PAU:
Un responsable d'un centre d'accueil de réfugiés et demandeurs d'asile de Pau, un père de famille de 46 ans, a été tué vendredi à coups de couteau par un Soudanais dont la demande d'asile venait d'être refusée, selon la police.
La victime, depuis 12 ans chef de service au Centre d'accueil pour demandeurs d'asile (Cada) Isard COS, est morte de ses blessures peu après les faits, et son agresseur, un Soudanais de 38 ans, a été interpellé sans incident, a-t-on précisé de même source.
L'agresseur présumé est connu de la police pour des faits de violence, et avait effectué un passage en prison. Mais il était inconnu des services de renseignement et l'attaque n'est pas considérée comme terroriste, selon une source proche du dossier. L'homme est un demandeur d'asile qui ne vivait pas au centre, mais y avait été pris en charge par le passé.
Vers 11H00, il s’est présenté dans les locaux administratifs du Cada pour y rencontrer le chef du pôle asile. Alors qu'il était dans son bureau, « des employés ont été alertés par des cris et ont immédiatement appelé les services de police », a précisé le parquet de Pau.
Les policiers et secours ont découvert la victime au sol, porteur de plusieurs plaies, principalement au thorax. L'agresseur présumé était alors gardé dans un bureau annexe par des employés du centre, a détaillé la procureure de la République de Pau Cécile Gensac dans un communiqué.
L'homme a été placé en garde à vue pour assassinat, et une enquête de flagrance confiée à la sûreté départementale de la police de Pau, pour déterminer l’exact déroulement des faits et leurs motivations, a ajouté la procureure.
Une cellule de soutien psychologique a été déclenchée pour le personnel du centre d’accueil.
Darmanin sur place
Choquée, une employée de 47 ans, en « état de détresse pyschologique », a été transportée à l'hôpital de Pau, selon les pompiers.
Né en 1983, l'agresseur présumé « avait été suivi par le centre d’accueil pour demandeurs d’asile il y a quelques années. Son casier judiciaire fait apparaître deux condamnations exécutées pour faits de violences commis en 2017 », selon le parquet.
Il venait de se voir refuser son statut de réfugié par l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides), a-t-on précisé par ailleurs de sources policières et municipale.
Après avoir échangé avec @bayrou, je me rendrai à Pau en fin d’après-midi pour rencontrer les personnels de l’association ainsi que les élus à la suite de la dramatique agression de ce matin. J’adresse mes sincères condoléances à la famille de la victime et ses proches.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) February 19, 2021
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui a échangé à la mi-journée avec le maire MoDem de Pau François Bayrou, a annoncé dans un tweet sa venue « en fin d’après-midi pour rencontrer les personnels de l’association ainsi que les élus à la suite de la dramatique agression de ce matin ».
« C’est un drame épouvantable. C’est d’autant plus choquant que la victime était engagée pour aider ces réfugiés », a déclaré de son côté M. Bayrou sur le site internet du quotidien La République des Pyrénées. La victime était depuis plus de 20 ans acteur du secteur de l'asile.
Le maire de Pau souligne que le passé carcéral de l'agresseur était « la raison pour laquelle d’ailleurs son dossier de demande d’asile a été rejeté. Et donc une expulsion aurait sans doute dû suivre ».
Gérald Darmanin « doit maintenant sans délai décréter un moratoire sur l'immigration », a tweeté le N.2 du Rassemblement national, Jordan Bardella, assurant que « l'hospitalité accordée à la Terre entière nuit gravement à la sécurité des Français ».
« Un étranger connu par la police pour des faits de violence et ayant fait de la prison en France devrait être renvoyé immédiatement dans son pays. La droite a fait l’erreur de supprimer la double peine, il nous faudra la rétablir », a assuré le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau.
Implanté depuis plusieurs décennies à Pau, l'établissement Isard de la Fondation COS-Alexandre Glasberg compte, selon son site internet, plus de 250 places: il comprend un Cada, un Centre Provisoire d'hébergement, et un service de sous-location d'appartements destinées aux familles de réfugiés, dans différents quartiers de la ville.