PARIS: En Tunisie, la rue gronde encore. Des centaines de Tunisiens sont descendus samedi 30 janvier dans les rues de la capitale pour protester contre la répression policière et pour revendiquer la libération des manifestants arrêtés à la mi-janvier lors des heurts avec les forces de sécurité pendant des manifestations nocturnes. Des heurts qui se sont soldés par le décès d’un des manifestants et d’un blessé grave par des cartouches de gaz lacrymogène.
Dans le centre de Tunis, ils étaient nombreux à occuper la Place des droits de l’homme et l’avenue Habib-Bourguiba et à exprimer leur rejet du remaniement ministériel adopté par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), le 26 janvier dernier. Des manifestants ont tenté de rejoindre le ministère de l’Intérieur, mais en ont été empêchés par les forces de sécurité déployées dans cet axe important de la capitale tunisienne.
«Que le régime policier chute», «Liberté, liberté» et «Ni crainte, ni peur, le pouvoir appartient au peuple» sont les principaux slogans entendus dans les rues de Tunis ce week-end. Brandissant des pancartes «Police partout, justice nulle part», les manifestants ont aussi dénoncé la répression policière envers les jeunes et la corruption.
Résistance populaire face aux injustices
Sollicité par Arab News en français, Rachid Othmani, porte-parole du Parti patriotique démocratique socialiste (PPDS), nous explique: «Ce que vit actuellement le pays n’est que le résultat de la politique appliquée par nos gouvernants successifs, basée sur la famine et la pauvreté du peuple. Ce qui se passe actuellement n’est pas le fruit du hasard, c’est le résultat d’un cumul de problèmes liés à la politique de colonialisme. Ce que nous vivons aujourd’hui est juste un ras-le-bol, une réaction naturelle, une forme de résistance populaire face aux choix politiques qui ne servent que ceux qui volent les richesses d’un peuple.»
Interrogé sur la perte de confiance des jeunes dans la classe politique, le porte-parole du PPDS affirme que la jeunesse tunisienne n’a pas perdu totalement confiance. «Ils soutiennent les partis politiques d’opposition», estime-t-il. «De nombreux opposants issus des partis progressistes sont à la tête des mouvements populaires actuels. Le peuple a perdu confiance envers les politiques qui exercent le pouvoir, envers ceux qui ont la responsabilité du choix de la stratégie économique et sociale mise en œuvre, considérée comme antinationaliste, non démocratique, et non populaire.» Selon lui, «la rancœur du peuple est dirigée vers les dirigeants au pouvoir».
Sur la question de l’engagement du PPDS dans le contexte de crise politique et sociale que connaît le pays actuellement, son porte-parole explique à Arab News en français que le parti, qui prône la liberté et les valeurs démocratiques, soutient le mouvement populaire qui appelle à la libération des jeunes arrêtés lors des manifestations et considère que ces mouvements populaires sont «une protestation contre l’impérialisme, car ils représentent «une réponse à la politique de marginalisation, de la famine et de l’injustice».