LYON: Le directeur de la publication de Mediapart Edwy Plenel, cité à comparaître mardi à Lyon pour diffamation par l'ancienne cheffe du parquet national financier (PNF) Eliane Houlette, a assuré que « tout » dans l'article incriminé était « vrai ».
En juin 2020, le site d'information avait publié un article révélant des écoutes téléphoniques qui mettaient en cause Houlette, alors visée par une enquête judiciaire pour « violation du secret de l'instruction et trafic d'influence ».
Ces écoutes, réalisées entre mai et juin 2019 dans une information judiciaire ouverte à Paris sur de possibles emplois fictifs à la mairie de Marseille, ont mis au jour qu'un avocat marseillais se vantait d'être « ami » avec la procureure anticorruption et d'avoir obtenu des informations sur les enquêtes en cours.
Houlette, désormais à la retraite et qui a bénéficié d'un classement sans suite en décembre, a poursuivi pour diffamation Mediapart devant le tribunal judiciaire de Lyon. L'ancienne magistrate n'était pas présente mardi à l'audience.
Son avocat, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi a réfuté « l'intérêt général » de cette publication, déplorant « un effet d'aubaine » pour Mediapart.
« Quand l'article sort, le parquet de Nanterre est déjà saisi donc ce n'est pas utile à la manifestation de la vérité », a-t-il ajouté.
Le cofondateur du journal en ligne Edwy Plenel a rappelé le contexte de la publication de l'article incriminé, quelques jours après les déclarations explosives de Houlette devant une commission d'enquête parlementaire laissant entendre qu'elle aurait subi des pressions de sa hiérarchie dans l'affaire Fillon - pressions écartées depuis par le Conseil supérieur de la magistrature.
« Quand cette polémique est publique, Mediapart estime qu'il faut éclairer l'opinion car derrière cette phrase, nous comprenons qu'il y a une autre affaire dont nous étions au courant, un conflit entre Houlettte et sa supérieure », à l'origine de la procédure ouverte contre elle, a déclaré à la barre le directeur de la publication.
L'avocat du site d'information Me Emmanuel Tordjman a voulu « plaider avec force dans ce dossier la vérité du fait diffamatoire ».
L'article s'appuie notamment sur « deux procès-verbaux » rapportant les écoutes la mettant en cause, a rappelé l'avocat. « Un, c'est vrai, deux c'est prudent », selon Me Tordjman, qui estime que la formulation de l'article ne comportait « aucune affirmation péremptoire ».
La décision a été mise en délibéré au 16 mars.