sévices.
« Aucune plainte, aucun procès n'a abouti », déplore l'ONG algérienne qui « rappelle au pouvoir sa pleine responsabilité et ses obligations de respect de la dignité humaine, de la protection des citoyens et justiciables ».
L'Algérie a ratifié en 1989 la Convention internationale contre la torture, qui est bannie par le code pénal et la Constitution du pays.