Deux œuvres de la Renaissance restituées au Louvre 40 ans après leur vol

Les deux pièces restituées au Louvre (Photo, AFP).
Les deux pièces restituées au Louvre (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 04 mars 2021

Deux œuvres de la Renaissance restituées au Louvre 40 ans après leur vol

  • Ce casque et cette dossière d'armure (haut du dos) avaient été légués au mondialement célèbre musée parisien en 1922 par la famille Rothschild, avant d'y être dérobés
  • «Ce sont des armes de prestige, d'un savoir-faire virtuose, un peu l'équivalent des voitures de luxe aujourd'hui»

PARIS: Énigme résolue au Louvre : deux œuvres d'art du milieu du XVIe siècle ont été restituées au musée mercredi, près de quarante ans après leur vol, par la police, qui a retrouvé leur trace lors d'une succession dans le sud-ouest de la France.

Ce casque et cette dossière d'armure (haut du dos) avaient été légués au mondialement célèbre musée parisien en 1922 par la famille Rothschild, avant d'y être dérobés dans la nuit du 31 mai 1983, dans des circonstances qui n'ont jamais été éclaircies.

Mi-janvier, un expert en antiquités militaires, sollicité pour expertiser ces œuvres dans le cadre de la succession d'un habitant de Bordeaux (sud-ouest), a alerté les policiers de l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC).

Ses doutes sur les origines des pièces ont été confirmés après vérification sur le Treima, le fichier qui recense actuellement 100 000 œuvres d'art volées, a précisé le commissaire Frédéric Malon, sous-directeur chargé de la lutte contre la criminalité organisée à la Direction centrale de la police judiciaire. Quelque 900 œuvres ont été volées en 2020, a-t-il rappelé.

L'enquête, ouverte par le parquet de Bordeaux pour recel, devra tenter de déterminer comment les deux pièces, incrustées d'or et d'argent selon la technique du damasquinage, probablement réalisées par un atelier milanais vers 1560-1580, ont atterri chez le particulier bordelais dont la famille réglait la succession. En attendant, le Louvre savoure leur retour.

« J'étais certain qu'on les verrait réapparaître un jour car ce sont des objets trop particuliers », applaudit Philippe Malgouyres, conservateur en chef du patrimoine au département des objets d'art du Louvre. « Mais je ne pouvais pas imaginer que le scénario soit aussi favorable, à savoir qu'il s'agisse d'un recel en France et que les deux objets soient encore ensemble ».

« Ce sont des armes de prestige, d'un savoir-faire virtuose, un peu l'équivalent des voitures de luxe aujourd'hui », a-t-il ajouté. « Au XVIe siècle en Occident, les armes deviennent des objets de très grand luxe, l'armure devient un endroit de luxe et d'ornement qui n'a rien à voir avec son usage ».

Selon Jean-Luc Martinez, le président-directeur du Louvre, le dernier vol survenu dans le musée le plus visité au monde - avant la pandémie - remonte à 1998. « Un tableau de (Jean-Baptiste Camille) Corot que nous recherchons toujours », a-t-il précisé.


Mort à 95 ans de Fumihiko Maki, architecte d'une des tours de Ground Zero à New York

Sa photo d'archive prise le 13 novembre 2013 montre l'architecte japonais Fumihiko Maki, qui a conçu le bâtiment, s'exprimant lors de la cérémonie d'ouverture du 4 World Trade Center de 72 étages à New York. (AFP)
Sa photo d'archive prise le 13 novembre 2013 montre l'architecte japonais Fumihiko Maki, qui a conçu le bâtiment, s'exprimant lors de la cérémonie d'ouverture du 4 World Trade Center de 72 étages à New York. (AFP)
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  • Maki était aussi l'un des fondateurs du métabolisme, un mouvement d'architecture avant-gardiste nippon des années 1960 qui proposait de concevoir les bâtiments comme des organismes vivants
  • De retour à Tokyo en 1965, il fonde son propre cabinet d'architecture, Maki and Associates, toujours en activité aujourd'hui et qui compte le rester

TOKYO: Fumihiko Maki, architecte japonais lauréat du prestigieux prix Pritzker en 1993 et concepteur d'une tour du nouveau complexe du World Trade Center à New York, est mort jeudi dernier à l'âge de 95 ans, a annoncé mercredi son agence dans un communiqué.

Il était aussi l'un des fondateurs du métabolisme, un mouvement d'architecture avant-gardiste nippon des années 1960 qui proposait de concevoir les bâtiments comme des organismes vivants.

Né à Tokyo le 6 septembre 1928, Fumihiko Maki a d'abord étudié au Japon auprès de Kenzo Tange, grand maître de l'architecture japonaise de l'après-guerre, très influencé par Le Corbusier.

Il a ensuite poursuivi sa formation aux Etats-Unis, où il a démarré sa carrière dans les années 1950, comme architecte et enseignant à la fois.

De retour à Tokyo en 1965, il fonde son propre cabinet d'architecture, Maki and Associates, toujours en activité aujourd'hui et qui compte le rester.

"Pour moi, le projet de création le plus significatif est ma société - Maki and Associates. Elle reste une oeuvre perpétuellement en cours, évoluant sans cesse en adoptant de nouvelles idées au fil du temps, assurant ainsi sa pérennité", selon une citation de M. Maki mentionnée mercredi par son cabinet.

Avec d'autres anciens disciples de Kenzo Tange comme Kisho Kurokawa (1934-2007) et Kiyonori Kikutake (1928-2011), Fumihiko Maki était l'un des auteurs du "manifeste du métabolisme" en 1960, qui posait les bases d'une nouvelle architecture s'inspirant des principes biologiques de la croissance et de la régénération.

Ce courant utopique, qui a connu son âge d'or dans les années 1960-70, proposait de considérer l'architecture comme un processus vital, avec des structures s'intégrant harmonieusement dans l'environnement urbain, mais aussi remplaçables voire modulables, comme des cellules.

Parmi ses nombreuses et très variées réalisations dans le monde figurent l'une des tours de bureaux formant le nouveau complexe du World Trade Center reconstruit à New York après les attentats du 11 septembre 2001 (4 WTC, 2013).

A l'inverse d'autres grands architectes japonais contemporains, Fumihiko Maki était plutôt méconnu en France, où il n'a été associé qu'à un seul projet, le plan d'urbanisme du quartier d'affaires de Châteaucreux à Saint-Etienne (sud-est) dans les années 2000-2010.


La France pleure Françoise Hardy, une de ses dernières icônes des sixties

La chanteuse française Françoise Hardy est photographiée à Paris, en novembre 1970. (AFP)
La chanteuse française Françoise Hardy est photographiée à Paris, en novembre 1970. (AFP)
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  • «Comment te dire adieu», son standard de 1968, revient mercredi dans les titres de la presse et dans les hommages sur les réseaux sociaux
  • «L'élégance» de ses «chuchotements harmonieux résonnera pour toujours dans le cœur des garçons et des filles de tout âge», écrit le musicien Jean-Michel Jarre

PARIS: "Enorme tristesse", "voix singulière", "légende de la chanson française": la France pleure mercredi la disparition de Françoise Hardy, une de ses dernières icônes des sixties, annoncée la veille.

"Maman est partie": c'est par ces simples mots sur ses réseaux sociaux, avec une photo de lui enfant auprès de sa mère, que son fils Thomas Dutronc a officialisé la nouvelle tard mardi soir.

Cette disparition, à 80 ans, après avoir lutté contre un cancer apparu dès 2004, survient presque un an après celle de Jane Birkin (juillet 2023), autre icône des sixties.

"Comment te dire adieu", son standard de 1968, revient mercredi dans les titres de la presse et dans les hommages sur les réseaux sociaux.

"Comment lui dire adieu ?", a ainsi posté Rachida Dati, ministre de la Culture, saluant une "légende de la chanson française".

"Icône française, voix singulière à la tranquillité farouche, Françoise Hardy aura bercé des générations de Français pour qui elle restera ancrée dans des moments de vie", salue le Premier ministre Gabriel Attal.

"L'élégance" de ses "chuchotements harmonieux résonnera pour toujours dans le cœur des garçons et des filles de tout âge", écrit le musicien Jean-Michel Jarre. "Quelqu'un que j'aimais infiniment vient de partir", confie le chanteur Julien Clerc.

Un clin d'oeil à son hit instantané de 1962, l'année de ses 18 ans: plus de deux millions d'exemplaires vendus pour "Tous les garçons et les filles", que Françoise Hardy avait écrit et composé, fait rare à l'époque.


Le street art mondial déboule au Petit Palais, une première «  historique  »

Le petit palais, photo d'illustration. (AFP).
Le petit palais, photo d'illustration. (AFP).
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  • Dans une salle aux murs rouges dédiée à la République, les artistes revisitent les codes de la Nation aux côtés d'Eugène Delacroix
  • Juste derrière, figure la Marianne à la larme de sang de Shepard Fairey, intitulée "Liberté, Égalité, Fraternité" et réalisée "en réponse aux attentats terroristes de 2015 à Paris"

PARIS: Une bombe aérosol géante affublée d'ailes d'ange trône au cœur du Petit Palais, à Paris, où une soixantaine d'artistes urbains internationaux ont investi l'espace avec environ 200 œuvres au milieu d'icônes des collections permanentes comme Delacroix.

C'est une première pour ce haut lieu des expositions d'art dans la capitale française. Jusqu'au 15 septembre, Shepard Fairey alias Obey (Etats-Unis), Invader (France), D*FACE (Royaume-Uni), Seth (France), Cleon Peterson (Etats-Unis), Hush (Royaume-Uni), Swoon (Etats-Unis, l'une des rares femmes), Vhils (Portugal), Inti (Chili), Add Fuel (Portugal) ou Conor Harrington (Irlande) offrent au public un étonnant voyage où leurs œuvres, majoritairement des toiles, dialoguent avec celles du XIXe siècle.

Un des meilleurs exemples est un tableau du Tunisien DaBro intitulé "Châtelet-les-Halles". Il représente une scène nocturne de rue, avec un danseur hip-hop qui se fond avec les scènes de genre du XIXe siècle qui l'entourent.

Idem pour la "Tour de Babel" de Seth, un empilement de livres anciens rejoignant un ciel multicolore, à l'orée d'une enfilade de salles aux boiseries précieuses.

L'un des espaces les plus spectaculaires, dans cette exposition intitulée "We are Here" (nous sommes là), est "la salle Concorde". Sont exposées, du sol au plafond, des dizaines de tableaux de street art représentant des figures humaines contemporaines ou leurs caricatures.

"Un hommage à l'ancien Salon des refusés de 1863 qui a accueilli les artistes de l'avant-garde exclus des cercles académiques", explique à l'AFP Mehdi Ben Cheikh, commissaire de l'exposition avec Annick Lemoine, directrice du Petit Palais.

Inclusion

"On l'a fait! Chacun a choisi son endroit et a pu voir ses œuvres mises en valeur et reconnues par l'institution", se félicite ce galeriste spécialisé depuis 20 ans dans le street art.

"C'est incroyable, je réalise un rêve, c'est un moment historique", commente, enthousiaste, D*FACE, quadra londonien. Lui a installé ses "ailes" d'ange (ou de casque de Gaulois), sa marque de fabrique, partout sur les statues dans l'une des coursives du Petit Palais. Sa bombe aérosol géante semble surgir du sol en mosaïque.

"Ces ailes connectent les gens avec mes œuvres dans la rue, chacun peut les interpréter à sa façon", dit-il.

Deux jours après les élections européennes et la poussée de l'extrême droite qui a provoqué un séisme en France, il dit espérer que l'exposition contribuera "à unir les gens plutôt qu'à les séparer, car l'art a la particularité d'être vraiment global, il ne s'occupe pas des divisions mais de l'inclusion", selon lui.

République

Dans une salle aux murs rouges dédiée à la République, les artistes revisitent les codes de la Nation aux côtés d'Eugène Delacroix.

Le Franco-Tunisien El Seed expose une calligraphie des paroles de "La Marseillaise" en bleu-blanc-rouge.

Juste derrière, figure la Marianne à la larme de sang de Shepard Fairey, intitulée "Liberté, Égalité, Fraternité" et réalisée "en réponse aux attentats terroristes de 2015 à Paris". C'est aussi lui qui avait créé l'affiche "Hope" de la campagne de Barack Obama en 2008.

"Avec la montée des nationalismes dans de nombreux pays, tout ce qui peut rappeler aux gens qu'on est tous sur la même planète, c'est bien. Ce que j'adore avec l'art urbain c'est que ça unit les gens partout, loin d'une pensée individualiste, protectionniste, égoïste, et ce moment est très important en ce sens", dit-il.

"Ça permet de rapprocher deux mondes qu'on pensait diamétralement opposés", acquiesce El Seed.

"Je me suis aperçu que les artistes jouaient un énorme rôle dans la réconciliation des Français avec les codes, c'est-à-dire que les Anglais et les Américains sont très fiers de leur drapeau, et nous, dès qu'on mettait le bleu-blanc-rouge, on était presque affilié au RN (ex-FN). Shepard a pris la chose au vol et il a fait la Marianne", souligne Mehdi Ben Cheikh.