L'ONU financera le Tribunal spécial pour le Liban en 2021

L’attentat à la bombe par une camionnette pendant la Saint-Valentin 2005 sur le front de mer de Beyrouth, qui a tué l’ancien Premier ministre Hariri et 21 autres personnes et en a blessé 226, a déclenché d’énormes manifestations contre le régime Syrien. (Photo, AFP)
L’attentat à la bombe par une camionnette pendant la Saint-Valentin 2005 sur le front de mer de Beyrouth, qui a tué l’ancien Premier ministre Hariri et 21 autres personnes et en a blessé 226, a déclenché d’énormes manifestations contre le régime Syrien. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 20 février 2021

L'ONU financera le Tribunal spécial pour le Liban en 2021

  • Guterres a révélé qu'il avait l'intention de prolonger le mandat du tribunal de deux ans à compter du 1er mars
  • Le Liban devait payer 49% des frais du tribunal

NATIONS UNIES: Le Conseil de sécurité de l’ONU a donné son feu vert pour que le tribunal soutenu par l’ONU qui mène l’enquête sur l’assassinat en 2005 de l’ancien Premier ministre libanais Rafik Hariri, soit opérationnel et reçoit du financement au moins cette année.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déclaré dans une lettre au conseil diffusée vendredi que la présidente du Tribunal spécial pour le Liban, la juge Ivana Hrdličková, l'avait informé en novembre que les travaux du tribunal ne seraient pas terminés à l'expiration de son mandat le 28 février.

Le juge a demandé une prolongation de deux ans «pour faire avancer d’une manière considérable ses travaux vers l'achèvement", a affirmé Guterres.

Guterres a indiqué qu'il avait l'intention de prolonger le mandat du tribunal de deux ans à compter du 1er mars, ou jusqu'à ce que cette affaire soit terminée ou que les fonds disponibles soient épuisés.

Le Liban, qui doit payer 49% des frais du tribunal, est confronté à une situation financière désastreuse qui a laissé le tribunal avec un grave déficit de financement. Les 51% restants du financement du tribunal proviennent de contributions volontaires.

Guterres a déclaré qu'il avait lancé un appel urgent aux 193 États membres de l'ONU et à la communauté internationale le 20 décembre pour soutenir le tribunal, mais «malheureusement, son appel n'a engendré aucun nouvel engagement de fonds».

Sans financement supplémentaire, l'ONU a été informée que le tribunal «pourrait ne pas être en mesure de s'acquitter de son mandat au-delà du premier trimestre de 2021», a-t-il dévoilé.

«Mettre un terme brutal à la procédure judiciaire en cours du Tribunal spécial dans ces circonstances serait sans précédent», a écrit Guterres. «Une fermeture prématurée de cette enquête aurait un impact considérable sur les efforts de la justice internationale et enverrait un message négatif au peuple libanais et aux victimes du terrorisme dans le monde entier».

Après avoir consulté le gouvernement libanais et les membres du Conseil de sécurité, M. Guterres a signalé qu'il avait l'intention de demander environ 25 millions de dollars à l'Assemblée générale, comme «subvention», pour couvrir le déficit de financement prévu du gouvernement libanais et des donateurs en 2021. Cela serait temporaire, pendant que le tribunal cherche des fonds supplémentaires, a-t-il expliqué.

L'ambassadrice britannique à l'ONU, Barbara Woodward, l'actuelle présidente du conseil, a déclaré dans une lettre au secrétaire général que les membres approuvaient son intention de prolonger le mandat du tribunal et de demander environ 25 millions de dollars de fonds à l'Assemblée générale pour 2021.

Elle a également ajouté, que c'était avec l’intention que l'argent sera remboursé à partir des contributions volontaires que le tribunal reçoit, et que ses arrangements de financement volontaire ne seront pas modifiés.

«Les membres du conseil ont aussi souligné que les contributions du Liban, ainsi que des donateurs, devraient demeurer une source majeure de financement pour le Tribunal spécial et que des efforts supplémentaires devraient être faits afin d’éviter de dépendre entièrement de la subvention», a déclaré Woodward.

La crise économique et financière du Liban, qui a débuté à la fin de 2019, est la pire du pays de l’histoire moderne car elle s’est contractée de 19% en 2020. Des dizaines de milliers de personnes à travers le pays ont perdu leur emploi, et près de la moitié de la population de plus de 6 millions vit dans la pauvreté. L’effondrement de la monnaie locale a entraîné une inflation à trois chiffres.

Début décembre, la Banque mondiale a révélé que l’économie libanaise était confrontée à une «crise difficile et prolongée» parce que ses politiciens refusaient de mettre en œuvre des réformes qui accéléreraient la reprise économique du pays.

L’attentat à la bombe par une camionnette pendant la Saint-Valentin 2005 sur le front de mer de Beyrouth, qui a tué l’ancien Premier ministre Hariri et 21 autres personnes et en a blessé 226, a déclenché d’énormes manifestations contre le régime Syrien qui était largement considéré comme coupable. Damas a nié toute implication, mais a été contraint de retirer ses troupes du Liban après 29 ans de présence.

L’enquête de l’ONU sur l’assassinat de Hariri a été élargie pour inclure 14 autres meurtres au Liban.

Le Tribunal spécial se trouvant aux Pays-Bas a condamné Salim Ayyash, membre du groupe militant du Hezbollah, par contumace, à la réclusion à perpétuité en décembre pour son implication dans l’assassinat de Hariri. Ayyash n'a jamais été arrêté. Trois autres membres du Hezbollah jugés avec lui ont été acquittés.

Résumé :

Le Conseil de sécurité de l’ONU a donné son feu vert pour que le tribunal soutenu par l’ONU qui enquête sur l’assassinat en 2005 de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri soit opérationnel et reçoit des fonds au moins cette année. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a indiqué dans une lettre au conseil diffusée vendredi que la présidente du Tribunal spécial pour le Liban l'avait informé en novembre que ses travaux ne seraient pas terminés à l'expiration de son mandat le 28 février. Elle a demandé une prolongation de deux ans pour faire avancer ses investigations «vers l'achèvement». Guterres affirme qu'il a l'intention de prolonger le mandat du tribunal de deux ans. Le président du Conseil de sécurité a signalé que les membres avaient approuvé la prolongation du mandat de ce tribunal.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Au Liban, la plupart des sites militaires du Hezbollah ont été cédés à l'armée dans le sud du pays

L'armée libanaise est entrée mercredi dans la ville de Hawsh Al-Sayyid Ali, à la frontière orientale du Liban avec la Syrie. (X/@mdbarakat)
L'armée libanaise est entrée mercredi dans la ville de Hawsh Al-Sayyid Ali, à la frontière orientale du Liban avec la Syrie. (X/@mdbarakat)
Short Url
  • « Sur les 265 positions militaires du Hezbollah identifiées au sud du fleuve Litani, le mouvement en a cédé environ 190 à l'armée », a indiqué la source, qui a requis l'anonymat.
  • Le président libanais, Joseph Aoun, dont l'élection a été permise par l'affaiblissement du Hezbollah, a affirmé lundi que la question devait être résolue « par le dialogue », car le « Hezbollah est une composante libanaise ».

BEYROUTH : Selon une source proche du mouvement pro-iranien, l'AFP a appris samedi que la plupart des sites militaires du Hezbollah dans le sud du Liban avaient été placés sous le contrôle de l'armée libanaise.

« Sur les 265 positions militaires du Hezbollah identifiées au sud du fleuve Litani, le mouvement en a cédé environ 190 à l'armée », a indiqué la source, qui a requis l'anonymat.

Dimanche, une émissaire américaine en visite à Beyrouth a exhorté les autorités libanaises à accélérer le désarmement du Hezbollah.

« Nous continuons d'exhorter le gouvernement à aller jusqu'au bout pour mettre fin aux hostilités, ce qui inclut le désarmement du Hezbollah et de toutes les milices », a déclaré Morgan Ortagus sur la chaîne locale LBCI. 

Le président libanais, Joseph Aoun, dont l'élection a été permise par l'affaiblissement du Hezbollah, a affirmé lundi que la question devait être résolue « par le dialogue », car le « Hezbollah est une composante libanaise ».

« Nous allons bientôt élaborer une stratégie de défense nationale dans ce cadre », a-t-il ajouté.

Le Hezbollah est le seul groupe libanais à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, au nom de la « résistance » contre Israël.

Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël en tirant des roquettes à partir du sud du Liban pour soutenir son allié palestinien.

Ces hostilités ont dégénéré en guerre ouverte en septembre 2006 avec des bombardements israéliens intenses au Liban, principalement contre les bastions du Hezbollah, dont la direction a été quasiment décimée. La guerre a fait plus de 4 000 morts.

Israël, qui a maintenu sa présence militaire au Liban dans cinq points « stratégiques » le long de la frontière, continue de mener régulièrement des frappes au Liban, disant viser des infrastructures et des membres du Hezbollah.


Gaza : une délégation du Hamas est attendue au Caire samedi pour discuter d'une trêve

Des Palestiniens prient pour l'Aïd Al-Adha près des ruines de la mosquée Al-Al Rahma détruite par les frappes aériennes israéliennes à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 juin 2024. Le Hamas a déclaré qu'il était prêt à conclure un accord global pour la paix à Gaza. (Reuters)
Des Palestiniens prient pour l'Aïd Al-Adha près des ruines de la mosquée Al-Al Rahma détruite par les frappes aériennes israéliennes à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 juin 2024. Le Hamas a déclaré qu'il était prêt à conclure un accord global pour la paix à Gaza. (Reuters)
Short Url
  • « Nous espérons que cette rencontre permettra d'avancer concrètement vers un accord mettant fin à la guerre a déclaré ce responsable sous couvert d'anonymat.
  • « Mais les contacts et les discussions avec les médiateurs sont en cours », a-t-il affirmé.

LE CAIRE : Une délégation du Hamas est attendue samedi au Caire pour des discussions avec les médiateurs égyptiens en vue d'une nouvelle trêve dans la bande de Gaza, a indiqué à l'AFP un responsable du mouvement islamiste palestinien.

« Nous espérons que cette rencontre permettra d'avancer concrètement vers un accord mettant fin à la guerre et à l'agression, et garantissant le retrait complet des forces d'occupation de la bande de Gaza », a déclaré ce responsable sous couvert d'anonymat, en référence à Israël.

Selon lui, le Hamas n'a reçu aucune nouvelle offre de trêve, malgré des informations de médias israéliens rapportant que l'Égypte et Israël avaient échangé des projets de documents portant sur un accord de cessez-le-feu et de libération d'otages.

« Mais les contacts et les discussions avec les médiateurs sont en cours », a-t-il affirmé.

La délégation est conduite par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du Hamas, a-t-il précisé.

Selon le Times of Israel, la proposition égyptienne prévoirait le retour en Israël de 16 otages, huit vivants et huit morts, en échange d'une trêve de 40 à 70 jours ainsi que de la libération d'un grand nombre de prisonniers palestiniens.


Reconnaissance de l'État palestinien : de nombreuses conditions à réunir pour que la France agisse

Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique » (Photo AFP)
Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique » (Photo AFP)
Short Url
  • - Le projet du président français : « Je défends le droit légitime des Palestiniens à un État et à la paix, comme celui des Israéliens à vivre en paix et en sécurité, l'un et l'autre reconnus par leurs voisins », a résumé Emmanuel Macron. 
  • Il a dévoilé le projet d'une telle reconnaissance par Paris dans une « dynamique collective », impliquant la reconnaissance de l'État d'Israël par les pays avoisinants.

PARIS : Toute reconnaissance de l'État palestinien par la France ne contribuera à mettre la solution des deux États avec Israël sur les rails que si elle réunit une myriade de conditions qui semblent pour le moment inatteignables.

Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique ». Les obstacles sont de taille.

- Le projet du président français : « Je défends le droit légitime des Palestiniens à un État et à la paix, comme celui des Israéliens à vivre en paix et en sécurité, l'un et l'autre reconnus par leurs voisins », a résumé Emmanuel Macron. 

L'an passé, il avait déclaré que la reconnaissance d'un État palestinien n'était pas un tabou, à condition que ce geste symbolique soit « utile ».

Mercredi, il a dévoilé le projet d'une telle reconnaissance par Paris dans une « dynamique collective », impliquant la reconnaissance de l'État d'Israël par les pays avoisinants.

La conférence pour les deux États, prévue en juin à New York sous l'égide de la France et de l'Arabie saoudite, doit être « un tournant », a-t-il dit. 

Des frontières à définir 

« Les attributs juridico-politiques de l'État palestinien en question n'existent pas aujourd'hui. C'est une pure fiction diplomatique », souligne néanmoins David Khalfa, de la Fondation Jean-Jaurès à Paris.

« Pour qu'un État palestinien soit viable, il faut une continuité territoriale entre Gaza et la Cisjordanie », note Karim Bitar, enseignant à Sciences Po Paris. Or, « on ne voit pas aujourd'hui le gouvernement israélien accepter d'entamer un processus de décolonisation, de mettre un terme à l'occupation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, et de demander aux 700 ou 800 000 colons israéliens de quitter ces territoires occupés », dit-il. 

Une autre question épineuse est celle du désarmement du Hamas, qui a perpétré les attentats sanglants du 7 octobre 2023 en Israël et provoqué les représailles meurtrières de l'armée israélienne à Gaza.

Israël a fait de l'éradication du groupe sa priorité. 

Démilitarisation du Hamas et exfiltration

Quoiqu'affaibli, le groupe « a réussi à recruter des milliers de jeunes miliciens » et dispose encore d'un arsenal lui permettant de « mener des actions de guérilla contre les soldats israéliens et de réprimer dans le sang les leaders de la contestation anti-Hamas à Gaza », observe-t-il.

S'agissant de l'exfiltration de certains cadres du Hamas, la question est complexe à explorer avec ceux qui parlent au Hamas, reconnaît-on à Paris. Comment les exfiltrer et vers quelle destination, en plus du Qatar et de la Turquie ? Des interrogations  qui restent sans réponse actuellement. 

Revitaliser l'Autorité Palestinienne

« Les Israéliens doivent être convaincus que le Hamas va être désarmé, qu'il est exclu de la gouvernance de Gaza et que l'Autorité palestinienne va réellement se réformer », a expliqué à l'AFP une source diplomatique française.

Cela passe par le renforcement de la légitimité de l'Autorité palestinienne, alors que la popularité du Hamas augmente au sein de la population. 

Normalisation avec Israël

Selon Hasni Abidi, enseignant au Global Studies Institute de l'Université de Genève, il faut un changement de personnel politique en son sein pour qu'une Autorité palestinienne revitalisée soit en mesure d'assurer une gouvernance crédible dans la bande de Gaza. Or, ses dirigeants ne manifestent aucun désir de passer la main, ce qui permet à Israël d'entretenir l'idée qu'ils n'ont pas d'interlocuteur crédible.

La source diplomatique rappelle que la normalisation est un processus et pas un acte isolé. Elle souligne que ce processus peut se faire progressivement et que d'autres pays peuvent participer. Cependant, la France est réaliste et ne s'attend pas à un règlement immédiat du conflit israélo-palestinien.