PARIS : Le Haut-commissariat aux droit de l'Homme de l'ONU demande à la France de «prendre les mesures nécessaires» pour soigner une détenue Française en Syrie très gravement malade selon sa famille et ses avocats, dans une lettre obtenue mercredi par l'AFP.
Cette femme de 32 ans, prisonnière avec ses quatre enfants dans un camp kurde du nord-est syrien avec des dizaines d'autres Françaises arrêtées après la chute du groupe Etat islamique (EI), souffre d'un cancer du côlon, ont précisé à l'AFP sa mère, Pascale Descamps, et ses avocats.
Face à la dégradation de son état de santé, ces derniers ont saisi fin novembre dernier le comité contre la torture du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, basé à Genève, pour qu'il demande à Paris de la rapatrier en France avec ses enfants pour des raisons médicales.
Dans sa réponse datée du 14 décembre, dont l'AFP a obtenu une copie, le comité, s'il ne demande pas explicitement à la France de la rapatrier, requiert néanmoins, «au vu des informations disponibles» sur son état de santé, de «prendre les mesures consulaires nécessaires» pour «assurer (son) intégrité», y compris «l'accès aux soins médicaux» dont elle «a besoin».
«Les jours de ma fille sont comptés si on ne fait rien. Elle ne peut presque plus s'alimenter, maigrit et perd de plus en plus de sang de jour en jour», a expliqué mercredi à l'AFP Mme Descamps, qui appelle Emmanuel Macron à «ne pas la laisser mourir là-bas».
La tumeur au côlon de sa fille a été diagnostiquée en novembre dans un hôpital syrien. «Au vu des conditions sanitaires, elle a de grandes chances de ne pas survivre à une opération là-bas, il faut qu'elle se fasse opérer en France», souligne sa mère.
«Toutes les informations qui nous parviennent, y compris venant des autorités du camp, confirment qu'elle se trouve dans un état grave, épuisée par cette maladie mortelle», abonde une avocate de Mme Descamps, Marie Dosé, en soulignant qu'une autre Française du camp, «diabétique», est également «dans un état préoccupant».
Environ 80 femmes et près de 200 enfants français vivent dans les camps de tentes précaires du nord-est syrien. Leurs proches, relayés par des ONG et certaines instances internationales comme le Conseil de l'Europe, appellent la France à les rapatrier.
Paris, qui dit suivre une politique du «cas par cas» a jusqu’ici rapatrié par petits groupes 35 de ces enfants français - orphelins ou dont les mères ont accepté de se séparer - depuis mars 2019.