TINDOUF: Ayant repris les armes mi-novembre, les indépendantistes du Front Polisario ont accusé samedi les Nations unies d'être responsables du « blocage politique » et de faire le jeu du Maroc au Sahara occidental, un territoire disputé depuis 30 ans.
« Le Maroc n'aurait pas pu faire ce qu'il a fait sans le soutien de la communauté internationale, le soutien de l'ONU, du Conseil de sécurité ainsi que du secrétaire général de l'ONU », a affirmé un haut responsable du Polisario, Khatri Addouh, dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf en Algérie, à l'occasion du 45e anniversaire de la République arabe sahraouie démocratique (RASD).
Après presque 30 ans de cessez-le-feu, les tensions ont ressurgi en novembre 2020 quand le Maroc a déployé ses troupes dans la zone tampon de Guerguerat, dans l'extrême sud du territoire, après qu'un groupe de militants sahraouis a bloqué la seule route vers la Mauritanie voisine.
Depuis, frustré par l'impasse du processus onusien, le Polisario a repris les hostilités et se dit « en état de guerre de légitime défense ».
Il reste très difficile de savoir de source indépendante ce qui se passe sur le terrain, difficile d'accès.
Les négociations de paix quadripartites (Maroc, Polisario, Algérie et Mauritanie) menées sous l'égide de l'ONU sont au point mort depuis mars 2019.
« Laxisme »
« Le Front Polisario a tenté durant 29 ans d'éviter la guerre en faisant des concessions, mais il s'est confronté à une absence totale de coopération tant de la part de la partie marocaine que de l'ONU », a critiqué M. Addouh, cité par l'agence officielle sahraouie SPS.
Le responsable du Polisario a attribué à l'ONU la responsabilité du « blocage politique » de la question sahraouie en raison de son « laxisme » face au Maroc.
Lors d'une rencontre jeudi avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune, le secrétaire général du Polisario, Brahim Ghali, avait déploré « le silence de la communauté internationale ». Il a exhorté les organisations internationales de défense des droits humains à se rendre dans l'ancienne colonie espagnole « pour protéger les citoyens sahraouis sans défense ».
« Le peuple sahraoui poursuivra sa lutte pour imposer la justice et libérer le territoire sahraoui de la présence marocaine », a promis samedi Brahim Ghali, qui est aussi président de la RASD, autoproclamée le 27 février 1976, dans un discours prononcé au camp de réfugiés d'Aousserd.
Comme à chaque anniversaire, le Polisario a présenté ses forces armées lors d'une parade militaire en présence des dirigeants sahraouis.
Des colonnes de soldats, portant des masques sanitaires, ont présenté les armes, tandis qu'une femme entièrement enveloppée dans le drapeau sahraoui défilait devant eux.
Référendum d'autodétermination
La question du statut du Sahara occidental, considéré comme un « territoire non autonome » par l'ONU en l'absence d'un règlement définitif, oppose depuis des décennies le Polisario au Maroc.
Le Polisario, soutenu par l'Algérie, réclame un référendum d'autodétermination prévu par l'ONU, tandis que le Maroc propose un plan d'autonomie sous sa souveraineté. Rabat contrôle environ 80% de ce vaste territoire désertique, où de grands chantiers de développement marocains ont été lancés ces dernières années.
Peu avant son départ de la Maison Blanche, Donald Trump a reconnu la souveraineté marocaine sur l'ensemble du Sahara occidental en contrepartie d'une normalisation des relations de Rabat avec Israël.
Les Sahraouis placent désormais leurs espoirs dans la nouvelle administration Biden pour qu'elle revienne sur cette décision qui « viole toutes les décisions et résolutions de toutes les instances internationales ».
« En réalité, Trump ne fait que rajouter des problèmes à l'administration qui lui succède, c'est-à-dire celle de Biden », a estimé Khatri Addouh, en marge des festivités à Tindouf.
Depuis, l'ONU, qui compte sur place une mission aux prérogatives limitées, la Minurso (Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental), a indiqué que sa position était « inchangée », comme plusieurs pays impliqués dans le dossier.