Edouard Philippe s'en va, Emmanuel Macron remanie le gouvernement

De récents sondages d’opinion ont montré que le Premier ministre sortant est plus populaire que le président de la République.  (Photo d’archives AFP).
De récents sondages d’opinion ont montré que le Premier ministre sortant est plus populaire que le président de la République. (Photo d’archives AFP).
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Publié le Vendredi 03 juillet 2020

Edouard Philippe s'en va, Emmanuel Macron remanie le gouvernement

  • Même s'il s'en défend, ce remaniement permettra aussi à Emmanuel Macron de garder en ligne de mire et éventuellement se positionner pour la prochaine élection présidentielle en 2022. 
  • Le changement d'équipe intervient dans la foulée du deuxième tour des élections municipales dimanche 28 juin, marqué par une poussée écologiste dans les centres urbains.

PARIS: Edouard Philippe va quitter son poste de Premier ministre après plus de trois ans en fonction, a annoncé vendredi à l'AFP une source au sein de l'exécutif. Depuis 10H00 vendredi, les préparatifs pour la passation de pouvoir entre M. Philippe et son successeur, dont le nom n'est pour l'heure pas connu, s'accéléraient à Matignon, a constaté un journaliste de l'AFP. "Fier des 1145 jours d’@EPhilippePM à Matignon et merci à @EmmanuelMacron de lui avoir fait confiance", a pour sa part déclaré sur Twitter l'eurodéputé Gilles Boyer, ami intime et ancien conseiller de M. Philippe.

Le président français Emmanuel Macron amorce ce vendredi un virage politique pour donner un nouveau cap à la deuxième partie de son quinquennat, avec la démission de son gouvernement et la formation d'une nouvelle équipe.

Comme attendu, le Premier ministre Édouard Philippe, en poste depuis le début du mandat de M. Macron en 2017, a remis la démission de l'exécutif vendredi matin au Palais de l'Elysée.

La démission a été acceptée et "un nouveau Premier ministre sera nommé dans les prochaines heures", a précisé l'Élysée. Ce nouveau chef de gouvernement formera ensuite, en accord avec le président, une nouvelle équipe, sans doute dans les prochains jours.

Selon des sources concordantes ayant parlé à l'AFP, Edouard Philippe ne restera pas chef de ce nouveau gouvernement. Issu de la droite, n'ayant jamais adhéré au parti présidentiel, Édouard Philippe est plus populaire qu'Emmanuel Macron, selon les sondages d'opinion.

Pour le remplacer, les proches du président citaient ces derniers jours la ministre des Armées Florence Parly, la présidente de l'Ile-de-France (région parisienne), Valérie Pécresse, ou Jean Castex, le haut-fonctionnaire chargé du plan de déconfinement pour l'épidémie de Codiv-19.

En attendant d'être remplacé, le gouvernement sortant expédie les affaires courantes, et à l'Assemblée nationale, où était examiné le troisième projet de budget rectifié, la séance a été suspendue. Du fait de la démission du gouvernement, "nous allons interrompre nos travaux", a indiqué le président de séance.

La composition du nouveau gouvernement devrait être connue avant mercredi, date prévue du prochain conseil des ministres, selon l'entourage du président.

 "Nouvelle étape"

Le nouveau gouvernement devra "mettre en œuvre la nouvelle étape du quinquennat, le projet de reconstruction sociale, économique, environnementale et locale", a fait savoir l'Élysée.

Après trois ans de pouvoir, après avoir conduit des réformes controversées comme celles de l'assurance chômage, traversé plusieurs crises, comme celle des manifestants Gilets jaunes ou la crise sanitaire du Covid-19, Emmanuel Macron avait annoncé un nouveau souffle, une nouvelle orientation, un besoin, selon ses mots de "se réinventer", alors qu'il n'est pas très populaire et que le pays se prépare à subir un fort contrecoup économique du fait de la pandémie.

"J'ai ma part de maladresse. J'ai parfois considéré qu'il fallait aller vite sur certaines réformes. Cela ne peut marcher que par le dialogue. J'ai beaucoup d'ambition pour notre pays. J'ai parfois donné le sentiment de vouloir faire les réformes contre les gens", a-t-il déclaré dans un entretien publié vendredi dans la presse régionale.

Pour autant "le cap sur lequel je me suis engagé en 2017 reste vrai", a-t-il réaffirmé . Le prochain gouvernement sera chargé d'appliquer le "nouveau chemin" qu'Emmanuel Macron a commencé à dessiner, avec une priorité sur la politique de santé, le grand âge et un plan pour la jeunesse.

Même s'il s'en défend, ce remaniement permettra aussi à Emmanuel Macron de garder en ligne de mire et éventuellement se positionner pour la prochaine élection présidentielle en 2022. 

Le changement d'équipe intervient dans la foulée du deuxième tour des élections municipales dimanche 28 juin, marqué par une forte abstention, un revers pour le parti présidentiel La République en marche et une poussée écologiste dans les centres urbains. Il convient de noter que changer d'équipe gouvernementale pour impulser un nouvel élan après un revers aux élections municipales est devenu un classique en politique, après les remaniements survenus en 1977, 1983, 2001, 2008 et 2014.

Pour ce "gouvernement de combat", "nous aurons peu de priorités : la relance de l'économie, la poursuite de la refondation de notre protection sociale et de l'environnement, le rétablissement d'un ordre républicain juste, la défense de la souveraineté européenne", a déclaré le président à la presse régionale, estimant qu'il fallait "de nouveaux visages", de "nouveaux talents", "des personnalités venues d'horizons différents", a ainsi martelé Emmanuel Macron dans son grand entretien.  "Le choix des hommes et des femmes est important mais les ambitions pour le pays sont plus grandes que nous", a-t-il assuré.

 

 


Plusieurs centaines de personnes ont manifesté lors d'un rassemblement antifasciste à Paris

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  • Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée.
  • « Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle.

PARIS : Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée, pour laquelle six membres de l'ultradroite ont été inculpés, a constaté un journaliste de l'AFP.

« Paris, Paris, Antifa ! », « Pas de quartier pour les fachos, pas de fachos dans nos quartiers », « Nous sommes tous antifascistes », ont scandé les manifestants réunis place de la République. Un drapeau rouge « No pasaran » a été accroché sur un flanc de la statue, au centre de la place emblématique.

Ce rassemblement se tient six jours après l'agression à l'arme blanche d'un homme membre du collectif Young Struggle, qui se présente comme une « organisation de jeunesse socialiste » et adhérent au syndicat CGT. Il avait dû être hospitalisé quelques heures.

Dimanche dernier, « une vingtaine de personnes » appartenant à la mouvance d'ultradroite, « cagoulées et munies de tessons de bouteille » selon la préfecture de police, avaient pénétré dans la cour d'un immeuble où se situe une association culturelle de travailleurs immigrés de Turquie et agressé une personne avant de prendre la fuite.

Six jeunes hommes ont été inculpés pour violences volontaires aggravées. L'un d'eux, qui avait du sang sur ses vêtements et qui a reconnu sa participation, a été incarcéré.

« Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle, avant de faire siffler le nom de Bruno Retailleau, ministre français de l'Intérieur et connu pour ses positions très conservatrices.

« Partout, l'extrême droite se répand, encouragée par les saluts nazis de Elon Musk et Steve Bannon », a déclaré à sa suite Mathilde Panot, cheffe des députés du parti de gauche radicale LFI (La France Insoumise).

Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, a récemment été sous le feu des projecteurs pour un geste qualifié de salut nazi lors de la convention CPAC, la grand-messe des conservateurs américains près de Washington.

Il a brièvement tendu sa main en l'air après avoir déclaré devant les supporters de Donald Trump : « Nous n'allons pas reculer, nous n'allons pas capituler, nous n'allons pas abandonner. Luttez, luttez, luttez ! »

En janvier, le milliardaire Elon Musk, conseiller de Donald Trump, avait lui-même été épinglé pour un geste ambigu analogue.


Macron dira à Trump qu'entre alliés on ne peut pas "faire souffrir l'autre" avec des droits de douane

Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
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  • "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris
  • Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques

PARIS: "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris alors que Donald Trump menace d'imposer des droits de douane sur de multiples produits européens.

"Je vais (lui) en parler parce qu'on a besoin d'apaiser tout ça", a relevé le président français qui doit rencontrer son homologue américain lundi à Washington.

"La filière agricole et agroalimentaire (française), c'est une grande filière d'exportation, donc il faut la défendre pour la rendre encore plus compétitive", a-t-il ajouté.

Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques, c'est-à-dire que les États-Unis appliqueront le même niveau de droits de douane sur les produits en provenance d'un pays que le niveau appliqué dans ce pays aux produits américains.

Il a également annoncé le retour de droits de douane sur l'acier et l'aluminium. Et, s'il a déjà visé le Canada, le Mexique et la Chine, il a régulièrement assuré que les pays européens étaient également menacés.

En France, les viticulteurs sont particulièrement inquiets d'un retour des droits de douane américains sur le cognac et le vin, qu'ils exportent en masse vers les États-Unis, d'autant que le cognac souffre déjà d'un différend commercial entre l'UE et la Chine, son premier marché en valeur.

"Je suis déterminé sur tous les sujets pour avoir un échange" avec Donald Trump, a encore dit Emmanuel Macron. "On partagera nos accords, nos désaccords et j'espère surtout qu'on trouvera des solutions sur la question de l'Ukraine".

Le président américain est reparti à la charge vendredi contre son homologue ukrainien. Tout en estimant que Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine allaient "devoir se parler", pour "mettre fin au massacre de millions de personnes", il a jugé que la présence de l'Ukrainien n'était "pas importante" dans des négociations avec la Russie.

Il a ciblé par ailleurs Emmanuel Macron, et Keir Starmer, qui n'ont selon lui "rien fait" pour mettre un terme à la guerre. Le Premier ministre britannique est attendu jeudi à Washington.


Au Salon de l'agriculture, Macron attendu au tournant

Une femme marche devant une affiche sur laquelle on peut lire "Fiers et unis avec nos agriculteurs" à la veille de l'ouverture du 61e Salon international de l'agriculture (SIA), au parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, le 21 février 2025. (AFP)
Une femme marche devant une affiche sur laquelle on peut lire "Fiers et unis avec nos agriculteurs" à la veille de l'ouverture du 61e Salon international de l'agriculture (SIA), au parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, le 21 février 2025. (AFP)
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  • Le 61e Salon de l'agriculture est inauguré samedi à Paris par Emmanuel Macron, attendu au tournant par des agriculteurs toujours remontés et par des organisateurs aux aguets après sa visite chaotique de l'an dernier
  • Plus de 600.000 visiteurs sont attendus sur les neuf jours du Salon

PARIS: Visites politiques encadrées et les vaches seront bien gardées? Le 61e Salon de l'agriculture est inauguré samedi à Paris par Emmanuel Macron, attendu au tournant par des agriculteurs toujours remontés et par des organisateurs aux aguets après sa visite chaotique de l'an dernier.

Pas d'incitation à chahuter cette année, mais des appels au calme ambivalents de la part des principaux syndicats agricoles, qui doivent être reçus l'un après l'autre en début de matinée avant la traditionnelle coupe de ruban et la déambulation présidentielle.

Plus de 600.000 visiteurs sont attendus sur les neuf jours du Salon, qui ouvre ses portes au public à 09H00. En 2024, des milliers de personnes avaient été bloquées à l'extérieur pendant plusieurs heures en raison de heurts entre manifestants et CRS en marge de la venue d'Emmanuel Macron, entre huées, insultes, bousculades et violences.

Sécurité renforcée, commissariat mobile, chartes pour encadrer les visites politiques... Les organisateurs sont sur les dents pour ne pas voir se répéter le scénario catastrophe de l'an dernier.

L'entourage d'Emmanuel Macron lui a conseillé d'éviter une visite marathon, à l'image des 13 heures de déambulation de 2024 parmi les plus de 1.400 exposants et 4.000 animaux accueillis chaque année.

"Le président sera très probablement pris à parti", a averti Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, syndicat historique, qui l'attend sur les dossiers internationaux.

Cet automne, c'est l'opposition à l'accord de libre-échange UE-Mercosur qui a servi de cri de ralliement pour relancer les manifestations d'agriculteurs, qui dénoncent aussi les taxes douanières chinoises et craignent des mesures similaires de la nouvelle administration américaine.

"Je souhaite qu'il en parle à Donald Trump (...): arrêter les importations massives qui ne respectent pas nos normes, lever les contraintes qui nous empêchent d'être compétitifs", renchérit Pierrick Horel des Jeunes Agriculteurs, alliés de la FNSEA.

Pour Patrick Legras, porte-parole de la Coordination rurale, forte de sa percée aux élections professionnelles de janvier, "ça va être tendu". Selon lui, Emmanuel Macron va aussi avoir du mal à "expliquer qu'on négocie encore un accord pour importer du sucre ou du poulet d'Ukraine" — l'accord d'association UE-Ukraine, en cours de révision — évoquant des produits érigés en symboles d'une "concurrence déloyale".

Coutumière des actions coup de poing, la Coordination rurale a toutefois passé à ses sympathisants un message d'apaisement, dans l'espoir qu'Emmanuel Macron "aura vraiment quelque chose" à leur dire, selon sa président Véronique Le Floc'h.

- "Où sont les promesses?" -

Plus d'un an après la mobilisation qui avait bloqué routes et autoroutes, l'heure est au bilan des mesures obtenues par les agriculteurs qui réclament un revenu "décent", plus de considération et moins d'injonctions.

Pour le gouvernement, ses engagements ont été "honorés": "500 millions d'euros d'allégement de charges fiscales prévus dans le budget", "soutien à la trésorerie pour les agriculteurs en difficulté", "indemnisations à hauteur de 75 millions d'euros aux propriétaires du cheptel touché par les épizooties" ou encore "la mise en place du contrôle administratif unique en octobre dernier".

Surtout, deux jours avant le Salon, le Parlement a adopté la loi d'orientation agricole, attendue depuis trois ans par la profession. Ce texte érige l'agriculture au rang "d'intérêt général majeur", facilite les installations, la construction de bâtiments d'élevage et le stockage de l'eau, tout en dépénalisant certaines infractions environnementales.

"Un an après, où sont passés les prix plancher et ses promesses? Au Salon 2024, nous demandions des prix minimum garantis pour les producteurs: non seulement on n'a pas du tout avancé, mais la situation est pire aujourd'hui", s'indigne Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne, troisième syndicat.

Elle estime que les demandes de l'alliance FNSEA-JA et de la CR ont été privilégiées, au détriment d'une "réelle transition agroécologique". Un argument repris par la gauche à propos de la loi d'orientation agricole.

Les personnalités politiques de tous bords devraient se succéder auprès de la vache limousine Oupette, égérie de l'édition 2025. Le Premier ministre François Bayrou est attendu lundi.

Malgré la volonté des organisateurs de limiter les visites à une journée pour chaque parti, Jordan Bardella (RN) a prévu de s'y rendre dimanche et lundi avec une délégation, comme en 2024, où les demandes de "selfies" avec le chef du parti d'extrême droite avaient contrasté avec la visite présidentielle.

En novembre, à la veille de nouvelles mobilisations paysannes, il s'était affiché dans le Lot-et-Garonne avec des cadres de la Coordination rurale, qui faisait campagne de son côté pour "dégager la FNSEA" des chambres d'agriculture.