NEW YORK: Mardi dernier, lors du Conseil de sécurité des Nations unies, les États-Unis, sous la présidence de Joe Biden, se sont prononcés, à propos du conflit israélo-palestinien, en faveur d’une solution à deux États, qui permettrait à «Israël de vivre en paix et en sécurité aux côtés d’un État palestinien viable».
«Ce projet, qui pour l’heure fait l’objet de vives tensions, demeure la meilleure solution pour garantir l’avenir d’Israël en tant qu’État démocratique et juif, tout en faisant respecter les aspirations légitimes du peuple palestinien à disposer de son propre État et à vivre dans la dignité et la sécurité», affirme Richard Mills, l’ambassadeur par intérim des États-Unis auprès des Nations unies.
Afin de contribuer à promouvoir cette solution à deux États, Richard Mills a promis que le gouvernement Biden rétablirait «un engagement crédible de la part des États-Unis», auprès des Palestiniens comme des Israéliens.
«Le président Biden a clairement fait savoir qu’il entendait relancer les programmes d’aide américains soutenant le développement économique et humanitaire au profit du peuple palestinien et prendre les dispositions nécessaires pour relancer les relations diplomatiques qui avaient été gelées par la précédente administration américaine», déclare l’ambassadeur américain.
Cette déclaration a été faite dans le cadre d’une réunion du Conseil de sécurité au niveau ministériel afin de débattre du processus de paix au Moyen-Orient, pour l’instant au point mort. S’il est assez vraisemblable que Washington continuera de défendre Israël bec et ongles, Richard Mills indique que l’administration Biden «exhorterait le gouvernement israélien et l’autorité palestinienne à éviter des démarches unilatérales qui rendraient encore plus difficile la mise en place d’une solution à deux États comme l’annexion de territoires, la poursuite des activités de peuplement, les démolitions et l’incitation à la violence».
En outre, il espère que la récente normalisation des relations entre Israël et de nombreux États arabes, dont les Émirats arabes unis et Bahreïn, permettrait «d’œuvrer dans le sens du déverrouillage de nouvelles possibilités afin de faire avancer la solution à deux États». Et d’inciter de nombreux autres pays à prendre le même chemin.
Lors de son premier exposé devant le Conseil de sécurité, Tor Wennesland, le nouveau coordinateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, a salué comme «une étape cruciale vers l’unité» l’annonce faite au cours du mois de janvier par Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, d’organiser des élections parlementaires et présidentielles au mois de mai prochain.
M. Wennesland s’est félicité des modifications apportées à la législation électorale, et notamment de la mise en place de quotas supplémentaires pour la représentativité des femmes. Il a également appelé les autorités palestiniennes à «prendre des mesures supplémentaires en faveur de la participation des femmes à la politique, en tant qu’électrices et candidates, tout au long du processus électoral».
Le coordinateur spécial des Nations unies a souligné l’importance des prochains pourparlers, qui doivent se tenir au Caire, et dont on espère qu’ils régleront les problèmes liés au processus électoral. Il a en outre déclaré lors de cette réunion en visioconférence que «la tenue d’élections dans la Cisjordanie occupée, y inclus Jérusalem-Est et Gaza [donnerait] une nouvelle légitimité aux institutions nationales, en particulier un Parlement et un gouvernement légitimement élus en Palestine».
Il a exhorté la communauté internationale à ne pas laisser passer les incroyables opportunités fournies par les dernières évolutions de la situation régionale.
«J’espère que les espoirs soulevés par les accords récents entre Israël et les pays arabes permettront d’envisager l’établissement d’une situation plus paisible au Moyen-Orient. Cela suppose néanmoins que les dirigeants de tous bords s’engagent à nouveau concrètement à reprendre les négociations», confie-t-il.
Dans le même temps, remarque Tor Wennesland, le peuple palestinien continue de payer un lourd tribut à la pandémie de Covid-19, notamment à Gaza, où de nombreux habitants n’ont plus de sources de revenus.
Il a réaffirmé le soutien des agences de l’ONU destiné à garantir aux Palestiniens l’accès à la vaccination, tout en appelant Israël, qui a lancé une campagne de vaccination à grande échelle au profit de ses citoyens, à pourvoir aux besoins prioritaires des Palestiniens à ce sujet dans les territoires occupés. «Cela fait partie des obligations d’Israël au regard du droit international», rappelle-t-il.
M. Wennesland a également exhorté les autorités israéliennes à faire cesser toute activité de peuplement dans les territoires occupés, y compris à Jérusalem-Est. Il a appelé chacune des parties à mettre un terme aux actes de violence et à faire en sorte que chacun soit tenu responsable de ses actes.
«Je réaffirme que les forces de sécurité israéliennes doivent faire preuve de la plus grande retenue possible et ne faire usage d’armes létales que dans des circonstances strictement nécessaires et à la seule fin de protéger la vie», prévient-il.
«En outre, le lancement intempestif de fusées visant les centres urbains d’Israël constitue une violation du droit international et doit cesser sur-le-champ. Les attentats visant des populations civiles ne sauraient en aucun cas être justifiés.»
Il a également appelé Israël à suspendre les saisies et les destructions des habitats et des terres agricoles palestiniennes, «en conformité avec les obligations [d’Israël] au regard du droit international, et à permettre aux Palestiniens de la zone C et de Jérusalem-Est de développer leurs communautés».
Tor Wennesland a annoncé qu’il travaillerait de concert avec le Quatuor pour le Moyen-Orient – l’ONU, les États-Unis, l’Union européenne et la Russie – afin d’identifier les étapes concrètes qui permettraient au processus de paix de revenir sur «la piste de négociations significatives».
Il a également insisté sur l’inquiétude des Nations unies au sujet de la situation financière à laquelle se retrouve confronté l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient et s’est fait l’écho de la demande d’aide formulée par le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. «Cet office ne constitue pas seulement un filet de sauvetage pour des millions de réfugiés palestiniens. Il est également vital pour la stabilité régionale», déclare Tor Wennesland.
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a quant à lui appelé la nouvelle administration américaine à corriger les erreurs commises par la précédente. Il affirme qu’il existe une marge de manœuvre qui permettrait de mettre un terme à l’enlisement dangereux dans lequel se trouve le processus de paix mais, prévient-il, cette marge de manœuvre pourrait vite se réduire.
Dans la mesure où la détresse chronique du peuple palestinien est toujours préjudiciable à la dynamique du Moyen-Orient, il déclare qu’une résolution serait de nature à ouvrir la porte à une ère de prospérité et de sécurité durable pour toute la région.
Riyad al-Maliki, le chef de la diplomatie palestinienne, demande pour sa part la tenue d’une conférence internationale pour la paix qui pourrait représenter un jalon supplémentaire dans la résolution du conflit, dans la ligne de la conférence de Madrid il y a trente ans.
«La situation actuelle conduit à un seul État et à une occupation permanente», observe M. Al-Maliki au Conseil de sécurité.
«Nous ne demandons pas plus que ce qui est stipulé par la charte de l’ONU – et nous n’accepterons rien de moins. Nous ne pouvons accepter un avenir fait de murs, de sièges, d’humiliation et de souffrance», explique-t-il.