LONDRES: Le lieutenant général Aviv Kochavi, chef d'état-major des Forces de défense israéliennes (FDI) a signalé mardi que ce serait une erreur de la part des États-Unis de revenir à l'accord nucléaire iranien.
Il a ajouté qu'une action militaire «doit faire partie des options». La position de Kochavi contraste avec celle du nouveau président américain Joe Biden.
L'accord avec Téhéran, ou Plan d'action global conjoint (PAGC), a été signé en 2015 par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU : la Chine, la France, la Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis, en plus de l'Allemagne et l’UE.
Le président Donald Trump a retiré les États-Unis de l’entente en 2018 et a réimposé des sanctions à Téhéran, mais Biden s'est engagé à y revenir.
«Si l'accord nucléaire de 2015 s'était concrétisé, l'Iran aurait fini par obtenir une bombe», a confié Kochavi, ajoutant qu'un potentiel retour des États-Unis à l'accord serait une «erreur».
Le général s'est exprimé lors de la conférence annuelle de l'Institut d'études sur la sécurité nationale de l'Université de Tel Aviv, en présence d’un groupe de réflexion israélien de premier plan. Il a déclaré que l'accord permet au régime iranien d'enrichir de l'uranium à des niveaux suffisants à la fabrication d'une bombe nucléaire.
«Stratégiquement, ça conduirait probablement à la nucléarisation du Moyen-Orient», estime-t-il, «tout ce qui a trait à l'accord actuel est donc inadapté, et ne devrait en aucun cas être autorisé. L'Iran aujourd'hui n'est pas l'Iran de 2015. Aujourd'hui, l'Iran subit d'énormes pressions, surtout sur le plan économique… ces pressions doivent être maintenues dans leur intégralité, coûte que coûte».
Kochavi explique par ailleurs que l’activité sophistiquée des centrifugeuses de Téhéran et les progrès récents dans l’enrichissement de l’uranium pourraient signifier que le régime n’est «qu'à quelques semaines» de l’obtention d’une bombe nucléaire. Les mesures les plus strictes doivent être prises dans le but d’empêcher le régime iranien de développer des armes nucléaires, a-t-il ajouté.
«À la lumière de cette analyse fondamentale, j'ai demandé aux FDI d'élaborer des plans opérationnels, en plus des plans existants, et nous travaillons avec diligence afin de les développer au cours de l'année à venir», a précisé Kochavi. La décision d’activer les plans sera prise le cas échéant par les leaders politiques israéliens, mais ils «doivent être mis sur la table pour une discussion».
Le nouveau secrétaire d'État américain Antony Blinken, dont la nomination au poste a été confirmée mardi par le Sénat, a déclaré la semaine dernière qu'il est «extrêmement important» que Washington consulte Israël et les États du Golfe sur un éventuel retour au PAGC.
Blinken a déclaré à la commission des relations extérieures du Sénat que, «malgré ses limitations», l'accord nucléaire de 2015 a relativement bien réussi à empêcher l'Iran de produire les matériaux nécessaires à la création d’un arsenal nucléaire.
«La chronologie de Kochavi sur lequel l’Iran peut acquérir une arme nucléaire est pour le moins, douteuse», a déclaré Kyle Orton, un analyste géopolitique indépendant, à Arab News. Il ajoute que «sa déclaration sur les sanctions qui doivent être maintenues car l'Iran est sur le point de faire des concessions réelles est tout simplement fausse, puisque la théocratie iranienne a continué à fonctionner normalement malgré ces mesures».
«Malgré toutes les frappes israéliennes, l'Iran est solidement établi et ne peut plus être éliminé. Israël se rabat sur des cibles qu'il a déjà frappé trois, quatre et cinq fois».
Orton révèle toutefois que le message du chef des FDI «pourrait bien fonctionner politiquement aux États-Unis, et resserrer la vis de Biden au sujet du PAGC».
Orton a aussi ajouté que «si les États-Unis relancent les négociations avec Téhéran, elles ne commenceront probablement qu’après les présidentielles de juin en Iran».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com