BEYROUTH : Le président Français Emmanuel Macron a réussi son pari en mettant à exécution, dès son retour du Liban meurtri, sa promesse d’organiser une conférence internationale à haut niveau pour l’aide humanitaire au Liban ce dimanche. Le président américain Donald Trump contacté par Macron dès son retour du Liban y participera. Celle-ci se fera sous forme d’une visio-conférence avec les Nations Unies. Le président français avait dit, à Beyrouth : « nous organiserons une conférence internationale de soutien et d’appui à Beyrouth et à la population libanaise, avec pour objectif de mobiliser les financements internationaux des Européens, des Américains, de tous les pays de la région, pour fournir des médicaments, des soins ,la nourriture, le nécessaire pour les logements avec une gouvernance claire et transparente pour que l’ensemble de cette aide soit directement acheminée aux populations, aux organisations non gouvernementales, aux équipes sur le terrain qui en ont besoin sans aucun détournement possible. »
Fortement ému de ce qu’il a vu et entendu, entre destructions au port de Beyrouth et cris de douleur et de révolte des habitants du quartier dévasté de Gemmayzé contre un pouvoir honni, responsable de leurs malheurs, Macron s’est engagé à Beyrouth en affirmant : « Aujourd’hui, demain, nous serons là et la France ne lâchera jamais le Liban ; elle n’abandonnera jamais les Libanaises et les Libanais »
Le chef de l’État français est venu dire aux responsables politiques libanais avec franchise, sincérité, qu’il attend d’eux des réponses claires sur leur engagement, l’État de droit, la transparence, la liberté, la démocratie, les réformes indispensables sans lesquels « il n’y aura pas de chèque en blanc à des systèmes qui n’ont plus la confiance de leur peuple ».
Macron a entendu les Libanais hurler leur haine d’un pouvoir qu’il sait corrompu. Le président français a d’ailleurs dit à tous les chefs de partis et aux responsables politiques : « On sait tous qu’il y a de la corruption au Liban ; il faut maintenant tourner la page de cette corruption et regarder de l’avant. Aux chefs de partis réunis à la Résidence des Pins autour d’une table, un certain nombre d’entre eux ne se parlant pas, il a recommandé de ne pas attendre le règlement des crises régionales pour s’occuper des affaires internes du Liban, car ce serait attendre très longtemps, les crises extérieures et régionales n’ayant pas leur solution de sitôt, et entre temps le pays continuera à brûler, la population s’appauvrira de plus en plus alors que le système économique ne tient plus. Macron a donc dit à ces responsables de partis qu’il leur faut se mettre autour d’une table pour trouver des solutions aux problèmes internes du pays en dépit de leurs divisions. Macron a estimé que s’ils avaient besoin de constituer un gouvernement d’union nationale pour faire ce qui doit être fait comme réformes pour sauver le pays, « alors, pourquoi ne pas former un gouvernement d’union nationale ». C’est dans cet esprit qu’il leur a parlé du gouvernement d’union nationale et non d’une idée imposée par la France.
A la société civile qui lui faisait part de ses revendications pour des élections libres, l’abolition du confessionnalisme et du clientélisme, un gouvernement indépendant, un système de justice honnête et équitable, Macron a répondu avec franchise : « je suis d’accord avec vous, et il y a un paradoxe douloureux dans ce pays qui a tellement de culture, d’intelligence devant la situation dans laquelle il vit ; mais aujourd’hui il y a une population en colère parce qu’elle n’a pas d’électricité, qu’elle n’est pas protégée, et que le projet de la société civile bien qu’intelligent n’a pas actuellement les conditions politiques de son émergence pour le tenter. Car il y a, selon Macron, deux options pour le changement : soit à un moment le peuple se retourne et casse le système, soit une seconde option qui est d’essayer de faire évoluer le système et pouvoir créer les conditions d’une ouverture qui, à x mois ou x années, permette à cette émergence politique de changer le système.
Sur le Hezbollah et le moyen de sortir d’une soumission à des forces extérieures pour retrouver une vraie souveraineté libanaise qui passe par une armée libanaise souveraine, Macron a indiqué que cela fait partie d’un pacte entre les formations politiques, nouvelles et existantes, avec le peuple libanais. « Notre rôle, a-t-il dit, est d’essayer d’aider à cette émergence par l’exigence politique, par la franchise que j’ai eue avec eux. Ce n’est pas moi qui les ai mis depuis 15 ans au gouvernement, ou les ai fait rentrer au parlement. Il faut rendre le peuple plus fort avec tous ses instruments de souveraineté pour que toutes les sensibilités soient prises en compte sans que ce soit fait aux dépens des intérêts du peuple et de sa souveraineté. « Mais je n’ai pas la réponse » a-t-il conclu.
Macron reviendra au Liban le 1 er septembre pour célébrer le centenaire du grand Liban. Sa visite de soutien et solidarité au peuple libanais dans les rues détruites de Beyrouth laissera le souvenir d’un jeune président courageux, plein d’empathie et de compassion pour un Liban en souffrance. Sa visite rappelle celle de ses prédécesseurs, François Mitterrand au moment de l’attentat du Drakkar, puis Jacques Chirac au moment de l’assassinat du premier ministre Rafic Hariri. Elle renouvelle et souligne la fidélité et la constance de l’amitié française à ce Liban meurtri par la criminelle irresponsabilité et l’incompétence du pouvoir politique en place.