PARIS: Énigme résolue au Louvre : deux œuvres d'art du milieu du XVIe siècle ont été restituées au musée mercredi, près de quarante ans après leur vol, par la police, qui a retrouvé leur trace lors d'une succession dans le sud-ouest de la France.
Ce casque et cette dossière d'armure (haut du dos) avaient été légués au mondialement célèbre musée parisien en 1922 par la famille Rothschild, avant d'y être dérobés dans la nuit du 31 mai 1983, dans des circonstances qui n'ont jamais été éclaircies.
Mi-janvier, un expert en antiquités militaires, sollicité pour expertiser ces œuvres dans le cadre de la succession d'un habitant de Bordeaux (sud-ouest), a alerté les policiers de l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC).
Ses doutes sur les origines des pièces ont été confirmés après vérification sur le Treima, le fichier qui recense actuellement 100 000 œuvres d'art volées, a précisé le commissaire Frédéric Malon, sous-directeur chargé de la lutte contre la criminalité organisée à la Direction centrale de la police judiciaire. Quelque 900 œuvres ont été volées en 2020, a-t-il rappelé.
L'enquête, ouverte par le parquet de Bordeaux pour recel, devra tenter de déterminer comment les deux pièces, incrustées d'or et d'argent selon la technique du damasquinage, probablement réalisées par un atelier milanais vers 1560-1580, ont atterri chez le particulier bordelais dont la famille réglait la succession. En attendant, le Louvre savoure leur retour.
« J'étais certain qu'on les verrait réapparaître un jour car ce sont des objets trop particuliers », applaudit Philippe Malgouyres, conservateur en chef du patrimoine au département des objets d'art du Louvre. « Mais je ne pouvais pas imaginer que le scénario soit aussi favorable, à savoir qu'il s'agisse d'un recel en France et que les deux objets soient encore ensemble ».
« Ce sont des armes de prestige, d'un savoir-faire virtuose, un peu l'équivalent des voitures de luxe aujourd'hui », a-t-il ajouté. « Au XVIe siècle en Occident, les armes deviennent des objets de très grand luxe, l'armure devient un endroit de luxe et d'ornement qui n'a rien à voir avec son usage ».
Selon Jean-Luc Martinez, le président-directeur du Louvre, le dernier vol survenu dans le musée le plus visité au monde - avant la pandémie - remonte à 1998. « Un tableau de (Jean-Baptiste Camille) Corot que nous recherchons toujours », a-t-il précisé.