Emmanuel Macron à Beyrouth : des promesses, des messages et un grand courant d’empathie avec le peuple libanais

Le président français Emmanuel Macron entouré par la foule dans le quartier sinistré de Gemmayzé, au lendemain de l'explosion du 4 août
Le président français Emmanuel Macron entouré par la foule dans le quartier sinistré de Gemmayzé, au lendemain de l'explosion du 4 août
Short Url
Publié le Samedi 08 août 2020

Emmanuel Macron à Beyrouth : des promesses, des messages et un grand courant d’empathie avec le peuple libanais

  • « Nous organiserons une conférence internationale de soutien et d’appui à Beyrouth et à la population libanaise, avec pour objectif de mobiliser les financements internationaux » a promis Macron
  • « L’ensemble de cette aide sera directement acheminée aux populations, aux organisations non gouvernementales, aux équipes sur le terrain qui en ont besoin sans aucun détournement possible » a-t-il précisé

 

BEYROUTH : Le président Français Emmanuel Macron a réussi son pari en mettant à exécution, dès son retour du Liban meurtri, sa promesse d’organiser une conférence internationale à haut niveau pour l’aide humanitaire au Liban ce dimanche. Le président américain Donald Trump contacté par Macron dès son retour du Liban y participera. Celle-ci se fera sous forme d’une visio-conférence avec les Nations Unies. Le président français avait dit, à Beyrouth : « nous organiserons une conférence internationale de soutien et d’appui à Beyrouth et à la population libanaise, avec pour objectif de mobiliser les financements internationaux des Européens, des Américains, de tous les pays de la région, pour fournir des médicaments, des soins ,la nourriture, le nécessaire pour les logements avec une gouvernance claire et transparente pour que l’ensemble de cette aide soit directement acheminée aux populations, aux organisations non gouvernementales, aux équipes sur le terrain qui en ont besoin sans aucun détournement possible. »

Fortement ému de ce qu’il a vu et entendu, entre destructions au port de Beyrouth et cris de douleur et de révolte des habitants du quartier dévasté de Gemmayzé contre un pouvoir honni, responsable de leurs malheurs, Macron s’est engagé à Beyrouth en affirmant : « Aujourd’hui, demain, nous serons là et la France ne lâchera jamais le Liban ; elle n’abandonnera jamais les Libanaises et les Libanais »

Le chef de l’État français est venu dire aux responsables politiques libanais avec franchise, sincérité, qu’il attend d’eux des réponses claires sur leur engagement, l’État de droit, la transparence, la liberté, la démocratie, les réformes indispensables sans lesquels « il n’y aura pas de chèque en blanc à des systèmes qui n’ont plus la confiance de leur peuple ».

Macron a entendu les Libanais hurler leur haine d’un pouvoir qu’il sait corrompu. Le président français a d’ailleurs dit à tous les chefs de partis et aux responsables politiques : « On sait tous qu’il y a de la corruption au Liban ; il faut maintenant tourner la page de cette corruption et regarder de l’avant. Aux chefs de partis réunis à la Résidence des Pins autour d’une table, un certain nombre d’entre eux ne se parlant pas, il a recommandé de ne pas attendre le règlement des crises régionales pour s’occuper des affaires internes du Liban, car ce serait attendre très longtemps, les crises extérieures et régionales n’ayant pas leur solution de sitôt, et entre temps le pays continuera à brûler, la population s’appauvrira de plus en plus alors que le système économique ne tient plus. Macron a donc dit à ces responsables de partis qu’il leur faut se mettre autour d’une table pour trouver des solutions aux problèmes internes du pays en dépit de leurs divisions. Macron a estimé que s’ils avaient besoin de constituer un gouvernement d’union nationale pour faire ce qui doit être fait comme réformes pour sauver le pays, « alors, pourquoi ne pas former un gouvernement d’union nationale ». C’est dans cet esprit qu’il leur a parlé du gouvernement d’union nationale et non d’une idée imposée par la France.

A la société civile qui lui faisait part de ses revendications pour des élections libres, l’abolition du confessionnalisme et du clientélisme, un gouvernement indépendant, un système de justice honnête et équitable, Macron a répondu avec franchise : « je suis d’accord avec vous, et il y a un paradoxe douloureux dans ce pays qui a tellement de culture, d’intelligence devant la situation dans laquelle il vit ; mais aujourd’hui il y a une population en colère parce qu’elle n’a pas d’électricité, qu’elle n’est pas protégée, et que le projet de la société civile bien qu’intelligent n’a pas actuellement les conditions politiques de son émergence pour le tenter. Car il y a, selon Macron, deux options pour le changement : soit à un moment le peuple se retourne et casse le système, soit une seconde option qui est d’essayer de faire évoluer le système et pouvoir créer les conditions d’une ouverture qui, à x mois ou x années, permette à cette émergence politique de changer le système.

Sur le Hezbollah et le moyen de sortir d’une soumission à des forces extérieures pour retrouver une vraie souveraineté libanaise qui passe par une armée libanaise souveraine, Macron a indiqué que cela fait partie d’un pacte entre les formations politiques, nouvelles et existantes, avec le peuple libanais. « Notre rôle, a-t-il dit, est d’essayer d’aider à cette émergence par l’exigence politique, par la franchise que j’ai eue avec eux. Ce n’est pas moi qui les ai mis depuis 15 ans au gouvernement, ou les ai fait rentrer au parlement. Il faut rendre le peuple plus fort avec tous ses instruments de souveraineté pour que toutes les sensibilités soient prises en compte sans que ce soit fait aux dépens des intérêts du peuple et de sa souveraineté. « Mais je n’ai pas la réponse » a-t-il conclu.

Macron reviendra au Liban le 1 er septembre pour célébrer le centenaire du grand Liban. Sa visite de soutien et solidarité au peuple libanais dans les rues détruites de Beyrouth laissera le souvenir d’un jeune président courageux, plein d’empathie et de compassion pour un Liban en souffrance. Sa visite rappelle celle de ses prédécesseurs, François Mitterrand au moment de l’attentat du Drakkar, puis Jacques Chirac au moment de l’assassinat du premier ministre Rafic Hariri. Elle renouvelle et souligne la fidélité et la constance de l’amitié française à ce Liban meurtri par la criminelle irresponsabilité et l’incompétence du pouvoir politique en place.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Short Url
  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Short Url
  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Short Url
  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.