Ces chrétiens arabes qui réfutent le discours de levée des sanctions US contre Damas

Le président syrien Bashar Assad (à droite) rencontre le nouveau patriarche melkite gréco-catholique Youssef Absi (à gauche) dans la capitale syrienne Damas (Photo, AFP/SANA).
Le président syrien Bashar Assad (à droite) rencontre le nouveau patriarche melkite gréco-catholique Youssef Absi (à gauche) dans la capitale syrienne Damas (Photo, AFP/SANA).
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Publié le Jeudi 18 février 2021

Ces chrétiens arabes qui réfutent le discours de levée des sanctions US contre Damas

  • Une lettre du 21 janvier affirmait que des «mesures coercitives unilatérales» imposées par les États-Unis avaient aggravé la situation des Syriens
  • Les détracteurs de la lettre disent que les Assad ont l’habitude d’utiliser les minorités comme moyen de peaufiner leur image à l’étranger

NEW YORK: Lorsque le moment est venu pour Bashar Jaafari, ancien représentant permanent de la Syrie à l’ONU, de quitter New York, une seule personne l’a vu à l’aéroport JFK: sa fidèle assistante de bureau.

Le symbolisme du moment a peut-être échappé à la dame pendant qu’elle saluait le diplomate qui disparaissait dans la foule des voyageurs: rien de plus que le départ solitaire de Jaafari ne pourrait incarner l’image du régime de Bashar Assad tel qu’il est isolé sur la scène mondiale aujourd’hui.

Jaafari est retourné à Damas où il reprendrait ses fonctions de vice-ministre des Affaires étrangères, de retour dans les bras d'un régime qui était son seul soutien au siège de l'ONU.

Pendant des années, Jaafari avait utilisé le temps qui lui était alloué au Conseil de sécurité afin de blâmer l'Occident pour la misère sous laquelle le peuple syrien vivait. Une fois, Il a même qualifié les nations occidentales de «voleurs sans frontières d’Ali Baba», uniquement pour piller les richesses de la Syrie, tant matérielles que culturelles.

Les membres du Conseil de sécurité de l’ONU semblent ne pas douter que seul le régime est à l’origine des atrocités infligées aux Syriens, et que seule la corruption du régime est en mesure d’expliquer la catastrophe économique de plus en plus grave (Photo, AFP).

Les insultes de Jaafari n’ont cependant rien fait pour modifier la position des États membres sur des faits désormais fermement établis et régulièrement soulignés par les rapports du secrétaire général sur la Syrie. Pendant chaque réunion du conseil, des représentants demandaient à Assad d’avouer clairement l’emploi des armes chimiques qu'il a utilisées contre son propre peuple à plusieurs reprises.

Les membres de l’ONU ont rejeté les plans d’Assad pour des «élections simulées». Et lorsque le régime, soutenu par la Russie, a organisé une conférence destinée à encourager les réfugiés syriens à retourner dans une Syrie «désormais sûre», les Américains l'ont qualifiée de «numéro de cirque».

Hormis la Russie, qui assure de manière fiable la défense du régime, les membres du Conseil de sécurité semblent ne pas douter que seul le régime est à l’origine des atrocités infligées aux Syriens et que seule la corruption du régime est en mesure d’expliquer la catastrophe économique qui ne cesse de s’aggraver.

Isolé et paralysé par les sanctions de la loi César sur la protection civile en Syrie, le régime a utilisé toutes les ruses possibles pour trouver un moyen de les contourner. La relève de la garde à Washington, associée à la nomination de hauts conseillers de la Maison Blanche désireux d’apaiser avec l'Iran, pourrait bien être la pause qu'Assad et le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah attendaient.

Isolé et paralysé par les sanctions de la loi César sur la protection civile en Syrie, le régime a utilisé toutes les ruses possibles pour trouver un moyen de les contourner (Photo, AFP).

«En tant que Syriens, nous avons peur de ces conseillers qui entretiennent de bonnes relations avec les Iraniens», a révélé Ayman Abdel Nour, un réformiste syrien. «Vont-ils nous vendre - comme ils l'ont fait sous le président Barack Obama - comme la cerise sur le gâteau avec un autre accord nucléaire? »

Une lettre largement médiatisée envoyée au président Joe Biden le 21 janvier par Michel Abs, secrétaire général du Conseil des églises du Moyen-Orient, et cosignée par le patriarche syriaque catholique Ignace Joseph III Younan, le patriarche melkite catholique Joseph Absi et le patriarche syriaque orthodoxe Ignatius Ephrem II, a fait valoir que «les mesures coercitives unilatérales imposées par les États-Unis aggravent de plus en plus la situation économique du peuple syrien».

Les signataires incluent également d'autres religieux en plus des fonctionnaires et des personnalités civiles ayant des liens étroits avec le régime d'Assad.

Comme peuvent l'attester les spécialistes de l'histoire moderne du Moyen-Orient, le régime d'Assad utilise depuis longtemps les minorités comme un moyen de redorer son image à l'étranger tout en dissimulant ses crimes secrets.

Lorsque Hafez Assad est arrivé au pouvoir en 1970, il s'est présenté dès le premier jour comme le «protecteur des minorités» et l'antidote à la montée du fondamentalisme islamique. Au nom de la lutte contre le radicalisme, le père Assad a exterminé des villes entières, a commis des massacres terribles et a renforcé son régime minoritaire alaouite avec une main de fer en s’imposant sur la nation en tant que chef absolu.

Une photo prise le 20 avril 2014 montre Assad visitant l'ancienne ville chrétienne de Maaloula que ses troupes avaient récemment reprise aux rebelles (Photo, AFP/SANA).

Son fils Bashar continue d'utiliser la minorité chrétienne dans ses diverses tentatives dans le but de contourner les sanctions, et comme une tentative désespérée de regagner une sorte de reconnaissance internationale.

Ainsi, il a envoyé quatre patriarches à Washington en 2013 pour rencontrer le président Barack Obama. Lorsque ce dernier les a regardés répéter les mêmes points de discussion à partir de petits papiers cachés dans leurs poches, il était furieux.

«Cette réunion était vraiment un désastre», se souvient Abdel Nour, qui a rencontré les quatre patriarches dans le hall de leur hôtel avant leur rencontre avec Obama.

«Il était très clair que les patriarches n’étaient que les messagers du service de renseignement du régime. Ainsi, lorsqu'ils sont revenus l'année suivante, Obama a refusé de les rencontrer ».

Un transfuge de l'armée syrienne utilisant le pseudonyme de César, tout en portant également une cagoule pour protéger son identité, témoigne de la guerre en Syrie lors d'une audition du comité sénatorial des relations étrangères au Capitole à Washington DC, le 11 mars 2020 (Photo, AFP).

Assad avait plus de tours dans son sac, pour ainsi dire, alors que l'étau des sanctions continuait de se resserrer. En 2017, après avoir déclaré la victoire à Alep, il a cherché le soutien public du Vatican.

Pour l'obtenir, il a fait au Saint-Siège deux offres que ce dernier ne pouvait pas refuser: La première était un permis pour construire une faculté de théologie romaine melkite ouverte aux séminaristes de tout le Moyen-Orient.

La seconde était une visite qu'il a personnellement rendue à un camp de jeunes catholiques syriaques. Tout sourire, il a posé pour les caméras qui le montraient en parfaite harmonie avec des jeunes chrétiens.

Quelques chiffres

* 128 000  Personnes auraient été assassinées dans les prisons syriennes par le régime d'Assad.

* 7,6 milliards de dollars  Ligne de crédit iranienne estimée au régime d'Assad depuis 2011.

* 70%  Baisse de des dépenses budgétaires par habitant de la Syrie depuis 2010.

* 902 millions de dollars  Déficit budgétaire prévu de la Syrie de pour 2021.

* 117 milliards de dollars  Coût estimé de la reconstruction de la Syrie

Le patriarche Younan, qui a été nommé par le Vatican, était très heureux. Lui et son homologue romain melkite ont envoyé des télégrammes au pape François faisant l’éloge de la générosité du président et l'implorant d'envoyer une délégation pour rencontrer Assad.

«Le pape ne pouvait pas dire non. Ce sont ses deux patriarches pour tout le Moyen-Orient, pas seulement pour la Syrie », a affirmé Abdel Nour. «Ils ont des circonscriptions au Liban, en Jordanie et en Palestine. Donc, il a envoyé cette délégation. Assad a utilisé la séance photo pour montrer au monde qu'il avait le soutien du Vatican».

Encore une fois, le Vatican s'est rapidement éloigné des «actions» d'Assad.

Ainsi, lorsque Abdel Nour, qui est également rédacteur en chef d’All4Syria, le principal média indépendant de Syrie, a entendu parler de la lettre du 21 janvier, il a été choqué.

Abdel Nour signale avoir pris le téléphone et appelé les signataires. Il a appris que certains avaient été contraints de signer; d'autres avaient demandé des modifications à la lettre avant d'accepter de signer, mais leurs noms ont quand même été ajoutés sans qu'aucune modification n'ait été apportée.

Des fidèles chrétiens orthodoxes syriens participent à un défilé marquant le dimanche des Rameaux à l'église Saint-Élie de Damas, la capitale syrienne, le 9 avril 2017 (Photo, AFP).

Un signataire était sur un lit d'hôpital quand Abdel Nour l'a appelé. Le patient n'avait même pas entendu parler de la lettre, a-t-il avoué.

Un examen des antécédents de l’un des signataires de la lettre, SOS Chrétiens d’Orient (SOS-CO), révèle que l’ONG française a consciemment transféré de l’argent et du matériel aux Forces de défense nationale (FDN) pro-régime.

Le rapport de novembre 2020 préparé par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (SOHR) basé au Royaume-Uni a également affirmé qu'il existe des liens étroits entre les fondateurs de SOS-CO et les leaders du FDN.

Le département du Trésor américain définit le NDF comme «une milice pro-Assad, affiliée à l'Iran». Il a sanctionné l'un de ses principaux leaders à la fin de l'année dernière pour son rôle présumé dans le massacre de plus de 70 civils.

Ce qui a le plus chagriné Abdel Nour, c'est le langage sophistiqué et efficace de la lettre. Elle a été rédigée par des dignitaires chrétiens très respectés qui ont fait qu’une seule et simple demande: que les sanctions soient levées.

Assad (Centre) marchant avec des religieux chrétiens et musulmans lors d'une conférence annuelle organisée par le ministère des Awqaf à Damas (Photo, AFP).

C'est le genre de lettre qui retient l'attention à Washington, D.C. «Ils y ont travaillé très dur. Ils ont commencé à écrire en décembre, deux mois avant que Biden ne prête serment », a expliqué Abdel Nour.

«Cette lettre a été soumise le 21 janvier, deuxième jour du mandat de Biden, dans l'espoir de profiter du nouvel moment. Elle donne l'impression que toutes les souffrances du peuple syrien sont dues aux sanctions de la loi César contre les personnalités du régime.

Il fallait faire quelque chose, a signalé Abdel Nour, président de l'association à but non lucratif Syrian Christians for Peace (Chrétiens syriens pour la paix). Le travail sur une nouvelle lettre a alors commencé. Une réponse a été rédigée et signée par d'éminentes personnalités chrétiennes et musulmanes de six pays arabes.

Les noms comprenaient des membres du Congrès arabe chrétien; le diplomate jordanien Marwan Muasher; et les anciens députés libanais Fares Souaid et Ahmed Fatfat; en plus des intellectuels et des politiciens irakiens et des recteurs d'université ainsi que des écrivains célèbres.

Les signataires ont écrit que lorsque on parle d’Assad, le monde a affaire à un leader qui a été convoqué par les tribunaux européens pour ses crimes de guerre et ses crimes contre l'humanité.

Ils ont fait valoir que les Syriens souffrent effectivement, mais pour des raisons qui n'ont rien à voir avec les sanctions: le régime a trouvé des moyens de voler l'aide humanitaire, de vendre les marchandises sur le marché et d'utiliser les bénéfices afin de financer ses opérations militaires contre les civils.

Des volontaires de la défense civile syrienne recherchent des victimes à la suite des frappes aériennes du gouvernement syrien sur l'enclave de Douma, tenue par les rebelles de la Ghouta orientale, à la périphérie de la capitale Damas, le 20 mars 2018 (Photo, AFP).

Ils ont demandé que l'aide soit fournie directement aux citoyens syriens pauvres vivant dans des camps de réfugiés sous la supervision d'organisations internationales.

La lettre a également insisté sur le fait de mettre un terme à toute augmentation des fournitures humanitaires, affirmant que ce n'est pas la quantité d'aide qui est le problème, mais la façon dont elle est distribuée. Au lieu de cela, il serait plus que suffisant pour les États-Unis de faire pression pour une mise en œuvre complète de la résolution 2254, qui appelait à un cessez-le-feu et à un règlement politique global, selon les signataires.

La lettre n'est apparemment pas passée inaperçue au département d'État. Anthony Blinken, qui au cours de son audience de confirmation de cinq heures au Sénat le mois dernier n'a pas mentionné une seule fois la Syrie. Blinken a appelé le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et a discuté de certaines recommandations de la lettre. Tous deux ont réaffirmé leur attachement au processus politique en vertu de la résolution 2254 du Conseil de sécurité et l'extension d'une autorisation transfrontalière afin de fournir de l'aide de manière à aider à soulager les souffrances du peuple syrien.

Le problème a de nouveau été soulevé lors d'un appel entre Blinken et son homologue turc. «Blinken a montré qu'il est un fonctionnaire qui a de la dignité», a commenté Abdel Nour.

Assad a rencontré le chef suprême iranien Ali Khamenei en 2019 lors de sa première visite en République islamique depuis le début du conflit syrien. Au cours de la réunion, Assad a exprimé sa gratitude envers l'Iran pour tout ce qu'il avait fait pour la Syrie pendant le conflit (Photo, AFP).

«Blinken a sans doute lu une lettre crédible d'un groupe de signataires réputés et il l'a adoptée comme sa politique».

Abdel Nour, dont le podcast Risala Ila Sourriyyin (Lettre aux Syriens) compte 1,5 million d'auditeurs hebdomadaires, a dévoilé que les États-Unis n'avaient toujours pas de stratégie pour faire face à la crise syrienne, bien que le département d'État envisage d’élaborer une. Il pense que cela ne sera pas séparé de la stratégie pour le Moyen-Orient, qui inclut l'Iran.

Dans une liste de recommandations qu'il a été invité à partager, Abdel Nour a exhorté l'équipe du Département d'État à tenir compte des leçons apprises par l'accord nucléaire de l'ère Obama de 2015: «L'accord n'a pas empêché le régime iranien de s'élargir et de prendre le contrôle des capitales arabes. Cela a mis les alliés américains (les pays du CCG) en danger constant. L'accord nucléaire ne doit pas être rétabli sans d'abord répondre aux préoccupations des Arabes qui vivent dans la région. Ensuite, il y a l’affaire des missiles balistiques iraniens qui, s'ils sont développés, atteindront certes les capitales européennes».

L’accord sur le nucléaire doit être révisé d’après Blinken. Mais dans un Conseil de sécurité qui a été paralysé pendant des années par les disputes américano-russes, un accord révisé est-il une option réaliste?

«Je pense que oui», a répondu Abdel Nour, «parce qu'au cours des deux dernières années, l'Iran a montré son visage hostile. Il a montré les dégâts qu'il peut infliger aux installations pétrolières saoudiennes utilisant le Yémen et l'Irak. Et c’est très dangereux. Ce que Téhéran a également fait contre l'ambassade américaine en Irak est inacceptable».

«Cela ne passera pas. Il y aura sûrement des représailles».

 

Avec les contributions d'Oubai Shahbandar à Washington, D.C.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


KSrelief poursuit son action humanitaire en Jordanie, en Afghanistan et au Liban

En Afghanistan, 200 kits d'abris et 200 tentes ont été distribués au profit de 1 200 personnes. (SPA)
En Afghanistan, 200 kits d'abris et 200 tentes ont été distribués au profit de 1 200 personnes. (SPA)
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  • KSrelief a fourni des services médicaux et distribué des produits de première nécessité à des personnes

RIYAD: Le Centre d'aide humanitaire et de secours du Roi Salmane (KSrelief) poursuit ses activités humanitaires en Jordanie, en Afghanistan et au Liban en fournissant des services médicaux et en distribuant des produits de première nécessité à des particuliers.

Au camp jordanien de Zaatri, l'agence d'aide saoudienne a fourni des services médicaux à 2 738 patients au cours de la deuxième semaine de novembre. Les médecins généralistes ont traité 657 patients, les internistes 125 patients souffrant de diabète, d'hypertension et d'asthme.

La clinique pédiatrique a examiné 270 enfants, tandis que le service des urgences a pris en charge 297 patients. Les dentistes, quant à eux, ont traité 183 patients

La clinique de gynécologie a pris en charge 182 femmes, tandis que la clinique des oto-rhino-laryngologistes a traité 57 patients pour des affections telles que la sinusite, la pharyngite, l'amygdalite et l'otite moyenne.

La clinique d'ophtalmologie a aidé 51 patients et leur a fourni des médicaments. La clinique de cardiologie a reçu 27 patients et la clinique de radiologie diagnostique a effectué des examens pour 25 patients.

Les autres services médicaux fournis comprenaient également des tests de laboratoire, des radiographies et des vaccinations.

En Afghanistan, 200 kits d'abris et 200 tentes ont été distribués à 1 200 personnes dans le cadre d'un projet destiné aux rapatriés du Pakistan vers l'Afghanistan et aux personnes touchées par les inondations.

Au Liban, KSrelief a distribué 530 coupons d'achat à des orphelins et à des personnes handicapées dans la région du Akkar, à Beyrouth, dans le centre et l'ouest de la Bekaa et à Aramoun.

Ces coupons permettent aux bénéficiaires d'acheter les vêtements d'hiver de leur choix dans des magasins agréés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Liban: multiples frappes au coeur de Beyrouth et dans sa banlieue

Une femme est escortée après avoir été secourue du site d'une frappe israélienne dans le quartier de Basta à Beyrouth, au milieu des hostilités en cours entre le Hezbollah et les forces israéliennes, le 23 novembre 2024. (Reuters)
Une femme est escortée après avoir été secourue du site d'une frappe israélienne dans le quartier de Basta à Beyrouth, au milieu des hostilités en cours entre le Hezbollah et les forces israéliennes, le 23 novembre 2024. (Reuters)
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  • De multiples frappes ont touché Beyrouth dans la nuit de vendredi à samedi, dont une série à l'aube a détruit complètement un immeuble résidentiel au cœur de la capitale libanaise
  • La frappe a endommagé plusieurs bâtiments à proximité et des ambulances ont afflué sur le site de l'immeuble ciblé

BEYROUTH: De multiples frappes ont touché Beyrouth dans la nuit de vendredi à samedi, dont une série à l'aube a détruit complètement un immeuble résidentiel au cœur de la capitale libanaise, selon un média d'Etat, alors que la guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah entre dans son troisième mois.

"La capitale Beyrouth s'est réveillée sur un massacre terrifiant, l'aviation israélienne ayant complètement détruit un immeuble résidentiel de huit étages à l'aide de cinq missiles, rue Maamoun, dans le quartier de Basta", a indiqué l'Agence nationale d'information Ani.

Les secouristes s'employaient à déblayer les décombres à l'aide de pelleuteuse, selon des images de l'AFPTV. Les secouristes cités par l'Ani ont fait état d'un "grand nombre de morts et de blessés", dans plus de précisions dans l'immédiat.

Des journalistes de l'AFP à travers Beyrouth et ses environs ont entendu au moins trois fortes explosions, suivies d'une odeur âcre, après une journée d'intenses bombardements dans la banlieue sud de Beyrouth, un bastion du Hezbollah pro-iranien, en guerre ouverte contre Israël.

La frappe a endommagé plusieurs bâtiments à proximité et des ambulances ont afflué sur le site de l'immeuble ciblé, qui s'est transformé en un tas de décombres, dans ce quartier populaire et densément peuplé de Basta, selon les images d'AFPTV.

Un immense cratère était visible sur des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, mais que l'AFP n'a pas pu vérifier.

Lors d'un discours mercredi, le chef du Hezbollah Naïm Qassem a prévenu que son mouvement viserait "le centre de Tel-Aviv", en riposte aux récentes frappes israéliennes sur Beyrouth.

Plus tôt dans la journée de vendredi, ainsi que dans la nuit de vendredi à samedi, l'Ani avait déjà fait état d'une série de frappes israéliennes contre la banlieue sud de la capitale.

Plusieurs bâtiments ont été visés, dont deux situés à la périphérie de la banlieue sud de Beyrouth, dans le secteur encore densément peuplé de Chiyah à Ghobeiry, qui abrite plusieurs centres commerciaux, là encore après des appels à évacuer.

Selon la même source, d'importants incendies se sont déclarés et des bâtiments se sont effondrés.

Dans le sud du Liban, où Israël, en guerre ouverte contre le Hezbollah libanais, mène depuis le 30 septembre des incursions terrestres, cinq secouristes affiliés au mouvement pro-iranien y ont été tués, selon le ministère libanais de la Santé.

Et dans l'est du Liban, où le Hezbollah est également présent, une frappe israélienne a tué le directeur de l'hôpital Dar al-Amal près de Baalbeck, et six membres du personnel soignant, dans sa résidence située à côté de l'établissement de santé, selon le ministère.

Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux mais non vérifiée par l'AFP montre des civils se précipitant vendredi vers la sortie d'un centre commercial huppé à Hazmieh, quartier jouxtant la banlieue sud, tandis qu'une alarme et des annonces retentissaient dans les haut-parleurs.

Ces frappes interviennent alors que l'OMS a déclaré vendredi que près de 230 agents de santé avaient été tués au Liban depuis le 7 octobre 2023, déplorant "un chiffre extrêmement inquiétant".

L'armée israélienne a déclaré avoir "effectué une série de frappes sur des centres de commandement terroristes du Hezbollah" dans la banlieue sud de Beyrouth.

Elle a ajouté avoir touché "des cibles terroristes du Hezbollah dans la région de Tyr" (sud), dont des "centres de commandement" et "des installations de stockage d'armes".

Pour la première fois vendredi, les troupes israéliennes sont entrées dans le village de Deir Mimas, à environ 2,5 kilomètres de la frontière.

La cadence des frappes israéliennes s'est accélérée après le départ de l'émissaire américain Amos Hochstein, qui était en visite à Beyrouth mardi et mercredi pour tenter de parvenir à un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah.

Après un an d'échange de tirs transfrontaliers, Israël est entré en guerre ouverte contre le Hezbollah le 23 septembre, en lançant une intense campagne de bombardements au Liban, où plus de 3.640 personnes ont été tuées, selon le ministère libanais de la Santé.

Les réactions internationales continuent par ailleurs de se multiplier après l'émission jeudi par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense, Yoav Gallant, accusés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre dans le conflit déclenché à Gaza par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).