LONDRES : Le Royaume-Uni et l'Union européenne poursuivront la semaine prochaine à Londres leurs discussions autour des tensions post-Brexit dans la province britannique d'Irlande du Nord, dont le Premier ministre britannique Boris Johnson tient l'UE pour responsable.
Lors de la session hebdomadaire des questions au Parlement, le chef du gouvernement conservateur a fustigé l'attitude de l'UE, qui, confrontée à des retards de livraisons de vaccins, a voulu introduire un mécanisme de contrôle des exportations qui devait initialement concerner l'Irlande du Nord, avant de faire machine arrière.
« Il est tout à regrettable que l'UE semble jeter des doutes sur l'accord du Vendredi saint, les principes du processus de paix, en semblant appeler à une frontière sur l'île d'Irlande », a déclaré Boris Johnson.
La pleine entrée en vigueur du Brexit au 1er janvier avait fait apparaître des contrôles douaniers pour les marchandises entre la Grande-Bretagne et la province britannique d'Irlande du Nord - dont certains ont été suspendus en début de semaine après des menaces visant les agents.
Ces nouvelles formalités, prévues dans le protocole nord-irlandais de l'accord de divorce négocié il y a plus d'un an entre Londres et Bruxelles, ont été dénoncées comme étant à l'origine de problèmes d'approvisionnement dans les supermarchés.
Elles avaient à l'origine été introduites pour éviter le retour d'une frontière physique entre la province britannique et la République d'Irlande, membre de l'UE, qui aurait risqué de mettre en péril le processus de paix qui a mis fin en 1998 à trois décennies sanglantes entre unionistes et républicains.
Les unionistes du DUP, attachés au maintien de l'Irlande du Nord sous la couronne britannique, ont dénoncé l'apparition d'une frontière en mer d'Irlande au sein même du Royaume-Uni.
« Protéger la paix »
Devant la montée des tensions entre l'UE et son ancien partenaire, le ministre britannique Michael Gove et le vice-président de la Commission européenne Maros Sefcovic se sont entretenus mercredi après-midi par téléphone.
Dans un communiqué conjoint, les deux hommes ont « réitéré leur engagement total envers l'accord du Vendredi saint »" de 1998 et du protocole post-Brexit sur l'Irlande du Nord, afin de « protéger les acquis de la paix et maintenir la stabilité ».
« Tous deux ont condamné sans réserve toute menace ou intimidation, affirmant que la sécurité et le bien-être de la population d'Irlande du Nord et de notre personnel resteraient toujours la priorité absolue », peut-on lire dans le communiqué.
À l'issu de cet appel d'une demi-heure, ils ont décidé de poursuivre « intensément » les discussions la semaine prochaine à Londres.
Afin que les échanges se poursuivent de manière fluide au sein du Royaume-Uni, le Premier ministre Boris Johnson s'était lui dit prêt, plus tôt dans la journée devant les députés, à recourir à une disposition du protocole qui permet à l'une des parties de s'affranchir des obligations en cas de graves difficultés « économiques, sociétales ou environnementales ».
« Nous ferons tout ce qui est nécessaire, que ce soit d'un point de vue législatif ou en effet en invoquant l'article 16 du protocole pour nous assurer qu'il n'y ait pas de barrière en mer d'Irlande »", a-t-il précisé.