Birmanie: Aung San Suu Kyi arrêtée, la communauté internationale condamne

Manifestations d'activistes birmans à Tokyo le 1er février 2021 en soutien à Aung San Suu Kyi. (AFP).
Manifestations d'activistes birmans à Tokyo le 1er février 2021 en soutien à Aung San Suu Kyi. (AFP).
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Publié le Lundi 01 février 2021

Birmanie: Aung San Suu Kyi arrêtée, la communauté internationale condamne

  • La chef de facto du gouvernement birman, Aung San Suu Kyi, a été « arrêtée » par l'armée, a indiqué lundi à l'AFP le porte-parole de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie
  • Ces arrestations interviennent alors que le Parlement issu des dernières législatives devait entamer sa première session dans quelques heures

RANGOUN : Un coup d'Etat a été perpétré lundi en Birmanie par l'armée qui a arrêté la cheffe de facto du gouvernement civil Aung San Suu Kyi, proclamé l'état d'urgence pour un an et placé ses généraux aux principaux postes.

Ce putsch, immédiatement condamné par plusieurs capitales étrangères, est nécessaire pour préserver la "stabilité" du pays, ont fait savoir les militaires qui ont promis dans un communiqué publié sur Facebook l'organisation de nouvelles élections "libres et équitables", une fois que l'état d'urgence d'un an sera levé.

Ils accusent la commission électorale de ne pas avoir remédié aux "énormes irrégularités" qui ont eu lieu, selon eux, lors des législatives de novembre, remportées massivement par la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d'Aung San Suu Kyi au pouvoir depuis les législatives de 2015.

La prix Nobel de la paix, âgée de 75 ans, a été arrêtée tôt dans la matinée ainsi que le président de la République, Win Myint et d'autres responsables du parti, selon  Myo Nyunt, porte-parole de la formation. Ils sont détenus à Naypyidaw, la capitale du pays, d'après lui.

Selon lui, d'autres responsables du parti ont également été arrêtés.

Sollicité, le porte-parole de l'armée n'était pas disponible dans l'immédiat. Les militaires dénoncent depuis plusieurs semaines des fraudes lors des législatives de novembre, remportées massivement par la LND.

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Les forces de police déployées dans les rues de Rangoun après la détention d'Aung San Suu Kyi et du président birman. (AFP).

Ces arrestations interviennent alors que le Parlement issu des dernières législatives devait entamer sa première session dans quelques heures.

Le coup d'Etat s'est fait sans effusion de sang, l'armée se contentant de bloquer les routes autour de la capitale avec des soldats en armes et des véhicules blindés, tandis que des hélicoptères la survolaient

 

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A Rangoun, les militaires se sont notamment emparés de l'hôtel de ville et ont fermé l'accès à l'aéroport international. Plusieurs camions ont traversé à grande vitesse les rues, des partisans de l'armée agitant à leur bord des drapeaux et chantant des hymnes nationalistes, selon des journalistes de l'AFP. 

Les télécommunications, portables et internet, restaient perturbées et les banques du pays ont été fermées jusqu'à nouvel ordre.

Sous prétexte de la pandémie de coronavirus, les élections « n'ont pas été libres, ni justes », avait assuré la semaine dernière lors d'une conférence de presse le porte-parole de l'armée, le major général Zaw Min Tun.

 

une relation compliquée

"La relation entre le gouvernement et les militaires était compliquée", souligne Hervé Lemahieu, spécialiste auprès de l'institut Lowy en Australie. "Ce régime hybride, pas tout à fait autocratique ni tout à fait démocratique, s’est effondré sous le poids de ses propres contradictions".

Les militaires affirment avoir recensé des millions de cas de fraude, dont des milliers d'électeurs centenaires ou mineurs.

Plus d'une dizaine d'ambassades, dont celle des États-Unis et la délégation de l'Union Européenne, avaient exhorté vendredi la Birmanie à « adhérer aux normes démocratiques », rejoignant l'ONU dans un chœur d'inquiétudes internationales sur un possible coup d'État.

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Il s'agissait des deuxièmes élections générales depuis 2011, année de la dissolution de la junte qui a régné pendant un demi-siècle sur le pays.

L'armée conserve toutefois un pouvoir très important, ayant la main sur trois ministères clés (l’Intérieur, la Défense et les Frontières).

 

Un prix Nobel de la paix très critiqué

Le parti d'Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix 1991, très critiquée à l'international pour sa gestion de la crise des musulmans rohingyas mais toujours adulée par une majorité de la population, a remporté une victoire écrasante en novembre.

Longtemps exilée en Angleterre, Aung San Suu Kyi, aujourd'hui âgée de 75 ans, est rentrée en Birmanie en 1988, devenant la figure de l'opposition face à la dictature militaire. Elle a passé 15 ans en résidence surveillée avant d'être libérée par l'armée en 2010.

Condamnations en cascade

Les condamnations de la communauté internationale n'ont pas tardées à pleuvoir. 

L'Union européenne a "fermement" condamné le coup d'Etat perpétré lundi par l'armée en Birmanie et a réclamé "la libération immédiate" des personnes détenues.

"Je condamne fermement le coup d'État en Birmanie et appelle les militaires à libérer tous ceux qui ont été illégalement détenus lors de raids à travers le pays. Le résultat des élections doit être respecté et le processus démocratique doit être rétabli", a écrit le président du Conseil européen, Charles Michel, sur Twitter.

"Le peuple du Myanmar veut la démocratie. L'UE est avec lui", a renchéri le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell sur le même réseau social.

 

Le Drian: "une remise en cause inacceptable du processus démocratique"

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a dénoncé "une remise en cause inacceptable du processus démocratique" en Birmanie après le coup d'Etat survenu lundi et exprimé son soutien au peuple birman "dans sa volonté de liberté".


Dans une déclaration écrite, il a appelé à la "libération immédiate et sans condition" de la cheffe de facto du gouvernement civil Aung San Suu Kyi ainsi que de tous les autres responsables politiques arrêtés.


"Cette arrestation, ainsi que le transfert des pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires à l’armée constituent une inacceptable remise en cause du processus démocratique engagé depuis une dizaine d'années", a souligné le chef de la diplomatie française.


"La France appelle au strict respect des résultats des élections du 8 novembre et se tient résolument aux côtés du peuple birman dans sa volonté de démocratie et de liberté exprimée dans les urnes", a-t-il poursuivi.


Auparavant, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal avait appelé à ce que "le résultat du vote des Birmans soit respecté".


"Il y a eu des élections au mois de novembre dernier, Mme Aung San Suu Kyi a été élue et dans ces conditions nous appelons à ce que le résultat des urnes, le résultat du vote des Birmans soit respecté", a indiqué M. Attal sur franceinfo.


Paris suit "heure par heure et de très près ce qui se passe", et "discute avec ses partenaires dans le cadre des instances internationales et notamment l'Organisation des Nations unies" de la situation, selon le porte-parole.


Il a précisé que la "préoccupation" est "forte" pour les Français présents en Birmanie et que "les services du ministère des Affaires étrangères sont mobilisés pour suivre et être en contact avec nos ressortissants sur place".

Londres a également "condamné le coup d'État en Birmanie et l'emprisonnement illégal de civils, dont Aung San Suu Kyi", a écrit le dirigeant britannique, Boris Johnson.

I condemn the coup and unlawful imprisonment of civilians, including Aung San Suu Kyi, in Myanmar. The vote of the people must be respected and civilian leaders released.

— Boris Johnson (@BorisJohnson) February 1, 2021

 

L'ambassadeur de Birmanie à Londres a été convoqué par les autorités britanniques.

Le ministère japonais des Affaires étrangères s’est également exprimé dans une déclaration en exhortant "l'armée nationale à rétablir rapidement le système politique démocratique" en Birmanie.

Plus nuancée, la Chine a appelé lundi les acteurs politiques en Birmanie à "régler leurs différends" dans un cadre légal et constitutionnel, après le coup d'Etat de la puissante armée birmane.

"La communauté internationale doit parler d'une seule voix pour exiger de l'armée birmane qu'elle rende immédiatement le pouvoir", a réagi le président Joe Biden, menaçant de réimposer des sanctions.

"Les Etats-Unis s'opposent à toute tentative de modification des résultats des récentes élections ou d'entrave à une transition démocratique en Birmanie et vont agir contre les responsables si ces mesures (les arrestations, ndlr) ne sont pas abandonnées", selon un communiqué de la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki. 

Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, appelle l'armée "à libérer tous les responsables du gouvernement ainsi que les dirigeants de la société civile et à respecter la volonté du peuple de Birmanie telle qu'exprimée lors des élections démocratiques du 8 novembre". 

"Nous espérons un règlement pacifique de la situation, en conformité avec la loi en vigueur, via la reprise d’un dialogue politique et le maintien du développement socio-économique durable du pays", a déclaré la  diplomatie russe, dans un communiqué, prenant également acte de l'intention des autorités militaires d'organiser des élections dans un an. 

Le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas "condamne fermement" le coup d'Etat et les arrestations, demandant "aux militaires de libérer immédiatement les membres du gouvernement et du Parlement arrêtés" et de reconnaître le résultat des élections. 

L'Italie "condamne fermement la vague d'arrestations" et demande "la libération immédiate" de tous les responsables arrêtés, selon le ministère des Affaires étrangères. "Nous sommes inquiets de cette interruption brutale du processus de transition démocratique" et l'issue des élections "doit être respectée". 

Le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez "condamne le coup d'Etat" et demande "la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées et le rétablissement du processus démocratique", ajoutant: "la Constitution et les résultats électoraux doivent être respectés". 

Le ministère des Affaires étrangères exprime "sa grande inquiétude" et demande "la libération immédiate d'Aung San Suu Kyi et des autres responsables politiques arrêtés, ainsi que le respect de la volonté démocratique du peuple". 

Le chef de la diplomatie tchèque Tomas Petricek tweete que son pays "condamne" le coup d'Etat, "soutient les dirigeants légitimes" birmans et "appelle à leur libération immédiate" en réclament "le respect des résultats des élections". 

Citant une situation "extrêmement inquiétante", le chef de la diplomatie finlandaise Pekka Haavisto déclare au journal Helsingin Sanomat qu'"il est clair que les problèmes du pays ne seront pas réglés par un coup d'Etat militaire" et réclame "la libération des responsables politiques arrêtés dans leurs bureaux". 

La ministre suédoise des Affaires étrangères Ann Linde "condamne" sur Twitter le coup d'Etat, appelle l'armée à "respecter l'Etat de droit" ainsi que le résultat des élections et réclame la libération "immédiatement et sans conditions" de tous les dirigeants civils arrêtés. 

Condemn the developments in Myanmar today. We call on the military in Myanmar to respect the rule of law, the election results and to resolve disputes through lawful mechanisms. All civilian leaders and others unlawfully detained must be released immediately and unconditionally.

— Ann Linde (@AnnLinde) February 1, 2021

Le ministre des Affaires étrangères Jeppe Kofod "condamne fermement" le coup d'Etat, demande "à toutes les parties de respecter les résultats des élections démocratiques" et réclame la libération de "tous les dirigeants civils et responsables gouvernementaux", ajoutant sur Twitter: "l'armée sous contrôle civil est un principe démocratique clef". 

I strongly condemn developments in #Myanmar

I urge all parties to respect result of democratic elections, exercise restraint & seek peaceful dialogue.

Civilian leaders, government officials must be released.

Military under civilian control is a key democratic principle#dkpol

— Jeppe Kofod (@JeppeKofod) February 1, 2021

"Nous condamnons les développements d'aujourd'hui en Birmanie", tweete la ministre norvégienne des Affaires étrangères, Ine Eriksen Søreide. "Nous demandons aux dirigeants militaires d'adhérer aux normes démocratiques et de respecter le résultat des élections. Les responsables politiques démocratiquement élus doivent être libérés". 

Le chef de la diplomatie suisse Ignazio Cassis, dont le pays avait aidé en juin à la signature d'un code de conduite par les partis birmans pour des élections pacifiques et une campagne équitable, se dit "gravement inquiet" et appelle "à une reprise immédiate du dialogue et la remise en liberté des personnes arrêtées".  

Le gouvernement turc, lui-même cible d'une tentative de putsch en 2016, "condamne fermement la prise de pouvoir par l'armée birmane" et souhaite "la libération immédiate des dirigeants élus, des responsables politiques et des civils arrêtés", selon le ministère des Affaires étrangères. Il espère que ce développement "ne va pas faire empirer la situation des Rohingyas musulmans vivant dans de dures conditions en Birmanie". 

Le Canada, par la voix de son chef de la diplomatie Marc Garneau, s'est dit "vivement préoccupé" par le coup d'Etat qu'il "condamne sans équivoque", et a appelé "l'armée (...) à libérer toutes les personnes détenues dans le cadre de cette opération et à mettre fin immédiatement à toutes les entraves au processus démocratique". 

"En tant que voisin immédiat et amical, nous aimerions voir la paix et la stabilité en Birmanie", assure le ministère des Affaires étrangères du Bangladesh, pays qui accueille des centaines de milliers de réfugiés rohingyas venus de Birmanie, "nous espérons que le processus démocratique et les dispositions constitutionnelles seront maintenus en Birmanie". 

"L'Etat de droit et le processus démocratique doivent être respectés", selon le ministère des Affaires étrangères qui fait part de sa "profonde inquiétude". 

Le ministère des Affaires étrangères demande la libération d'Aung San Suu Kyi et exhorte "l'armée nationale à rétablir rapidement le système politique démocratique". 

"Nous appelons l'armée à respecter l'État de droit, à résoudre les différends par des mécanismes légaux et à libérer immédiatement tous les dirigeants (politiques) issus de la société civile et les autres personnes détenues illégalement", déclare la ministre australienne des Affaires étrangères Marise Payne. 

Le ministère des Affaires étrangères exprime sa "sérieuse inquiétude", espérant que toutes les parties feront "preuve de retenue". 

Le comité Nobel norvégien s'est dit "scandalisé" par le coup d'Etat en Birmanie et par l'arrestation d'Aung San Suu Kyi, la lauréate du prix Nobel de la paix en 1991, et de plusieurs autres dirigeants, dont il a réclamé la "libération immédiate".

Une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur la Birmanie prévue de longue date pourrait être avancée en début de semaine en raison des derniers développements, a indiqué à l'AFP un diplomate sous couvert d'anonymat. 


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.