PARIS : La Covid «donne du fil à retordre mais il y a des offres, à vous de jouer!»: à La Défense, des jeunes diplômés participent jeudi matin à un atelier d'aide à la recherche d'emploi de l'Apec, autant axé sur des astuces pratiques que destiné à «rebooster» leur moral en berne.
Assis autour d'une grande table en U et tous masqués, dix jeunes écoutent attentivement la formatrice de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec) devant un diaporama. «Une recherche d'emploi, c'est du travail, ça s'organise», prévient-elle d'emblée, avant de distribuer des post-its à chacun pour recenser les démarches engagées.
CV en ligne, jobdating, candidatures spontanées, «postuler à 9H00»..., elle s'enthousiasme devant chaque réponse: «Vous êtes au taquet, ça c'est bien!», c'est «top», «vous avez fait un beau parcours, à vous de jouer!». La jeune femme énergique, qui a une formation de psycho-sociologue, parle notamment réseau, salaires, «réalisations probantes» ou des «quatre axes» pour évaluer le projet des jeunes: bilan, projet, marché, action (BPMA).
Gilles Gateau, directeur général de l'Apec qui écoutait discrètement assis sur une chaise, intervient: «Parmi vous, je ne sais pas lequel ou laquelle est le 25 000ème jeune que nous accompagnons dans le cadre du programme ‘Objectif premier emploi’ depuis le mois de septembre. Bravo à vous !», lance-t-il, sous les applaudissements des jeunes.
Dans le cadre du plan gouvernemental «un jeune, une solution», l'Apec est ainsi à «mi-chemin» de la «très grosse ambition» qu'elle s'est fixée d'accompagner 50 000 jeunes d'ici à l'été, rappelle-t-il, soit «2,5 fois plus que ce qu'on fait habituellement».
Car «la période est vraiment particulièrement pénible et difficile» reconnaît le responsable. «Il y a quelques années, les entreprises couraient après les promotions de diplômés (...) cette situation là a complètement changé en quelques mois et il faut s'adapter».
En aparté, il souligne que l'atelier vise aussi à «remobiliser, à redonner confiance» à des jeunes qui sont «depuis des mois dans un grand isolement», et fait valoir que même si le nombre d'offres d'emploi qui les concernent a chuté de près de 30% en fin d'année, il reste des embauches. L'organisation n'a pas encore recensé la part des jeunes accompagnés ayant trouvé un emploi.
Comprendre «ce qui bloque»
Une étude de la Direction des statistiques (Dares) du ministère du Travail publiée jeudi montre que le nombre d'embauches de jeunes de moins de 26 ans en CDI et CDD de plus de trois mois a été en 2020 inférieur de 14,2% à celui enregistré en 2019. Pour inciter les entreprises à embaucher, le gouvernement a instauré cet été une aide de 4 000 euros à l'embauche d'un jeune avec un contrat d'au moins trois mois.
Autour de la table, les participants sont inquiets. Abdou Mbaye, 25 ans, qui a un master en ingénierie des systèmes complexes, cherche depuis septembre et espère que l'atelier va l'aider à comprendre «ce qui bloque». Mais, dit ce jeune sans revenus, aidé par sa famille, «il n'y a pas d'optimisme pour moi je pense, vu le nombre de refus et la situation actuelle».
Même pessimisme pour Manon Donadille, 24 ans, qui cherche dans l'édition. Elle se dit «un peu en stagnation» depuis plusieurs mois et a «du mal à trouver la motivation», tout en saluant un atelier «assez concret», alors qu'elle ne savait pas si cela allait «servir à quelque chose».
A l'issue de cette session de quatre heures, chacun d'entre eux sera rappelé par l'Apec, et les plus en difficulté bénéficieront d'un accompagnement personnalisé. Peu avant la fin de l'atelier, la formatrice, Nafissa Hadji, qui les a prévenus qu’il faut que le mental soit positif pour y arriver», les trouve «déjà reboostés».
«Ca nous sort de l'isolement», note Noua Amara, 28 ans, dotée d'un master II en protection sociale. Elle confirme se sentir plus confiante qu'à l'arrivée: «On a pas fait ces années de sacrifices, de stress, d'angoisse pour au final tout abandonner pour une crise sanitaire»...