NEW YORK: Un appel a été lancé jeudi par Riyad Mansour, l’envoyé palestinien auprès de l’Organisation des Nations unies (ONU), pour que la communauté internationale renouvelle sa volonté de régler les problèmes auxquels les Palestiniens continuent d’être confrontés.
«Les outils pour parvenir à la paix dans le conflit entre les Palestiniens et les Israéliens – en l’occurrence les résolutions de l’ONU – établissent un cadre de référence pour une solution juste soutenue au niveau mondial, mais c’est la volonté qui fait défaut», explique-t-il.
«Nous insistons aujourd’hui sur la volonté de tirer les leçons des erreurs passées et de prévenir les échecs passés, la volonté de faire respecter la loi en toutes circonstances», poursuit-il.
Ses commentaires sont intervenus lors d’une réunion du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien (Ceirpp) des Nations unies, qui s’était réuni afin de définir son programme pour l’année à venir. Durant cette première réunion du Comité depuis le renouvellement de son mandat annuel par l’Assemblée générale des Nations unies, le programme a été adopté à l’unanimité.
En effet, le comité œuvre à sensibiliser le monde entier à la situation particulièrement difficile des Palestiniens et à mettre en lumière les défis quotidiens auxquels ils sont confrontés sous l’occupation. Dans cette perspective, il organise des conférences internationales, accueille des programmes de formation pour les Palestiniens au siège des Nations unies à New York, établit des liens avec les organisations de la société civile et, en novembre de chaque année, dirige la commémoration de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien.
C’est en 1975 que l’Assemblée générale des Nations unies a créé le Ceirpp et lui a confié la mission de proposer «un programme de mise en œuvre» qui permettrait au peuple palestinien d’exercer «ses droits inaliénables à l’autodétermination, à l’indépendance et à la souveraineté; et de récupérer les logements et les biens qu’il a dû abandonner».
Cette réunion était la 402e et, comme l’a précisé le représentant de la Guyane, «ceux qui ont fondé le Comité ne s’attendaient pas à ce que, une génération plus tard, aucune solution juste et durable pour la Palestine n’ait encore été trouvée».
Cette réunion s’est tenue peu de semaines après que le président palestinien Mahmoud Abbas a annoncé la tenue d’élections parlementaires et présidentielle en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem-Est, les premières depuis quinze ans.
Dans son discours d’ouverture, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a affirmé que ces élections allaient renouveler la légitimité des institutions palestiniennes.
«Les élections constituent un élément essentiel dans la construction d’un État palestinien démocratique reposant sur l’État de droit, avec les mêmes droits pour tous», a-t-il déclaré. «Le soutien que le Comité apportera à ces efforts sera déterminant».
La pandémie a entraîné de lourdes conséquences sur les Palestiniens, en particulier à Gaza soumise à un blocus depuis plus de dix ans.
António Guterres s’est joint au président du Comité, l’ambassadeur du Sénégal, Cheikh Niang, ainsi qu’aux vice-présidents, pour exhorter Israël à fournir aux Palestiniens les vaccins contre la Covid-19, y compris aux prisonniers et aux détenus, en conformité avec ses obligations internationales.
Les membres du Comité ont réitéré leur engagement en faveur d’une solution à deux États, sur la base des frontières d’avant 1967 et conformément au droit international et aux résolutions des Nations unies, qui ferait de Jérusalem la capitale des deux États, et où Israéliens et Palestiniens vivraient côte à côte, dans un climat de paix et de sécurité.
En outre, toutes les parties ont salué l’appel lancé récemment par M. Abbas en faveur d’une conférence internationale de paix, qui serait organisée sous l’égide des Nations unies et d’un Quartet élargi pour le Moyen-Orient réunissant des acteurs régionaux en plus des participants actuels (les Nations unies, l’Union européenne, les États-Unis et la Russie).
António Guterres a souligné l’importance du rôle que joue le Ceirpp dans la mobilisation de l’opinion internationale et le soutien aux efforts déployés pour relancer les pourparlers de paix entre les Palestiniens et les Israéliens. Il a également exhorté les deux parties en conflit à s’abstenir de tout acte unilatéral qui pourrait compromettre la reprise éventuelle des négociations.
«Est-il encore nécessaire de rappeler que les colonies israéliennes, établies dans les zones occupées, sont illégales au regard du droit international?», a interrogé M. Niang.
«La communauté internationale condamne l’annonce faite récemment par les autorités israéliennes selon laquelle ces dernières prévoient de construire 800 nouvelles habitations en Cisjordanie, qui viennent s’ajouter aux 12 000 unités annoncées en 2020, et de “légaliser”, avec effet rétroactif selon le droit israélien, deux autres colonies illégales», ajoute-t-il.
«Une nouvelle route a été inaugurée à Jérusalem qui sépare les Palestiniens et les colons juifs. Cette route a été appelée «Apartheid Road» («Route de l’apartheid») même par les médias et les groupes des droits de l’homme israéliens», note-t-il.
Selon M. Niang, de telles mesures de la part d’Israël, conjuguées à la situation «catastrophique» à Gaza, «sapent la confiance entre les deux parties».
«Seule une solution juste et durable au conflit nous permettrait de faire face aux enjeux qui se posent au-delà du Moyen-Orient: le terrorisme, la violence, la pauvreté et l’exclusion», conclut-il.
Par ailleurs, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) continue de se heurter à des difficultés financières sérieuses, après la décision de l’ancien président Donald Trump de supprimer le soutien financier que les États-Unis apportaient à l’agence.
Son successeur, Joe Biden, s’est engagé à rétablir cette aide. Le comité a toutefois appelé tous les États membres des Nations unies à assurer à l’agence des ressources suffisantes et durables pour «mobiliser la solidarité internationale en faveur du peuple palestinien». Une réunion avec le chef de l’UNRWA, Philippe Lazarini, est prévue dans le courant du mois pour aborder cette question.
«Nous apprécions profondément votre solidarité de principe et nous en avons plus que jamais besoin», a affirmé l’envoyé palestinien, Riyad Mansour, s’adressant aux membres du Comité.
«Alors que la communauté internationale est confrontée à la pandémie de Covid-19 et à toute une série d’autres crises, allant de la pauvreté et de la faim au changement climatique et aux conflits, ainsi qu’aux graves conséquences humanitaires, socio-économiques et sécuritaires, l’objectif de reconstruire le monde en mieux doit être global et inclusif. Nous appelons à ce que la Palestine ne soit pas exclue de ces objectifs louables.»
Selon M. Mansour, le Ceirpp incarne l’essence même du multilatéralisme et du respect du droit international, qui constituent à leur tour les clés de la résolution du conflit.
«Nous devons saluer la clairvoyance de ceux qui nous ont précédés et qui ont créé le Comité en 1975. Bien avant nous, ils ont tenté de trouver des moyens diplomatiques pacifiques dans un esprit de dialogue, de responsabilité collective et d’action, pour parvenir à une solution juste», ajoute-t-il.
«C’est ce même état d’esprit dont nous avons besoin aujourd’hui pour nous attaquer à tous les problèmes mondiaux urgents, sur la base de l’État de droit et de nos valeurs et objectifs communs.»
«Certains disent que les problèmes sont trop nombreux, les obstacles trop importants, et que ce n’est pas le moment de prendre de grandes initiatives pour la paix. De tels points de vue vont à l’encontre du mandat et de l’objectif de ce Comité ainsi que des missions et des principes des Nations unies».
«Pour ceux qui sont privés de leur liberté, de leurs droits et de leur dignité – éléments qui sont au cœur de l’existence et de la survie de l’homme –, rien n’est plus urgent. Comment pouvons-nous prétendre que ce n’est pas le moment de protéger les droits de l’homme, de mettre fin aux conflits et d’instaurer la paix»?
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com