LA MECQUE: Guidée par un profond sentiment d’appartenance, une «Berlinoise» saoudienne explore les racines de l’Arabie, photo après photo.
Pour les milliers d’étudiants saoudiens qui quittent provisoirement le Royaume afin de poursuivre leurs études supérieures ou encore pour travailler, la maison c’est là où vit la famille et où les souvenirs se créent – avec les images et les sons familiers et réconfortants de leur ville ou de leur région.
En effet, les liens se renforcent à mesure que l’on s’éloigne, et le mal du pays se fait parfois plus douloureux qu’on ne le souhaiterait.
C’est dans ces moments-là que Ghada al-Muhanna Abalkhail fait de son domaine d'expertise un outil pour faire face à la situation. Ainsi, elle offre aux Saoudiens du monde entier une vue d’ensemble du Royaume et permet aux étrangers de se familiariser avec les débuts modestes du pays.
Mme Abalkhail est à Berlin depuis trois ans où elle travaille comme chercheuse non résidente pour le Centre de recherche du Golfe. Tout comme des milliers de Saoudiens, elle a ressenti le mal du pays, les saveurs et les paysages de sa patrie lui manquaient.
«Partout à Berlin, j’essayais de trouver quelque chose qui ressemble à Riyad. La chaleur torride, les conversations, les rues qui grouillent de monde et, par-dessus tout, ma famille me manquaient», confie-t-elle à Arab News.
«Pour surmonter mon chagrin, je fouillais dans les archives à la recherche de tout ce qui avait trait à l’Arabie saoudite. Tous les jours, je passais des heures à lire tout ce qui me tombait sous la main. Cela me réconfortait et atténuait le sentiment de nostalgie», poursuit-elle.
Ainsi, Mme Abalkhail est tombée sur un trésor et elle a pu partager les informations qu’elle recueillait sur Twitter. Au fur et à mesure, bon nombre de personnes ont manifesté leur intérêt pour ses publications et des liens d’amitié se sont créés.
«De plus en plus de gens se sont mis à me suivre. J’ai reçu beaucoup de commentaires dans lesquels ils expliquaient que telle photo représentait un membre de leur famille ou que tel film retraçait l’histoire de leur région…»
«Je savais que leurs familles leur manquaient, et cela m’a énormément motivée. J’ai senti une sorte de responsabilité de rechercher la grande famille – ma famille arabe», explique-t-elle.
Animée et encouragée par le soutien des gens, Mme Abalkhail s’est donc mise à raconter l’histoire du Royaume et du Golfe aux Berlinois, photo après photo. Elle a constaté que l’histoire n’est pas tout à fait bien racontée et qu’il reste encore beaucoup de choses à transmettre.
Elle a commencé à structurer son récit pour fournir des informations à ceux qui en avaient besoin, et s’est efforcée de transmettre des histoires auxquelles les gens pouvaient s'identifier.
«La réaction a été plus que positive. Elle a été exceptionnelle. Je suis très reconnaissante aux followers d'avoir contribué, sans cesse, à améliorer le compte et son contenu, que ce soit en ajoutant des commentaires au billet original ou en corrigeant certaines erreurs relevées dans les archives», confie-t-elle.
«Avec le temps, et grâce aux interactions accrues des followers, j’ai réalisé à quel point les souvenirs sont essentiels. Tout le monde a recours aux archives: des scientifiques aux artistes, des journalistes aux cinéastes… Ils s’appuient tous sur les informations tirées des archives pour approfondir le produit sur lequel ils travaillent».
Mme Abalkhail nous explique que faire appel à l’art ancien du conte lui a permis de compiler de la documentation pour raconter l’histoire de l’Arabie, notamment par des photos qui illustrent, entre autres, la culture, le style de vie, la mode et les luttes qui ont fait du Royaume le pays qu’il est devenu.
«L'Arabie saoudite est le fruit de son passé. Les archives restent le seul moyen d’étudier l’histoire des civilisations et des nations, et de comprendre les peuples qui les composent», affirme-t-elle.
«Je rêve de voir un jour des archives nationales contenant tous les documents relatifs au Royaume, auxquelles chacun, citoyen, résident ou étranger, pourra accéder et en apprendre davantage sur la belle histoire et la culture de notre pays», poursuit Mme Abalkhail.
«Nous sommes redevables à nos ancêtres. Ils ont fait tant de sacrifices qui nous ont permis d'être là où nous sommes aujourd’hui.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.