DUBAÏ: Bassem Youssef est en mission pour le peuple – et le sujet n’a rien d’une plaisanterie.
Le chirurgien égyptien devenu comédien – principalement connu dans la région pour son stand-up et son goût de la satire – est préoccupé par les graves problèmes de santé auxquels le Moyen-Orient est confronté.
«Les taux de maladies chroniques, telles que le diabète et les maladies cardiaques, explosent– les pourcentages n'étaient pas aussi élevés dans la région il y a trente ou quarante ans», explique-t-il à Arab News. «Je pense que nous devons faire quelque chose à ce sujet. Nous avons adopté le mode de vie alimentaire occidental, et nous souffrons donc maintenant des mêmes maladies. Nous devons prendre du recul et essayer de modifier notre approche de l’alimentation et notre mode de vie», ajoute-t-il.
Le dernier projet télévisé de Bassem Youssef fait partie de cette mission. Is'al Bassem – qui se traduit par «Demandez à Bassem» – est un nouveau programme hebdomadaire sur Asharq News qui se concentre sur «la remise en question des mythes alimentaires traditionnels» tout en présentant aux téléspectateurs «des médecins, des athlètes et des influenceurs dont la vie a changé grâce à une alimentation équilibrée.»
Bassem Youssef, âgé de 46 ans, suit lui-même un régime végétalien depuis plus de huit ans, et il veut montrer que la crise sanitaire actuelle au Moyen-Orient peut être inversée.
Il est cependant le premier à admettre que le changement ne se fera pas du jour au lendemain. Il cite les défis que représentent «les niveaux de vie élevés, plus d'argent, l'introduction de chaînes de restauration rapide internationales, et la consommation de viande qui est considérée comme un signe de “richesse”».
Il poursuit: «Je fais souvent cette blague: lorsque vous parlez aux gens de leur style de vie et de leur nourriture, ils vous attaquent davantage que lorsque vous parlez de politique ou de religion! Et je comprends cela, mais pourtant je ne critique pas ce qu’ils font! Je critique le marketing qui l’entoure, la science qui favorise un mode de vie malsain. C'est vraiment aux gens de choisir.»
Is’al Bassem n’est pas la première incursion de Bassem Youssef dans le domaine de la santé et du bien-être. Il a également lancé en 2019 Plant B, un portail média dédié, entre autres, à l'alimentation végétale.
«Il y a eu un impact très positif, et je le constate chaque jour. Des gens m'envoient des messages pour me dire à quel point cela a amélioré leur vie. C’est ce qui vous donne envie de continuer», raconte-il. «Je pense que cette initiative a touché la vie de nombreuses personnes, j'en suis donc très heureux et fier.»
Pas de regrets…
Alors, d'où vient cet amour pour les aliments à base de plantes? «Je me souviens encore du 15 septembre 2013, date à laquelle j'ai rencontré un de mes amis qui avait une sclérose en plaques [SEP]. Il m'a en quelque sorte converti.»
Sur le site Web de Plant B, Bassem Youssef explique que son ami a surmonté la SEP en modifiant son alimentation. Alors que lui-même a suivi l’exemple de son ami, immédiatement, Youssef déconseille cette approche, encourageant plutôt les gens à changer lentement et régulièrement.
«Mon conseil est de lire le site et de suivre mes conseils à petits pas. Essayez d’éliminer un groupe de nourriture à la fois. Commencez par les produits laitiers et si vous vous sentez mieux, éliminez un deuxième groupe. Je dis toujours que tout changement est bon.»
Au-delà de la télévision
La mission de Bassem Youssef ne se limite pas à ce qu’il présente sur le petit écran. Il souhaite faire quelque chose de plus grand qui pourrait potentiellement influencer et améliorer les politiques de santé publique.
«Je considère Is’al Bassem ainsi que Plant B comme un tremplin. Je veux étendre cela au-delà de la télévision et des médias», révèle-t-il. «Je souhaite avoir un impact réel sur la société, pouvoir un jour parler aux gouvernements et essayer de changer les politiques. Avoir une influence sur la façon dont les gens pensent leur mode de vie, sur les initiatives de soins de santé et sur les politiques de santé.»
«Je pense que nous pouvons le faire. Cela a déjà été fait aux États-Unis et je crois que nous avons encore plus de chances de le faire ici, dans le monde arabe.»
Cela marque-t-il la fin de sa carrière d’humoriste et une entrée définitive dans la nouvelle? Cela marque-t-il la fin de Bassem Youssef satiriste politique?
«Non, parce que je fais toujours de la satire politique, mais aux États-Unis», déclare-t-il. «Ma carrière a commencé en langue arabe, dans une émission intitulée «Al Bernameg», au Caire. Je vis désormais aux États-Unis, je fais toujours de la comédie orientée politiquement. Mais je la fais aujourd’hui en anglais. »
«Les gens vous jugent en fonction de leur perception, de ce que vous présentez, et de la pertinence – selon eux – de vos interventions... Mais je suis le produit de l'environnement dans lequel je vis. Je vis aux États-Unis en tant qu'immigrant, et c’est ce dont je parle. Alors j'espère que ça ne vieillit pas!»
Plant B et Is’al Bassem ne constituent pas une activité de remplacement... C’est un projet porté par la passion, que je mène en parallèle depuis des années», poursuit-il. «C'est un complément à ce que je fais.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com