La montée de la violence houthie, signe de désespoir, selon l'envoyé saoudien à l’ONU

L’ambassadeur Abdallah Al-Mouallimi, représentant permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'ONU. (Photo, Twitter)
L’ambassadeur Abdallah Al-Mouallimi, représentant permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'ONU. (Photo, Twitter)
Short Url
Publié le Vendredi 19 février 2021

La montée de la violence houthie, signe de désespoir, selon l'envoyé saoudien à l’ONU

  • Abdallah Al-Mouallimi, le représentant du Royaume auprès de l'ONU, estime que les milices au Yémen ont le sentiment que l'attitude mondiale change contre elles
  • Il appelle les autres pays à étayer leurs préoccupations concernant le sort du peuple yéménite par «des contributions, des dons et un soutien physique appropriés».

NEW YORK: Après une réunion intense de deux heures du Conseil de sécurité pour discuter de la crise au Yémen, Abdallah Al-Mouallimi, le représentant permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'ONU, s'est arrêté pour réfléchir à la récente intensification des agressions des Houthis dans le pays.

Dans une interview exclusive avec Arab News jeudi, Al-Mouallimi a déclaré que la flambée de violence était un signe de «l'état de désespoir dans lequel se trouvent les Houthis», leur crainte d'un changement d’attitude de la communauté internationale à leur encontre, et leurs échecs sur les champs de bataille, où ils ont subi «d'énormes défaites».

Les hostilités des Houthis se sont intensifiées dans de nombreuses régions du pays, notamment une offensive lancée contre le dernier bastion du gouvernement yéménite à Marib, riche en pétrole. Plus d'un million de civils y ont trouvé refuge et le spectre d'une nouvelle catastrophe humanitaire se dessine. Pendant ce temps-là, les attaques des Houthis contre des cibles civiles dans le Royaume se poursuivent encore.

Cette amplification de la violence intervient moins d'un mois après que l'administration Biden, qui a l'intention de trouver une solution à la situation au Yémen, a emménagé à la Maison Blanche.

Al-Mouallimi a indiqué que les Houthis sentent qu'une percée politique et militaire pourrait donc être en vue, et ont ainsi «désespérément» recouru à «un sabotage supplémentaire du processus de paix» en lançant des attaques qui ne peuvent qu'entraver les efforts de paix de Martin Griffiths, l’envoyé spécial pour le Yémen et empêcher l’acheminement d’une aide humanitaire vitale.

«L'administration (Trump) au cours des derniers mois était extrêmement préoccupée par d'autres activités et soucis», a souligné Al-Mouallimi. «L'administration Biden est déterminée à trouver une solution et il sera très bientôt clairement évident que pour trouver une solution, il faut traiter avec les Houthis d'une manière qui repousse leur offensive et réduit leurs exigences et leurs ambitions».

Richard Mills, le vice-ambassadeur américain auprès de l'ONU, a déclaré jeudi au Conseil de sécurité que l'administration Biden était «déterminée à aider nos alliés à se défendre contre les attaques, telles que l'attaque des Houthis qui a touché un avion de ligne civil à l'aéroport d'Abha en Arabie saoudite le 10 février, et nous continuerons d'appliquer les sanctions existantes des Nations Unies et des États-Unis contre certains membres d'Ansarallah (le nom officiel du mouvement Houthi), et nous surveillerons de près les activités du groupe afin de déterminer si des actions supplémentaires sont justifiées».

Al-Mouallimi a souligné que les autorités saoudiennes étaient prêtes à travailler avec la communauté internationale pour identifier d'autres mesures possibles qui pourraient être prises «soit sur le champ de bataille, soit sur le front politique».

Il a ajouté: «Nous sommes prêts à poursuivre toutes les options possibles et à envisager toutes les autres voies qui pourraient s'ouvrir à nous et aux Américains ainsi qu’à la communauté internationale».

En informant le Conseil de sécurité jeudi, Griffiths a condamné la récente montée des agressions Houthis et a mis en garde contre le désastre humanitaire imminent auquel sont confrontés les civils à Marib. Toutefois, il a également exhorté le Conseil à saisir l'occasion de réactiver le processus politique.

Mark Lowcock, secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence auprès de l’ONU, a averti le Conseil que le Yémen se dirige rapidement vers «la pire famine que le monde ait connue depuis des décennies» et que les enfants sont en train de «mourir de faim», à cet instant.

«Le monde doit agir maintenant», a-t-il ajouté.

La Suisse et la Suède coorganiseront une conférence des donateurs de haut niveau pour le Yémen à Genève le 1er mars prochain. Al-Mouallimi a indiqué qu'il espérait que l'événement va sensibiliser à la gravité de la crise humanitaire dans le pays, en appelant la communauté internationale à mettre son argent là où il faut. Il a également demandé que tout le monde soit plus généreux avec les dons en vue d’aider le peuple du Yémen.

«Il ne suffit pas que quiconque au sein de la communauté internationale commente la gravité de la situation sans réellement soutenir le Yémen par ces contributions appropriées, ces dons                           et son soutien matériel qui sont vraiment nécessaires».

Le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial David Beasley, entre autres, a appelé les États du Golfe à payer la facture de l’aide humanitaire au Yémen, au motif que d'autres pays riches sont débordés par leurs efforts pour résoudre d'autres crises.

«Beasley fait surement référence à la Covid-19 et aux besoins résultant de cette crise sanitaire. Eh bien, nous sommes confrontés à la même crise et nous ne nous cachons pas derrière elle pour fuir notre responsabilité », a assuré Al-Mouallimi.

«La réalité est la suivante: le besoin humanitaire au Yémen est une responsabilité de la communauté mondiale tout entière. S'il s'agit d'une division du travail, nous les Saoudiens avons pris sur nos épaules beaucoup plus que notre part du fardeau au Yémen - et ailleurs, aussi.

«Il est assez facile d’être généreux avec l’argent de quelqu'un d’autre. Il est assez facile de renvoyer la balle aux États du Golfe ou à d’autres coins du monde. Nous disons que la responsabilité s’arrête ici. Cela s’arrête ici, comme dans le cas des États du Golfe et de la communauté mondiale en général».

Les Houthis sont soutenus par les Iraniens, mais personne n’a fait allusion au régime malhonnête de Téhéran lors du briefing du Conseil de sécurité de jeudi. Cette «politique d'apaisement, d'essayer de trouver des excuses pour le régime iranien va se retourner contre le monde en général», a averti Al-Mouallimi.

«Cela s'est déjà retourné contre lui», a-t-il ajouté. «Lorsque le monde a fermé les yeux pendant un moment, l’Iran est allé de l’avant et a développé son programme nucléaire à un niveau qui est devenu extrêmement alarmant.

«Et la même chose se passe actuellement à la fois en termes de programme nucléaire, que l'Iran continue de développer, ainsi qu'en termes de soutien aux Houthis et de leur emprise sur d'autres régions, comme le Liban et d'autres endroits du Moyen-Orient.

«Les Iraniens n’ont rien à faire pour s’ingérer au Liban, au Yémen, en Syrie ou en Irak, ou ailleurs. La communauté mondiale doit prendre conscience de ce fait et attribuer la part de responsabilité là où elle doit être attribuée».

Al-Mouallimi a terminé son interview sur une note positive en mentionnant que l'histoire des crises à travers le monde nous ont appris que l'escalade est souvent le signe d'une solution imminente.

«En arabe, nous disons, «ichtaddi ya azmatu, tanfariji»: pour qu'une crise soit résolue, les gens ont tendance à remonter la barre avec leurs positions (dans une tentative) d'obtenir des avantages tactiques afin d’améliorer leur position potentielle dans tout accord négocié qui pourrait être à venir. Sur cette base, je suis donc optimiste que nous pourrons finalement parvenir à une solution globale au Yémen», a soutenu Al-Mouallimi.

«Nous savons tous que la situation yéménite ne peut être résolue que politiquement, par des négociations, des compromis et une vraie entente entre tous les Yéménites car ils ont un destin commun et ils doivent travailler ensemble pour trouver une solution raisonnable aux difficultés et aux différences du Yémen».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Offensive israélienne tous azimuts sur Beyrouth

Des volutes de fumée s'élèvent au-dessus de la banlieue sud de Beyrouth, après une frappe israélienne, vue de Baabda (Liban), le 26 novembre 2024. (Reuters)
Des volutes de fumée s'élèvent au-dessus de la banlieue sud de Beyrouth, après une frappe israélienne, vue de Baabda (Liban), le 26 novembre 2024. (Reuters)
Short Url
  • Les attaques se multiplient peu avant que les autorités israéliennes ne discutent de l'approbation de l'accord de cessez-le-feu avec le Hezbollah, qui prendrait effet à 6 heures du matin mercredi
  • La population craint qu'Israël n'ait l'intention de déverser sa colère sur le Liban en menant des attaques incessantes tout au long de la dernière journée avant l'accord de paix

BEYROUTH : Les attaques israéliennes sur le Liban ont connu une escalade inattendue mardi, environ deux heures avant une réunion prévue du cabinet de sécurité israélien pour discuter et éventuellement approuver un accord de cessez-le-feu avec le Hezbollah qui, s'il est ratifié, prendrait effet à 6 heures du matin mercredi.

Des missiles lourds, dont certains contenaient des bombes à fragmentation, ont été tirés par des avions de guerre volant à basse altitude sur Beyrouth et sa banlieue sud, après que les habitants eurent été invités à évacuer les lieux. Des villes du sud du Liban et des parties de la Bekaa ont également été visées au même moment.

Une alerte israélienne demandant aux habitants de Naqoura de quitter immédiatement la zone et de se déplacer au nord de la rivière Awali a fait craindre que l'intention soit de détruire des quartiers de la ville frontalière qui avaient échappé aux dommages causés par les précédentes frappes aériennes.

À Beyrouth, sans avertissement préalable, une frappe aérienne a touché un bâtiment du quartier de Nowayri abritant des personnes déplacées. Il se trouvait à proximité d'un centre médical affilié à la mosquée Khatam Al-Anbiya. Alors que les équipes de secours s'efforçaient de sauver les survivants piégés dans les décombres, les premiers chiffres du ministère de la santé indiquaient qu'au moins trois personnes avaient été tuées et 26 blessées dans le bâtiment visé, qui s'est partiellement effondré, et dans les propriétés avoisinantes.

Quelques minutes après cette attaque, les autorités israéliennes ont lancé 24 avertissements aux habitants de la banlieue sud de la ville. Dans les dix minutes qui ont suivi ces alertes, des avions de guerre ont simultanément attaqué les quartiers de Haret Hreik, Burj Al-Barajneh, Bir Al-Abed, Chiyah, Ghobeiry, Hay Madi, Jamous, Sfeir, Tayouneh, Old Saida Road et Ouzai. Les cartes qui accompagnaient les avertissements indiquaient que la plupart des lieux visés contenaient des immeubles résidentiels, des cafés, des restaurants et des écoles.

Une source de sécurité a déclaré que les raids ont détruit ou endommagé plus de 100 bâtiments résidentiels, ce qui représente la plus grande destruction en une seule série d'attaques depuis l'escalade du conflit entre Israël et le Hezbollah il y a 64 jours.

L'armée israélienne a déclaré avoir frappé "sept cibles de gestion et de stockage de fonds du Hezbollah, ainsi que des centres de commandement du Hezbollah et des succursales de Qard Al-Hassan (institution financière)".

D'autres attaques ont visé le gouvernorat de Baalbek-Hermel, où des avions de guerre ont frappé Bouday, Yamouneh, Al-Ansar et Taraya. Un raid a visé la zone autour d'un avant-poste de l'armée libanaise à Douris, près de l'hôpital universitaire Dar Al-Amal, qui a été touché la semaine dernière. Le directeur de l'hôpital et un certain nombre de médecins figureraient parmi les morts.

Les Libanais ont publié des messages sur les réseaux sociaux pour exprimer leurs craintes que les autorités israéliennes n'aient l'intention de déverser leur colère sur le Liban en menant des attaques incessantes tout au long de la dernière journée précédant l'entrée en vigueur d'un accord de cessez-le-feu.

Face à cette escalade sans précédent, on ne sait toujours pas si un accord de paix sera conclu ou si les négociations échoueront, ce qui pourrait entraîner une nouvelle escalade.

La chaîne de l'armée israélienne a rapporté que "le ministre de la défense Israël Katz et le chef de l'état-major général des forces de défense israéliennes Herzi Halevi ont approuvé les plans visant à poursuivre les opérations d'attaque sur le front nord".

À la suite d'une réunion avec la coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, M. Katz a publié une série de déclarations fermes dans lesquelles il affirme qu'Israël "agira contre toute menace, à tout moment et en tout lieu" et que "nous demanderons à la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban) d'appliquer effectivement l'accord (de cessez-le-feu)".

Il a ajouté : "Toute maison reconstruite dans le sud du Liban qui contient une base terroriste sera détruite, tout armement sera attaqué, toute tentative de contrebande d'armes sera déjouée, et toute menace contre notre pouvoir et les citoyens d'Israël sera immédiatement détruite".

Les médias israéliens ont déclaré que tout accord approuvé mardi "ne sera pas la fin de la guerre mais un cessez-le-feu qui sera évalué quotidiennement".

Le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammed Raad, a déclaré que "l'ennemi israélien pourrait agir de façon malhonnête pour imposer des amendements à l'accord de cessez-le-feu ... afin de mettre fin à l'efficacité de la résistance".

Il a ajouté : "Toute modification, qu'il s'agisse d'ajouter ou de retirer du texte de la résolution 1701, est quelque chose qu'aucune personne rationnelle n'accepterait".

La résolution 1701 a été adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies en 2006 dans le but de résoudre le conflit qui opposait cette année-là Israël et le Hezbollah. Elle appelle à la cessation des hostilités, au retrait des forces israéliennes du Liban, au retrait du Hezbollah et d'autres forces des parties du pays situées au sud du fleuve Litani, et au désarmement du Hezbollah et d'autres groupes armés.

L'Autorité israélienne de radiodiffusion a rapporté : "Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accepté un accord de cessez-le-feu à la suite de l'assurance donnée par les États-Unis de fournir à Israël des armes interdites.

Il a déclaré que "l'appel lancé aux habitants des villes du nord pour qu'ils retournent chez eux interviendra deux mois après la mise en œuvre de l'accord" et que "toute menace indirecte non traitée par les forces de la FINUL sera traitée par Israël lui-même, qui contrecarrera toute tentative de contrebande d'armes vers le Hezbollah".

Dans un rapport citant des informations fournies par un fonctionnaire anonyme, la chaîne d'information israélienne Channel 12 a déclaré : "L'accord est maintenant entré dans sa phase de mise en œuvre : "L'accord est maintenant entré dans la phase d'affinage de la formulation et de clarification des détails sans altérer les termes essentiels, dans l'attente de l'approbation officielle.

Selon d'autres médias, l'accord prévoit "un retrait progressif des forces israéliennes des zones où elles sont entrées au Sud-Liban dans les 60 jours" afin de permettre le déploiement de l'armée libanaise, tandis qu'un comité de cinq membres, composé de représentants des États-Unis, de la France, du Liban, d'Israël et de la FINUL, supervisera la mise en œuvre du cessez-le-feu.

Pendant ce temps, la radio de l'armée israélienne a rapporté que "les forces de la Brigade Golani ont atteint la zone de la rivière Litani, qui est située à 10 kilomètres de profondeur dans le sud du Liban". L'armée a également déclaré avoir tué "Ahmad Sobhi Hazima, le commandant des opérations dans le secteur côtier du Hezbollah".

Les frappes aériennes israéliennes sur le sud du Liban mardi auraient fait un grand nombre de victimes, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées. Parmi elles, un berger de 91 ans, Qadduh, originaire de Nabatieh, a été tué après avoir choisi de rester dans sa maison plutôt que de la quitter.

Le Hezbollah, quant à lui, a déclaré que ses forces avaient attaqué "les colonies de Kiryat Shmona, Avivim et Al-Manara".

Le groupe a également pris pour cible "le site de Habushit au sommet du mont Hermon dans le Golan syrien occupé, et a attaqué la caserne Ma'ale Golani avec des drones suicides".


L'armée israélienne appelle à évacuer 20 zones de la banlieue sud de Beyrouth

L'armée israélienne a appelé mardi à l'évacuation d'une vingtaine de zones dans la banlieue sud de Beyrouth abritant selon elle des infrastructures du Hezbollah, avant qu'une série de frappes secouent ce secteur selon des images de l'AFPTV. (AFP)
L'armée israélienne a appelé mardi à l'évacuation d'une vingtaine de zones dans la banlieue sud de Beyrouth abritant selon elle des infrastructures du Hezbollah, avant qu'une série de frappes secouent ce secteur selon des images de l'AFPTV. (AFP)
Short Url
  • L'armée israélienne a appelé mardi à l'évacuation d'une vingtaine de zones dans la banlieue sud de Beyrouth abritant selon elle des infrastructures du Hezbollah
  • Une vingtaine de bâtiments dans les quartiers de Haret Hreik, Ghobeiry, Bourj el-Barajneh et Al-Hadath, bastions du Hezbollah dans la banlieue sud sont visés

JERUSALEM: L'armée israélienne a appelé mardi à l'évacuation d'une vingtaine de zones dans la banlieue sud de Beyrouth abritant selon elle des infrastructures du Hezbollah, avant qu'une série de frappes secouent ce secteur selon des images de l'AFPTV.

"Pour votre sécurité et celle des membres de votre famille, vous devez évacuer immédiatement ces bâtiments et ceux adjacents et vous en éloigner à une distance d'au moins 500 mètres", indique le porte-parole de l'armée en langue arabe, Avichay Adraee, dans des messages sur X et Telegram accompagnés de plans localisant une vingtaine de bâtiments dans les quartiers de Haret Hreik, Ghobeiry, Bourj el-Barajneh et Al-Hadath, bastions du Hezbollah dans la banlieue sud de la capitale libanaise.

 


Israël: Netanyahu dit que le cabinet de sécurité va adopter un cessez-le-feu au Liban «ce soir»

Le cabinet de sécurité israélien doit se réunir "cet après-midi" pour discuter de l'accord de cessez-le-feu au Liban où Israël est en guerre contre le Hezbollah, a déclaré mardi Sharren Haskel, vice-ministre des Affaires étrangères israéliennes. (AFP)
Le cabinet de sécurité israélien doit se réunir "cet après-midi" pour discuter de l'accord de cessez-le-feu au Liban où Israël est en guerre contre le Hezbollah, a déclaré mardi Sharren Haskel, vice-ministre des Affaires étrangères israéliennes. (AFP)
Short Url
  • Les États-Unis, l'Union européenne, les Nations unies et le G7 ont tous fait pression pour une cessation des hostilités entre Israël et la puissante formation libanaise armée et soutenue par l'Iran
  • Le cabinet de sécurité israélien va adopter un cessez-le-feu au Liban "ce soir", a annoncé M. Netanyahu

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a annoncé mardi que son cabinet de sécurité allait adopter "dans la soirée" un cessez-le-feu dans la guerre avec le Hezbollah libanais, qui doit mettre fin à plus d'un an d'hostilités transfrontalières et deux mois de guerre ouverte au Liban.

Les États-Unis, l'Union européenne, les Nations unies et le G7 ont tous fait pression pour une cessation des hostilités entre Israël et la puissante formation libanaise armée et soutenue par l'Iran.

Le cabinet de sécurité israélien va adopter un cessez-le-feu au Liban "ce soir", a annoncé M. Netanyahu.

Il a averti toutefois que son pays "répondra" si le Hezbollah viole la trêve et conservera une liberté d'action "totale" au Liban.

Une trêve au Liban permettra à Israël de "se concentrer sur la menace iranienne", a-t-il encore dit.

Il s'exprimait à l'issue d'une journée marquée par les plus violents raids israéliens sur Beyrouth, depuis que Israël a lancé le 23 septembre une campagne de bombardements massifs visant le Hezbollah pro-iranien dans le pays voisin, puis y a entamé le 30 septembre des opérations au sol dans le sud.

Un cessez-le-feu doit aussi aider à mettre fin au conflit à Gaza, avait estimé, avant l'annonce de l'accord, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.

Les ministres des affaires étrangères du G7 avaient eux appelé mardi à un "cessez-le-feu immédiat", tandis que le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, déclaré que le gouvernement israélien n'avait "plus d'excuses" pour le refuser.

Selon le site d'information américain Axios, l'accord est basé sur un projet américain prévoyant une trêve de 60 jours durant laquelle le Hezbollah et l'armée israélienne se retireraient du sud du Liban pour laisser l'armée libanaise s'y déployer.

Il inclut la mise en place d'un comité international pour surveiller son application, a ajouté Axios, précisant que les Etats-Unis auraient donné des assurances sur leur soutien à une action militaire israélienne en cas d'actes hostiles du Hezbollah.

Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a prévenu mardi que son pays agirait "avec force" en cas de violation d'un accord.

La médiation internationale a pris pour base la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU qui a mis fin à la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006, et stipule que seuls l'armée libanaise et les Casques bleus peuvent être déployés à la frontière sud du Liban.

M. Netanyahu va toutefois devoir convaincre ses alliés d'extrême-droite: lundi, son ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a estimé qu'un cessez-le-feu serait "une grosse erreur".

"Se venger des Libanais" 

Avant de donner son feu-vert, Israël a multiplié mardi ses bombardements aériens en plein centre de la capitale libanaise - où au moins dix personnes ont été tuées selon les autorités libanaises - et sa banlieue sud, bastion du Hezbollah, après des appels à évacuer.

Un député du Hezbollah, Amin Cherri, a accusé Israël de vouloir "se venger des Libanais" avant un cessez-le-feu.

L'armée israélienne a fait état dans l'après-midi de plus de 20 projectiles tirés du Liban contre Israël. Elle a aussi fait part de frappes dans le sud du Liban et d'une opération terrestre dans "la région du fleuve Litani", au nord duquel Israël dit vouloir repousser le Hezbollah.

La guerre a qui fait rage depuis octobre 2023 dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas s'est propagée au Liban après un an d'échanges de tirs de part et d'autre de la frontière israélo-libanaise.

Israël affirme vouloir neutraliser dans le sud du Liban le Hezbollah, qui a ouvert un front contre lui le 8 octobre 2023 en soutien à son allié du Hamas, pour permettre le retour de quelque 60.000 habitants du nord chassés par ses tirs.

Selon le ministère libanais de la Santé, près de 3.800 personnes ont été tuées au Liban depuis octobre 2023, la plupart depuis septembre dernier. Les hostilités ont déplacé quelque 900.000 personnes, selon l'ONU.

Côté israélien, 82 militaires et 47 civils ont été tués en 13 mois.

Avant l'annonce du cessez-le-feu, des habitants du nord d'Israël interrogés par l'AFP s'y affirmaient opposés: "à mon avis, ce serait une grave erreur tant que le Hezbollah n'aura pas été complètement éliminé", déclarait ainsi Maryam Younnes, une étudiante de 29 ans.

Mardi soir, des manifestants s'étaient rassemblés devant le ministère de la défense à Tel-Aviv pour protester contre un accord.

Selon le ministère de la Santé, près de 3.800 personnes ont été tuées au Liban depuis octobre 2023, la plupart depuis septembre dernier.

Côté israélien, 82 militaires et 47 civils ont été tués en 13 mois.

22 morts à Gaza 

L'armée israélienne poursuit ses frappes sur la bande de Gaza assiégée, où au moins 22 personnes ont été tuées mardi, selon la Défense civile, dont 11 dans une école abritant des déplacés dans le nord.

En ce début d'hiver, des milliers de déplacés tentent, avec des moyens dérisoires, de se protéger de la pluie et du froid.

L'hiver va être "horrible", a prévenu Louise Wateridge, une porte-parole de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), alors que les Gazaouis "n'ont pas les choses les plus basiques depuis 13 mois: ni nourriture, ni eau, ni abri".

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent lancée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.207 personnes côté israélien, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

L'offensive israélienne menée en représailles à Gaza a fait au moins 44.249 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.