Revolution An X: la lutte permanente des Égyptiennes pour leurs droits

Une femme égyptienne se tient derrière une affiche indiquant «Les filles égyptiennes sont une ligne rouge» sur la place Tahrir au Caire le 23 décembre 2011 alors que les gens se réunissaient pour un rassemblement de masse contre l'armée au pouvoir, ce qui a suscité l'indignation lorsque ses soldats ont été enregistrés en train de battre des femmes protestataires. (AFP).
Une femme égyptienne se tient derrière une affiche indiquant «Les filles égyptiennes sont une ligne rouge» sur la place Tahrir au Caire le 23 décembre 2011 alors que les gens se réunissaient pour un rassemblement de masse contre l'armée au pouvoir, ce qui a suscité l'indignation lorsque ses soldats ont été enregistrés en train de battre des femmes protestataires. (AFP).
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Publié le Mercredi 03 mars 2021

Revolution An X: la lutte permanente des Égyptiennes pour leurs droits

  • L’article  11 de la Constitution stipule que l'État s'engage à réaliser l'égalité entre les femmes et les hommes dans tous les «droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels»
  • Les lois sur le divorce en Égypte se sont beaucoup développées au cours des dernières décennies, mais la discrimination concernant la séparation des couples commence bien avant qu'une femme ne demande le divorce

LE CAIRE: Lorsque la jeune Huda al-Shaarawi, pionnière du féminisme égyptien qui s’est battue pour le droit à l'éducation et le droit de vote, demande à un adulte pourquoi tout le monde faisait plus attention à son frère qu'à elle, on lui a répondu: «Tu n'as pas encore compris? Tu es une fille et lui un garçon. Et tu n'es pas la seule fille, alors que lui est le seul garçon. Un jour, tout le soutien de la famille lui sera accordé, tandis que lorsque tu te marieras, tu quitteras la maison et tu honoreras le nom de ton mari. Ton frère récupérera le nom de son père et reprendra sa maison.»  

Plus d'un siècle plus tard, cette école de pensée n'a pas beaucoup changé: la vie des hommes a plus de sens que celle des femmes. Malgré une Constitution assurant une égalité absolue entre hommes et femmes, ces dernières connaissent des discriminations profondes par la société et les institutions.  

L’article 11 de la Constitution stipule que l'État s'engage à réaliser l'égalité femmes-hommes dans tous les «droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels». Elle accorde aux femmes le droit d'occuper des postes publics et des postes de direction de haut niveau au sein de l'État, et d'être nommées dans les institutions judiciaires sans discrimination, et s'engage à les protéger contre toutes formes de violence.  

Pourtant, les choses sont différentes dans la pratique, selon Yasmin Omar, avocate des droits de l’homme au prestigieux Tahrir Institute for Middle East Policy (Timep) basé à Washington: «Les questions du divorce, de l'héritage et la nomination de femmes au sein de l'appareil judiciaire contiennent un nombre important de discriminations à l'égard des femmes.» 

Le divorce 

Mais avant de parler d'inégalités face au divorce, il faut parler du mariage. Certes, les lois sur le divorce en Égypte se sont beaucoup développées au cours des dernières décennies, mais la discrimination concernant la séparation des couples commence bien avant qu'une femme ne demande le divorce. Elle commence avec le droit matrimonial. De nombreuses femmes en Égypte se marient sans leur consentement, parfois avant d'être adultes. «Même si les contrats de mariage égyptiens contiennent des droits à l'égalité d'accès au divorce, de nombreuses femmes ne sont pas informées de leur droit de négocier ces conditions», explique Yasmin Omar. L'autonomie et les choix des femmes continuent d'être limités si elles prennent la décision de mettre fin à leur mariage.  

«Lorsque les femmes choisissent de divorcer, des juges, des avocats des deux parties et des médiateurs participent au processus. Les procureurs sont souvent présents dans les affaires de divorce et exercent une influence considérable sur ces procédures et sur l'issue de l'affaire. Ces mêmes procureurs fourniront au juge un avis consultatif sur la question de savoir si le divorce devrait être accordé», poursuit l’avocate.  

Cependant, ce n'est pas la même chose pour les hommes. Il leur suffit de «répudier leur femme, en disant “tu es divorcée” trois fois, ce qui rend le divorce irrévocable». Si le mot «divorce» est prononcé moins de trois fois, il est révocable, ce qui signifie que le mari a le droit de renvoyer la divorcée dans son foyer pendant un délai de viduité de trois mois (délai entre la dissolution d'un premier mariage et la célébration d'un nouveau) contre sa volonté.  

Azza Soliman, avocate de renom et fondatrice du Centre d'assistance juridique pour les femmes (Cewla), ajoute: «Dans le droit égyptien, les affaires personnelles ne sont pas du tout les mêmes pour les hommes et les femmes, car nous lions généralement le droit des femmes aux droits des enfants. Les femmes sont également considérées comme déficientes sur les plans intellectuel et religieux. Aux yeux de la justice, les femmes ne sont ni assez conscientes ni assez adultes pour faire un choix. C'est le législateur qui prend la décision à notre place, souvent sous prétexte de nous protéger.»  

L’héritage   

En ce qui concerne l'héritage, la Constitution égyptienne protège encore une fois le droit des femmes dans le Code civil qui leur donne le droit à posséder, à hériter et à utiliser indépendamment des biens au même titre que les hommes, conformément à la charia islamique. Pourtant, beaucoup de femmes, en particulier dans les zones rurales, ne peuvent pas accéder aux droits prévus par la loi actuelle. «Ces pratiques discriminatoires conduisent les hommes et les familles à priver les femmes de leurs droits à l'héritage avec les encouragements unanimes des communautés, sans oublier la procédure judiciaire coûteuse qui prend des années à être jugée», analyse Yasmin Omar. 

Plusieurs justifications et pratiques culturellement acceptées se sont développées au fil du temps pour empêcher les femmes de jouir du droit à l'héritage, notamment le mariage mixte, l'enregistrement légal des terres possédées par les femmes au nom de parents masculins, ou même parfois, la justification du déni complet des droits des femmes. «Il en résulte que les femmes sont privées de leurs droits économiques, ce qui a un impact sur leur indépendance et sur la prise de décision au sein du ménage, les rendant par exemple vulnérables aux situations de violence au sein du foyer», conclut Yasmin Omar.  

Dix ans après la révolution, la lutte pour l'émancipation persiste 

Le  25  janvier  2011, des jeunes femmes et hommes de la classe moyenne ont défié l'État policier du président déchu, Hosni Moubarak. Ce dernier, resté un peu plus de vingt-neuf ans au pouvoir, ne pensait pas finir ainsi sa carrière politique. Mais les manifestants opprimés depuis des décennies ont affronté la violence étatique sous les caméras du monde entier, scandant des slogans, pour plus de liberté et d’égalité. Parmi eux, des femmes indignées, traitées comme des citoyennes de deuxième classe, et qui malgré une Constitution assurant une égalité absolue des sexes, vivent des discriminations profondes et des violences sexuelles.  

Pour Yasmin Omar, l’Egypte se trouve à une étape décisive en matière de droits des femmes. Cette évolution est directement liée au mouvement féministe qui en est son moteur.  «Récemment, les femmes se sont organisées avec succès pour attirer l'attention sur leurs luttes, ce qui a conduit le gouvernement à définir certaines stratégies nationales pour lutter contre les agressions sexuelles et à apporter des modifications juridiques pour criminaliser les mutilations génitales féminines», conclut-elle.  

L'émancipation des Égyptiennes n'est pas finie et Molk Said, fondatrice d’Eed Wahda, une ONG qui s’engage à aider toutes les survivantes d'abus sexuels, le résume avec éloquence: «Lorsque vous prononcez le mot “combat”, c'est comme si nous demandions quelque chose qui ne nous appartient pas. C'est notre droit fondamental de vivre dans un monde sans violence et c'est pourquoi il est important que nous récupérions ces droits et que nous ouvrions la voie à une société plus égalitaire et plus juste pour la prochaine génération de femmes.» 


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk