Allemagne: verdict historique attendu dans le premier procès des exactions du régime syrien

Une vue générale montre la Cour régionale supérieure à Naumburg, en Allemagne de l'Est, le 23 février 2021. (Ronny Hartmann / AFP)
Une vue générale montre la Cour régionale supérieure à Naumburg, en Allemagne de l'Est, le 23 février 2021. (Ronny Hartmann / AFP)
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Publié le Mercredi 24 février 2021

Allemagne: verdict historique attendu dans le premier procès des exactions du régime syrien

  • C'est la première fois dans le monde qu'une Cour se prononce sur un dossier lié à la répression brutale et sanglante par Damas
  • Pour les juger, l'Allemagne applique le principe de la compétence universelle qui permet de poursuivre les auteurs des crimes les plus graves

COBLENCE : La justice allemande rend mercredi un verdict de portée historique à l'encontre d'un ancien militaire du renseignement syrien jugé dans le tout premier procès des exactions imputées au régime de Bachar al-Assad.

A l'approche du dixième anniversaire du début du soulèvement populaire en Syrie le 15 mars 2011, c'est la première fois dans le monde qu'une Cour se prononce sur un dossier lié à la répression brutale et sanglante par Damas des manifestations pour la liberté organisées dans le cadre des "Printemps arabes".

Eyad al-Gharib, 44 ans, répond de complicité de crimes contre l'humanité. Il est accusé d'avoir participé à l'arrestation et à l'incarcération dans un centre de détention secret du régime, "la branche 251" ou Al-Khatib, d'au moins 30 manifestants à l'issue d'un rassemblement à Douma, chef-lieu de la Ghouta orientale, près de Damas, en septembre ou octobre 2011. 

Il sera le premier des deux accusés qui comparaissent depuis le 23 avril dernier devant la Haute Cour régionale de Coblence (ouest) à recevoir sa sentence, les juges ayant choisi de scinder la procédure en deux.

Le second accusé, Anwar Raslan, 58 ans, considéré comme bien plus central dans le vaste appareil sécuritaire syrien, est poursuivi pour crimes contre l'humanité pour la mort de 58 personnes et la torture de 4.000 détenus notamment.

Le procès de cet ancien colonel devrait durer au moins jusqu'à la fin octobre. 

Pour les juger, l'Allemagne applique le principe de la compétence universelle qui permet de poursuivre les auteurs des crimes les plus graves quels que soient leur nationalité et l'endroit où les crimes ont été commis.

Diaspora

Les recours devant des juridictions nationales en Allemagne, en Suède ou en France se multiplient à l'initiative de l'importante diaspora syrienne réfugiée en Europe. Ils sont à l'heure actuelle la seule possibilité de juger les exactions perpétrées en Syrie en raison de la paralysie de la justice internationale.

A Coblence, le Parquet a requis cinq ans et demi d'emprisonnement à l'encontre d'Eyad al-Gharib, qui officia dans les plus bas échelons du renseignement avant de déserter en 2012 puis finalement de fuir la Syrie en février 2013.

Arrivé le 25 avril 2018 en Allemagne après une longue odyssée en Turquie puis en Grèce, il n'a jamais dissimulé son passé. 

C'est même lorsqu'il a raconté son parcours sinueux aux autorités chargées de statuer sur sa demande d'asile que la justice allemande a commencé à s'intéresser à lui, ce qui a conduit à son interpellation en février 2019.

L'accusation assure qu'il a été un rouage dans un système où la torture se pratiquait avec "une ampleur presque industrielle". 

Resté dans l'ombre d'Anwar Raslan durant les 10 mois d'audience, Eyad al-Gharib a gardé le silence et caché son visage aux caméras. Il a néanmoins écrit une lettre dans laquelle il a exprimé sa peine pour les victimes.

Et c'est le visage ruisselant de larmes qu'il a écouté ses avocats réclamer son acquittement, arguant du fait qu'au plus bas de l'échelon, il aurait mis en danger sa vie et celle de sa famille s'il n'avait pas exécuté les ordres dans un régime qui écrasait toute volonté de désobéir.

Férule

L'accusé était en outre sous la férule d'un cousin et proche de Bachar al-Assad, Hafez Makhlouf, redouté pour sa brutalité.

Un avocat des parties civiles, Patrick Kroker, a néanmoins déploré son mutisme. Les gens "de son grade peuvent s'avérer très important pour nous informer sur les (responsables syriens) que nous visons vraiment, mais c'est quelque chose qu'il a choisi de ne pas faire".

Plus d'une dizaine de Syriens et de Syriennes ont défilé à la barre pour témoigner des effroyables sévices qu'ils ont endurés dans la prison d'Al-Khatib. 

Certains témoins ont été entendus anonymement, le visage dissimulé ou coiffé d'une perruque par crainte de représailles sur leurs proches toujours en Syrie. 

Pour la première fois des photos du "dossier César" ont en outre été présentées dans un tribunal. Cet ex-photographe de la police militaire a exfiltré au péril de sa vie 50.000 clichés montrant 6.786 détenus syriens figés par une mort brutale, affamés et suppliciés. 

Des photos qui ont été analysées devant la Cour par un médecin légiste, le professeur Markus Rotschild, constituant des preuves matérielles accablantes.


Gaza : le pape François appelle au « respect immédiat » de la trêve

Le  pape François (Photo AFP)
Le  pape François (Photo AFP)
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  • « J'exprime ma gratitude à tous les médiateurs », a déclaré le pontife argentin peu après le début de la trêve entre Israël et le Hamas.
  • « Je prie beaucoup pour eux et leurs familles. J'espère aussi que l'aide humanitaire parviendra encore plus rapidement (...) à la population de Gaza, qui a tant de besoins urgents », a-t-il souligné.

CITE DU VATICAN, SAINT-SIEGE : Le  pape François a appelé samedi au « respect immédiat » du cessez-le-feu à Gaza et a plaidé en faveur d'un renforcement de l'aide humanitaire ainsi que du retour des otages.

« J'exprime ma gratitude à tous les médiateurs », a déclaré le pontife argentin peu après le début de la trêve entre Israël et le Hamas.

« Merci à toutes les parties impliquées dans cet important résultat. J'espère que les parties respecteront immédiatement l'accord tel que convenu, et que tous les otages pourront enfin rentrer chez eux pour embrasser à nouveau leurs proches », a-t-il déclaré.

« Je prie beaucoup pour eux et leurs familles. J'espère aussi que l'aide humanitaire parviendra encore plus rapidement (...) à la population de Gaza, qui a tant de besoins urgents », a-t-il souligné.

« Les Israéliens et les Palestiniens ont besoin de signes clairs d'espoir. J'espère que les autorités politiques des deux pays, avec l'aide de la communauté internationale, parviendront à une solution juste basée sur deux États », a-t-il encore déclaré. « Que chacun dise oui au dialogue, oui à la réconciliation, oui à la paix. »


La start-up Perplexity AI propose une fusion avec TikTok

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  • La start-up d'intelligence artificielle (IA) Perplexity AI a soumis samedi au groupe chinois ByteDance une offre de fusion avec la filiale américaine du réseau social TikTok,
  • Le projet, révélé initialement par la chaîne américaine CNBC, prévoit la création d'une nouvelle entité qui réunirait les actifs de Perplexity AI et de TikTok USA.

WASHINGTON : La start-up d'intelligence artificielle (IA) Perplexity AI a soumis samedi au groupe chinois ByteDance une offre de fusion avec la filiale américaine du réseau social TikTok, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier, alors que la plateforme est menacée de disparition dans quelques heures.

TikTok est sous le coup d'une loi qui prend effet dimanche et qui impose à sa maison mère, le groupe chinois ByteDance, de vendre le réseau social sous peine d'interdiction.

ByteDance a jusqu'ici refusé d'envisager une cession et, vendredi, TikTok a annoncé qu'il se préparait à débrancher l'application à l'expiration de la limite fixée par une loi votée au Congrès américain en avril 2024.

Le projet, révélé initialement par la chaîne américaine CNBC, prévoit la création d'une nouvelle entité qui réunirait les actifs de Perplexity AI et de TikTok USA, a précisé la source.

Les titres de cette holding seraient distribués en partie aux actionnaires existants de Perplexity AI et de ByteDance, le solde allant à de nouveaux investisseurs prêts à acquérir une participation dans le nouvel ensemble.

Les actionnaires de ByteDance qui ne souhaitent pas participer à cette nouvelle structure verront leurs titres rachetés.

Environ 60 % du capital de ByteDance sont détenus par des investisseurs institutionnels, 20 % par les fondateurs de l'entreprise et 20 % par ses salariés.

La transaction proposée par Perplexity AI ne donne pas de montant pour TikTok, « mais je ne vois pas un accord intervenir avec une valorisation inférieure à 50 milliards de dollars », a expliqué la source proche du dossier.

Compte tenu de la nature de l'opération, très peu d'argent changerait effectivement de mains, l'idée étant d'attribuer aux parties prenantes des actions du nouveau conglomérat.

Cette union permettrait à Perplexity AI d'enrichir les contenus proposés à ses utilisateurs, selon la même source.

Lancé fin 2022 et soutenu par Jeff Bezos, le fondateur d'Amazon, Perplexity AI combine un assistant IA et un moteur de recherche pour trouver des informations sur Internet.

Il se positionne comme un concurrent des grands moteurs de recherche, en premier lieu Google.

En décembre, la start-up a effectué une nouvelle levée de fonds qui a valorisé l'entreprise à 9 milliards de dollars.

D'autres investisseurs ont fait part de leur intérêt pour TikTok.

L'homme d'affaires Frank McCourt est ainsi prêt à mettre 20 milliards de dollars sur la table avec d'autres partenaires pour les activités américaines de l'application, en dehors de son puissant algorithme.

Samedi, Donald Trump a déclaré qu'il étudierait de près le dossier une fois investi à la présidence des États-Unis, et qu'un report de 90 jours de la mise en œuvre de la loi serait « probablement décidé ».


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.