PARIS : La France a émis mardi le vœu d'un «sursaut diplomatique et politique» au Sahel pour consolider les résultats militaires de ces derniers mois, à quelques jours d'un sommet à N'Djamena consacré à la sécurité dans la région.
La France et ses partenaires du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso et Tchad) doivent se retrouver les 15 et 16 février, un an après le sommet de Pau (sud-ouest de la France), alors que la force antijihadiste Barkhane revendique des succès tactiques mais que les attaques se multiplient dans la région.
«Le sommet de Pau a été celui du sursaut militaire. Celui de N'Djamena sera celui du sursaut diplomatique, politique et du développement afin de consolider les résultats des dernier mois», a déclaré le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian devant le Sénat, lors d'un débat sur l'engagement français au Sahel.
Interrogé avec la ministre des Armées Florence Parly sur l'avenir de Barkhane (5 100 hommes), le chef de la diplomatie a souligné la nécessité de «renforcer la coordination entre les pays du G5 Sahel et les pays riverains du golfe de Guinée, afin d'enrayer l'extension de la menace terroriste vers leurs territoires».
Il a également suggéré une plus forte coopération avec l'Algérie et le Maroc et la prise en compte de la question libyenne.
Sur le plan politique, M. Le Drian a souligné l'attachement de la France à l'accord de paix au Mali de 2015. Le texte négocié à Alger a «permis le cadre politique dans lequel on peut avancer maintenant. Le problème, c'est que jamais il n'y a eu derrière de volonté politique de le faire aboutir», a regretté le ministre.
«Maintenant il faut passer aux actes», a-t-il martelé. «Cet accord est fondamental aussi car il trace une distinction politique claire entre groupes signataires et groupes terroristes», a-t-il ajouté. «Les premiers acceptent d'inscrire leur action dans le cadre de l'Etat malien, les seconds sont des terroristes dont l'objectif déclaré est de mettre à bas l'Etat malien. On ne négocie pas avec des terroristes, on les combat».
Intervenant à son tour, Mme Parly n'a donné aucune précision sur le possible redimensionnement de Barkhane évoqué récemment par le président Emmanuel Macron. Mais elle a exclu un désengagement brutal.
«A court terme, nous allons rester, ce qui n'exclut pas que les modalités de notre intervention évoluent», a-t-elle expliqué aux sénateurs. «Les résultats obtenus nous permettent d'accentuer la stratégie d'accompagnement des armées locales avec nos partenaires et nos alliés sur le terrain», a-t-elle ajouté.
«Notre enjeu est de réussir à transformer les gains et les victoires tactiques en progrès politiques, et sociaux en adaptant sans cesse notre engagement. Ce sera tout l'objet du sommet de N'Djamena», a-t-elle conclu.