SAN FRANCISCO: Lawrence Ferlinghetti, poète américain majeur du 20e siècle mais aussi libraire et éditeur, est mort lundi à l'âge de 101 ans dans sa maison de San Francisco, a annoncé sa librairie.
« Il a continué à écrire et à publier de nouveaux ouvrages jusqu'à ce qu'il ait 100 ans, et son œuvre lui assure une place dans le canon américain », a salué mardi dans un communiqué la mythique enseigne City Lights Booksellers and Publishers, qu'il avait cofondée à San Francisco en 1953.
Né à New York en 1919, cet homme de lettres a eu un rôle central dans l'établissement de la contre-culture américaine des années 1950, en fondant sa librairie mais aussi en éditant Jack Kerouac, Gregory Corso, William S. Burroughs ou Allen Ginsberg.
Lanceur de la Beat
Sans lui, la Beat Generation n'aurait sans doute pas existé : poète, libraire et éditeur, Lawrence Ferlinghetti, mort lundi à l'âge de 101 ans, était le survivant magnifique de ce mouvement de contre-culture né aux Etats-Unis dans les années 1950.
S'il minimisait son rôle dans l'histoire de la Beat Generation et s'agaçait qu'on l'interroge toujours sur cette époque, brillante mais lointaine, il n'en était pas moins un pilier de ce groupe anticonformiste et révolté.
Ils adorent le jazz et lisent William Blake, Louis-Ferdinand Céline ou Aldous Huxley ; ils veulent exprimer des sensations dans ce qu'elles ont de plus immédiat, grâce à une écriture qui serait comme « un cœur qui bat ». De nombreux artistes de toutes disciplines, Bob Dylan en tête, doivent beaucoup à la Beat Generation.
A la fois anarchiste moral et socialiste, ami des bouddhistes, doué aussi pour peindre, il fut enfin un grand voyageur. Sa vie durant, il a bourlingué de l'Australie au Vietnam, des pavés de Paris au Nicaragua en passant par le transsibérien et les routes de l'Amérique.
Il avait été arrêté en 1957 et jugé pour obscénité lors d'un procès historique (avant d'être finalement acquitté), pour avoir édité un des grands livres de la Beat Generation, « Howl », long poème halluciné de Ginsberg.
Lawrence Ferlinghetti avait aussi écrit un recueil de poésie, vendu à plus d'un million d'exemplaires, « A Coney Island of the Mind » (1958, paru plus tard en France sous le titre d'origine).
Dans son communiqué, la librairie salue « son savoir et son amour pour la littérature, son courage dans la défense du droit à la liberté d'expression, et son rôle vital d'ambassadeur de la culture américaine ».
Ferlinghetti est mort des suites d'une pneumopathie interstitielle, selon ses enfants cités par des journaux américains.