BRUXELLES: L'UE continue de travailler sur les sanctions contre Ankara décidées en décembre 2020, mais constate la volonté d'apaisement affichée par les dirigeants turcs et veut « maintenir cet élan », a annoncé lundi le chef de la diplomatie européenne.
« Les travaux se poursuivent. Les listes ne sont pas encore prêtes. Les sanctions n'ont pas été mises sous le boisseau », a affirmé Josep Borrell à l'issue d'une réunion avec les ministres des Affaires étrangères de l'UE à Bruxelles.
Mais « les questions qui ont troublé les relations entre l'UE et la Turquie en 2020 ont aujourd'hui disparu », a-t-il soutenu. « Les entretiens entre la Grèce et la Turquie ont repris et nous avons l'espoir que ceux sur Chypre reprendront fin février », a-t-il précisé.
« Il faut maintenir cet élan pour parvenir à un accord », a-t-il expliqué.
« Nous n'avons pas décidé de sanctions contre la Turquie aujourd'hui car nous constatons qu'il y a des évolutions positives », a pour sa part déclaré le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas.
L'opportunité d'annoncer les sanctions demandées par les dirigeants européens lors d'un sommet en décembre 2020 a divisé les Etats membres lundi et une réunion spécialement consacrée au sujet a été organisée pour trouver un consensus sur la manière de communiquer, a-t-on appris de sources diplomatiques.
« Une liste est prête, mais il a été jugé plus opportun de ne pas faire d'annonce », a confié un diplomate sous couvert d'anonymat.
La Turquie et la Grèce ont repris contact lundi pour tenter de régler les contentieux les opposant, notamment sur la prospection gazière.
Signe toutefois de la méfiance qui règne entre les deux pays, Athènes a signé lundi un contrat pour l'achat de 18 avions de combat Rafale à la France, une décision prise en réaction à la multiplication des démonstrations de force turques en Méditerranée orientale.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan multiplie les gestes depuis la fin du mois de décembre et a dépêché son ministre des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu jeudi à Bruxelles pour des entretiens avec les dirigeants des institutions européennes.
Ces derniers ont salué la volonté d'apaisement affichée par le président turc, mais ont insisté sur l'attente de « gestes crédibles » et des « efforts durables ».
Ils ont rappelé à Mevlüt Cavusoglu la décision des dirigeants européens de sanctionner la poursuite des forages illégaux dans les eaux de Chypre et insisté sur leur décision de ne « pas passer l'éponge ».
« Aucun résultat ne pourra être atteint avec le langage des sanctions », a averti le ministre turc avant de quitter Bruxelles.